LOS ANGELES: Un film d'animation français sur le massacre de manifestants algériens commis par la police à Paris en 1961 et occulté pendant des décennies par les autorités, a été récompensé jeudi lors de la cérémonie des Oscars étudiants à Los Angeles.
Le court-métrage "Les Larmes de la Seine" dissèque la répression policière sanglante de la manifestation d'Algériens du 17 octobre 1961, qui a fait des dizaines, voire des centaines de morts, sous l'autorité du préfet Maurice Papon.
Une "tragédie (...) longtemps tue, déniée ou occultée", avait estimé l'an dernier le président Emmanuel Macron, en reconnaissant des "crimes (...) inexcusables pour la République".
Le film a raflé une médaille de bronze lors de la cérémonie.
"Nous avons voulu faire ce film pour mettre la lumière sur un événement bien trop méconnu en France, alors qu'il fait partie de notre histoire", ont expliqué les réalisateurs, Yanis Belaid, Eliott Benard et Nicolas Mayeur, trois étudiants de l'école Pôle 3D de Roubaix.
"Nous serions heureux que cela donne envie aux gens d'en découvrir davantage, et de montrer notre façon de voir l'avenir sans oublier ce qui s'est passé", ont-ils ajouté en recevant leur prix.
Le 17 octobre 1961, quelque 30.000 Algériens avaient manifesté pacifiquement à Paris contre le couvre-feu qui leur était imposé, à l'appel du Front de libération nationale (FLN) qui réclamait l'indépendance de l'Algérie.
À l'occasion du 60e anniversaire du massacre l'an dernier, Emmanuel Macron a reconnu pour la première fois que "près de 12.000 Algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine".
Le bilan officiel ne dénombrait jusqu'à présent que trois victimes. Leur nombre est estimé par les historiens à au moins plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines.
Les Oscars étudiants sont très suivis à Hollywood. Parmi les anciens lauréats figurent Spike Lee, Pete Docter (créateur de "Monstres & Cie" et "Là-haut"), Robert Zemeckis (réalisateur de "Retour vers le futur"), et Cary Fukunaga (réalisateur de "Mourir peut attendre").
Les médailles d'or ont été décernées jeudi à des films traitant de sujets aussi variés que les voyages dans l'espace ("Almost Home"), les rêves lucides ("Against Reality") et l'enlèvement d'un enfant ("Found"). Sur une note plus légère, "An Ostrich Told Me the World Is Fake and I Think I Believe It" a remporté le premier prix de l'animation.