L’Autorité palestinienne préoccupée par la contrebande d’armes en Cisjordanie

Des Palestiniens se bouchent les oreilles alors qu’un homme masqué tire à la volée lors des funérailles de Dalia Ahmed Souleiman Samoudi, tuée par des tirs israéliens, dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 7 août 2020. (AFP)
Des Palestiniens se bouchent les oreilles alors qu’un homme masqué tire à la volée lors des funérailles de Dalia Ahmed Souleiman Samoudi, tuée par des tirs israéliens, dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 7 août 2020. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 21 octobre 2022

L’Autorité palestinienne préoccupée par la contrebande d’armes en Cisjordanie

  • Ce sont visiblement les trafiquants d’armes israéliens qui contribuent à cette menace et la situation s’apparente à un nouveau défi pour l’Autorité palestinienne
  • La police israélienne, quant à elle, a démantelé un réseau en Cisjordanie et dans les quartiers palestiniens situés à l’intérieur d’Israël

HÉBRON: L’Autorité palestinienne est de plus en plus préoccupée par la prolifération d’armes de contrebande en Cisjordanie. Elles sont apparemment utilisées pour alimenter des conflits entre des familles et divers groupements.

Ce sont visiblement les trafiquants d’armes israéliens qui contribuent à cette menace et la situation s’apparente à un nouveau défi pour l’Autorité palestinienne, déjà confrontée à une lourde crise financière.

On craint que certains groupes palestiniens n’utilisent ces armes pour déstabiliser le pouvoir et tenter de contrôler la Cisjordanie.

Le porte-parole de la police palestinienne, le colonel Louay Erzeigat, a déclaré dans un communiqué de presse que les forces de sécurité saisissaient entre six cents et mille armes par an en Cisjordanie.

Pas un jour ne passe sans que des armes soient utilisées dans diverses villes palestiniennes de Cisjordanie, que ce soit à l’occasion de conflits entre différents groupes, de raids israéliens ou encore à des postes de contrôle militaires.

On aperçoit de plus en plus fréquemment des individus armés lors des funérailles de Palestiniens tués par les forces israéliennes, qui sont devenues presque quotidiennes depuis le début de cette année, en particulier dans le nord de la Cisjordanie.

Bien qu’Israël, lors de ses incursions quotidiennes dans les zones palestiniennes, ait confisqué des armes, cela n’a pas suffi à en endiguer le flux.

Les Palestiniens ont accusé plus d’une fois les trafiquants d’armes israéliens d’alimenter les conflits entre familles dans des régions comme Hébron, au sud de la Cisjordanie.

Le site Internet israélien Walla indique dans un rapport que les responsables de la sécurité savent qu’il y a des dizaines de milliers d’armes en Israël qui ont été stockées au fil des années pour être utilisées à diverses fins.

Selon le rapport, il y a également eu une augmentation de la contrebande d’armes vers Israël en provenance du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de l’Égypte, avec des prix qui montent en flèche.

Par exemple, les pistolets Glock de quatrième et cinquième génération sont les plus avancés du marché et ils coûtent environ 2 000 dollars (1 dollar = 1,03 euro); mais, en Israël, ils sont vendus à 15 000 dollars.

Un fusil M16 coûte généralement plusieurs milliers de dollars, mais, sur le marché israélien, il peut valoir jusqu’à 35 000 dollars. Un fusil Kalachnikov peut être vendu jusqu’à 20 000 dollars.

Presque tous les mois, Israël déjoue une tentative de contrebande de pièces d’armes de poing et de fusils de la Jordanie vers la Cisjordanie.

Ismat Mansour, rédacteur spécialisé dans les affaires israéliennes, affirme que les armes de contrebande reviennent principalement aux familles – elles sont alors utilisées dans le cadre de conflits internes –, mais aussi à des milices armées de certaines sections du mouvement Fatah qui attendent le moment où le président palestinien, Mahmoud Abbas, démissionnera enfin.

«Ces armes sont, pour la plupart, légères, et les Palestiniens ne les utilisent pas dans leurs attaques contre les Israéliens, puisqu’ils recourent aux armes fabriquées localement comme les fusils Carlo et M16 qui viennent d’Israël, par l’intermédiaire de trafiquants d’armes.»

Depuis le début de l’année, l'armée israélienne a confisqué plus de trois cents armes lors d’opérations qu’elle a menées à la frontière avec la Jordanie.

L’armée affirme avoir déjoué dix-neuf opérations de contrebande depuis le début de l’année, contre vingt et une au cours des deux dernières années.

Au début du mois d’octobre, elle annonce avoir saisi soixante pistolets et un fusil M16 près de la ville de Zubeidat, à la frontière palestino-jordanienne.

Dans un communiqué, l’armée déclare qu’elle a arrêté deux Palestiniens près de la ville dans le cadre de la plus grande opération menée pour lutter contre la contrebande depuis cinq ans.

En septembre, elle a procédé à l’arrestation de quatre Palestiniens soupçonnés de trafiquer des armes de la Jordanie vers la Cisjordanie. Par ailleurs, elle a confisqué quarante-cinq pistolets et des dizaines de pièces de fusil.

L’armée israélienne a également arrêté un Palestinien alors qu’il emportait un sac chargé d’armes abandonné à la barrière frontalière jordano-palestinienne.

La police israélienne, quant à elle, a démantelé un réseau en Cisjordanie et dans les quartiers palestiniens situés à l’intérieur d’Israël. Elle a arrêté soixante Palestiniens et confisqué des armes, des munitions, des stupéfiants et de l’argent.

En avril dernier, elle a déjoué une opération menée à partir du Liban, saisissant cent grenades à main et deux armes soupçonnées d’être utilisées pour des attaques contre des cibles israéliennes.

Rafik Abou Hani, général à la retraite et résident de Gaza, a précisé qu’il n’y avait pas d’armes lourdes en Cisjordanie, mais seulement des armes légères.

Ces dernières sont principalement utilisées par des familles, divers groupes et des trafiquants de drogue, et largement ignorées par Israël, soutient M. Abou Hani.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".