BEYROUTH: Le patriarche maronite, Bechara Boutros Rahi, a accusé les députés libanais de tenter de plonger le pays dans un «vide présidentiel».
En effet, le Parlement va tenir lundi sa quatrième session consacrée à l'élection d'un nouveau président, alors que le mandat du président Michel Aoun expire le 31 octobre.
Dans son homélie de dimanche dernier, le cardinal Rahi s'est adressé à la classe politique libanaise: «C'est là le summum de la corruption politique, qui est encore pire que la corruption financière.»
«Si l'on examine les agissements de certains députés au cours des dernières sessions parlementaires, on comprend immédiatement qu'il s'agit d'une pièce de théâtre», a-t-il affirmé. «Les députés ne cherchent pas à élire un président que le peuple libanais accepterait et qui agirait comme un véritable homme d'État, mais un politicien qui se soucie de ses propres intérêts au détriment du bien public.»
«Existe-t-il une trahison envers la patrie plus grave que de perturber l'élection d'un nouveau président? Y a-t-il un meilleur moyen de diviser davantage le pays que de le conduire dans un vide présidentiel?»
«Est-ce là la réponse que vous apportez à la déclaration émise par le Groupe international de soutien au Liban, dans laquelle il appelle à l'élection d'un président dans les délais constitutionnels – un président qui, face aux circonstances que traverse le pays, assumerait ses responsabilités au niveau national et international?»
Au Liban, en effet, la crise économique a détérioré les infrastructures et a provoqué des crises sociales et sanitaires.
Une épidémie de choléra, qui s’est déclarée dans le nord et dans le sud de la vallée de la Bekaa, constitue le dernier défi en date. En effet, les usines de raffinage d'eau sont hors service en raison de la défaillance du réseau électrique public qui perdure depuis plus de deux jours. La panne de courant perturbe en outre les services de l'aéroport et du port de Beyrouth.
Le ministre par intérim des Travaux publics, Ali Hamié, a déclaré que l'aéroport fonctionne désormais à l'aide de trois générateurs privés.
«Le carburant nécessaire à l'alimentation des générateurs représente un coût très élevé et il est impossible de garantir que l'aéroport pourra continuer à fonctionner de cette manière», prévient-il.
«Nous allons discuter de cette affaire avec le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, ainsi qu'avec le ministre par intérim de l'Énergie, Walid Fayyad, dans le but de trouver une solution.»
En effet, c'est la compagnie aérienne Middle East Airlines qui approvisionne l'aéroport en diesel pour alimenter les générateurs. Le transporteur s'est toutefois déclaré incapable de poursuivre indéfiniment cette aide en raison des coûts élevés que cela implique.
Par ailleurs, le médiateur américain Amos Hochstein est attendu à Beyrouth cette semaine. Il devrait remettre le texte de l'accord officiel conclu sous l'égide des États-Unis en vue de démarquer les frontières maritimes entre le Liban et Israël.
La plus haute cour d'Israël a rejeté dimanche dernier l'ensemble des pétitions qui contestent l'accord. Le cabinet israélien pourra donc l'approuver dans le courant de la semaine.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré que, grâce à la décision de la Cour, «nous pourrons aller de l'avant dans les prochains jours avec cet accord si important pour délimiter la frontière maritime avec le Liban».
Le commandant en chef de la Force intérimaire des nations unies au Liban se prépare à accueillir la cérémonie de signature; M. Aoun devrait nommer mardi le fonctionnaire qui représentera le Liban lors de cet événement.
Le Liban et Israël devraient adresser aux Nations unies deux lettres distinctes au sujet des termes de cet accord. Cette mesure est destinée à éviter toute violation de l'accord et à déterminer les coordonnées des frontières maritimes.
Par ailleurs, une délégation chypriote se rend au Liban ce jour pour examiner la question de la démarcation des frontières entre les deux pays.
Elle devrait rencontrer Elias Bou Saab, vice-président du Parlement, Abdallah Bou Habib, ministre par intérim des Affaires étrangères, ainsi que le ministre intérim de l'Énergie, Walid Fayyad.
Le ministère libanais des Affaires étrangères avait reçu au préalable une lettre qui émanait du gouvernement chypriote. Ce dernier souhaitait engager un dialogue pour «rectifier les points de démarcation et les coordonnées des frontières maritimes entre le Liban et Chypre à la lumière de l'accord de démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël avant de les approuver auprès des Nations unies».
Le Liban a entrepris la démarcation de ses frontières avec Chypre par le biais de négociations menées entre 2007 et 2009. Chypre a toutefois violé l'accord avec le pays du Cèdre en 2011 et a démarqué ses frontières avec Israël.
En vertu de l'accord entre le Liban et Chypre, cette dernière ne pouvait achever la démarcation de ses frontières avec Israël sans avoir conclu un arrangement avec le Liban.
Dans ce contexte, le président Aoun a chargé M. Bou Saab de se rendre à Damas à la tête d'une délégation pour discuter de la démarcation de la frontière maritime avec la Syrie. La délégation sera composée du ministre des Affaires étrangères, M. Bou Habib, de M. Hamié et du directeur de la sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.
Selon certaines informations, le président libanais aurait contacté ces jours derniers son homologue syrien, Bachar al-Assad, pour discuter de la démarcation des frontières.
Les deux hommes sont convenus de designer des délégations officielles qui se réuniront à Beyrouth et à Damas, dans la mesure où les sujets de litige requièrent un débat direct, technique et juridique, sans l'intervention d'un médiateur.
On ignore à ce jour si la délégation libanaise abordera la question des fermes de Chebaa revendiquées par le Liban. Les Nations unies affirment cependant que ces dernières appartiennent à la Syrie.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com