HÉBRON: L’Autorité palestinienne est de plus en plus préoccupée par la prolifération d’armes de contrebande en Cisjordanie. Elles sont apparemment utilisées pour alimenter des conflits entre des familles et divers groupements.
Ce sont visiblement les trafiquants d’armes israéliens qui contribuent à cette menace et la situation s’apparente à un nouveau défi pour l’Autorité palestinienne, déjà confrontée à une lourde crise financière.
On craint que certains groupes palestiniens n’utilisent ces armes pour déstabiliser le pouvoir et tenter de contrôler la Cisjordanie.
Le porte-parole de la police palestinienne, le colonel Louay Erzeigat, a déclaré dans un communiqué de presse que les forces de sécurité saisissaient entre six cents et mille armes par an en Cisjordanie.
Pas un jour ne passe sans que des armes soient utilisées dans diverses villes palestiniennes de Cisjordanie, que ce soit à l’occasion de conflits entre différents groupes, de raids israéliens ou encore à des postes de contrôle militaires.
On aperçoit de plus en plus fréquemment des individus armés lors des funérailles de Palestiniens tués par les forces israéliennes, qui sont devenues presque quotidiennes depuis le début de cette année, en particulier dans le nord de la Cisjordanie.
Bien qu’Israël, lors de ses incursions quotidiennes dans les zones palestiniennes, ait confisqué des armes, cela n’a pas suffi à en endiguer le flux.
Les Palestiniens ont accusé plus d’une fois les trafiquants d’armes israéliens d’alimenter les conflits entre familles dans des régions comme Hébron, au sud de la Cisjordanie.
Le site Internet israélien Walla indique dans un rapport que les responsables de la sécurité savent qu’il y a des dizaines de milliers d’armes en Israël qui ont été stockées au fil des années pour être utilisées à diverses fins.
Selon le rapport, il y a également eu une augmentation de la contrebande d’armes vers Israël en provenance du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de l’Égypte, avec des prix qui montent en flèche.
Par exemple, les pistolets Glock de quatrième et cinquième génération sont les plus avancés du marché et ils coûtent environ 2 000 dollars (1 dollar = 1,03 euro); mais, en Israël, ils sont vendus à 15 000 dollars.
Un fusil M16 coûte généralement plusieurs milliers de dollars, mais, sur le marché israélien, il peut valoir jusqu’à 35 000 dollars. Un fusil Kalachnikov peut être vendu jusqu’à 20 000 dollars.
Presque tous les mois, Israël déjoue une tentative de contrebande de pièces d’armes de poing et de fusils de la Jordanie vers la Cisjordanie.
Ismat Mansour, rédacteur spécialisé dans les affaires israéliennes, affirme que les armes de contrebande reviennent principalement aux familles – elles sont alors utilisées dans le cadre de conflits internes –, mais aussi à des milices armées de certaines sections du mouvement Fatah qui attendent le moment où le président palestinien, Mahmoud Abbas, démissionnera enfin.
«Ces armes sont, pour la plupart, légères, et les Palestiniens ne les utilisent pas dans leurs attaques contre les Israéliens, puisqu’ils recourent aux armes fabriquées localement comme les fusils Carlo et M16 qui viennent d’Israël, par l’intermédiaire de trafiquants d’armes.»
Depuis le début de l’année, l'armée israélienne a confisqué plus de trois cents armes lors d’opérations qu’elle a menées à la frontière avec la Jordanie.
L’armée affirme avoir déjoué dix-neuf opérations de contrebande depuis le début de l’année, contre vingt et une au cours des deux dernières années.
Au début du mois d’octobre, elle annonce avoir saisi soixante pistolets et un fusil M16 près de la ville de Zubeidat, à la frontière palestino-jordanienne.
Dans un communiqué, l’armée déclare qu’elle a arrêté deux Palestiniens près de la ville dans le cadre de la plus grande opération menée pour lutter contre la contrebande depuis cinq ans.
En septembre, elle a procédé à l’arrestation de quatre Palestiniens soupçonnés de trafiquer des armes de la Jordanie vers la Cisjordanie. Par ailleurs, elle a confisqué quarante-cinq pistolets et des dizaines de pièces de fusil.
L’armée israélienne a également arrêté un Palestinien alors qu’il emportait un sac chargé d’armes abandonné à la barrière frontalière jordano-palestinienne.
La police israélienne, quant à elle, a démantelé un réseau en Cisjordanie et dans les quartiers palestiniens situés à l’intérieur d’Israël. Elle a arrêté soixante Palestiniens et confisqué des armes, des munitions, des stupéfiants et de l’argent.
En avril dernier, elle a déjoué une opération menée à partir du Liban, saisissant cent grenades à main et deux armes soupçonnées d’être utilisées pour des attaques contre des cibles israéliennes.
Rafik Abou Hani, général à la retraite et résident de Gaza, a précisé qu’il n’y avait pas d’armes lourdes en Cisjordanie, mais seulement des armes légères.
Ces dernières sont principalement utilisées par des familles, divers groupes et des trafiquants de drogue, et largement ignorées par Israël, soutient M. Abou Hani.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com