ROME: "Une paix est possible" en Ukraine quand les Ukrainiens "le décideront", a déclaré dimanche Emmanuel Macron à l'ouverture d'un sommet pour la paix à Rome.
"A un moment, en fonction de l'évolution des choses et quand le peuple ukrainien et ses dirigeants l'auront décidé, dans les termes qu'ils auront décidé, la paix se bâtira avec l'autre, qui est l'ennemi d'aujourd'hui, autour d'une table", a estimé le président français lors d'un discours à l'ouverture de ce sommet organisé par la communauté catholique italienne Sant'Egidio.
"Une paix est possible, celle là seule qu'ils (les Ukrainiens) décideront quand ils le décideront", a-t-il insisté.
Tout en soutenant diplomatiquement et militairement l'Ukraine, le chef de l'Etat français assume depuis le début du conflit ukrainien en février de continuer à parler à son homologue russe Vladimir Poutine, à la différence d'autres dirigeants occidentaux et notamment du président américain Joe Biden.
Il a encore plaidé, vendredi à Bruxelles, pour que Kiev et Moscou reviennent "autour de la table" lorsque ce sera "acceptable" pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky -- mais aussi "le plus tôt possible".
Cette position a parfois été critiquée et Emmanuel Macron a profité de son discours de dimanche pour la justifier devant des centaines de responsables politiques et religieux du monde entier réunis pour ce forum de trois jours.
"Parler de paix et appeler à la paix aujourd'hui peut avoir quelque chose d'insupportable pour celles et ceux qui se battent pour leur liberté, et (leur) donner le sentiment d'être en quelque sorte trahis", a reconnu le président français.
Mais il a martelé qu'il fallait avoir le "courage" de "vouloir la paix", même si "imaginer la paix en temps de guerre" est "le plus grand des impensables".
Il a néanmoins estimé que la paix ne devait pas être "capturée par le pouvoir russe", ni "la consécration de la loi du plus fort", "ni le cessez-le-feu, ce qui viendrait consacrer un état de fait".
Dans un plaidoyer pour "l'universalisme", Emmanuel Macron, qui s'est présenté comme "le président d'une République laïque qui a une histoire parfois complexe avec les religions", a demandé à ces dernières de "résister".
"Ce devoir de résistance des religions", "c'est celui qui consiste à défendre la dignité de chacun", "à ne jamais céder en quelque sorte à la pulsion de pureté que d'aucuns voudraient convoquer", a-t-il affirmé.
Et cela vaut à ses yeux en cas de conflit militaire, mais aussi face au "retour de la violence", "des colères" et "des grandes peurs" qui agite les sociétés occidentales, avec "une forme de relativisme qui se généralise".
Le chef de l'Etat français est arrivé dimanche après-midi à Rome, où il sera reçu lundi matin par le pape François pour une audience privée au Vatican, la troisième entre les deux hommes depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
L'Elysée n'a pas confirmé à ce stade une éventuelle rencontre avec la nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni, sans toutefois l'exclure.