RAMALLAH: Les magasins, les bureaux et les écoles ont fermé leurs portes dans toute la Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, jeudi, alors que les Palestiniens se sont mis en grève pour manifester contre les blocus et le meurtre d'un palestinien ayant tué une femme soldat israélienne lors d'une attaque à un poste de contrôle.
Oday al-Tamimi, 22 ans, a été abattu par des agents de sécurité de la colonie illégale de Ma'ale Adumim, construite sur des terres palestiniennes à l'est des villes d'Abou Dis et d’al-Azariya.
Après avoir tué une femme soldat et blessé deux agents de sécurité lors d'attaques contre les postes de contrôle du camp de Chuafat, Al-Tamimi est recherché par les forces de sécurité israéliennes depuis le début du mois d’octobre.
Un blocus a été imposé au camp pendant que la police, les gardes-frontières et le service de sécurité intérieure israélien (Shin Bet) le recherchaient.
Le mouvement Fatah avait appelé à porter le deuil d'Al-Tamimi et des rassemblements de colère ont été organisés à l'occasion de l'annonce de la grève générale et de l'escalade.
Des affrontements ont éclaté jeudi aux postes de contrôle de l'armée israélienne, où des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes ont été tirés sur de jeunes manifestants. Les gardes-frontières israéliens ont utilisé des balles explosives contre des manifestants à la périphérie de Jérusalem, blessant un jeune homme au pied.
Plusieurs manifestants ont subi les effets des gaz lacrymogènes lorsque les forces israéliennes ont réprimé une marche contre le blocus de Naplouse qui dure depuis près de deux semaines.
L'entrée nord de Ramallah, quant à elle, a été le théâtre d'affrontements après que des centaines de personnes étaient en deuil lors des funérailles de Mohammed Nouri, 16 ans, décédé jeudi d'une blessure par balle subie le mois dernier.
Le mouvement Fatah avait appelé les citoyens à intensifier leurs manifestations contre l'armée israélienne et les colons. Le syndicat général des enseignants a annoncé une grève générale dans toutes les écoles, les directions et le ministère.
Selon des sources médicales palestiniennes, le nombre de Palestiniens tués par l'armée israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est cette année a atteint 123, un chiffre jamais atteint dans les territoires palestiniens depuis 2006.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré que la grève générale de jeudi en Cisjordanie et à Jérusalem-Est était une forme de résistance populaire pacifique en rejet de l'escalade israélienne en cours et de ses crimes d'occupation continus.
Les forces de sécurité israéliennes craignent que les actions d'Al-Tamimi n'entraînent des attaques similaires.
Al-Tamimi a laissé une lettre disant qu'il savait que ses actions étaient un détail sans importance dans la lutte palestinienne, qu'il savait qu'il serait tué, et que son attaque ne libérerait pas la Palestine.
Il a toutefois ajouté qu'il croyait que des centaines de jeunes Palestiniens suivraient son exemple et retourneraient à la lutte armée.
Ibrahim Mohammed, 53 ans, du camp de Chuafat, a loué les actions d'Al-Tamimi, et a mentionné qu'il avait «impressionné le peuple palestinien par son courage inégalé».
Il a affirmé que beaucoup des 130 000 résidents du camp avaient été attristés et pleuraient sa perte.
«Le meurtre continu de Palestiniens augmente considérablement la colère des Palestiniens contre l'occupation israélienne», a-t-il déclaré à Arab News.
Des jeunes de Chuafat ont détruit des caméras de surveillance pour compliquer la chasse à Al-Tamimi. Des centaines de personnes se sont rasé les cheveux après que la police israélienne a déclaré qu'elle recherchait un homme au crâne rasé.
Ahmed Majdalani, membre du comité exécutif de l'AP et ministre du Développement social, a déclaré à Arab News que la résistance observée dans les territoires occupés était une réponse naturelle à l'agression israélienne.
«Les tueries quotidiennes provoquent les Palestiniens, et il y a deux à quatre funérailles par jour, alors à quoi s'attend l'occupant? Il y a un état de tension sans précédent et une colère populaire contre l'occupation et les colons, et cela augmente jour après jour.»
Majdalani a indiqué que l'état d'instabilité, la violence et les bouclages effectués par l'armée israélienne augmentaient les charges du gouvernement palestinien, et a ajouté que les services de sécurité palestiniens n'agiraient pas comme un agent de sécurité pour l'occupation.
Pendant ce temps, un Palestinien est mort en détention après avoir été arrêté par les services de renseignement militaire de l'Autorité palestinienne à Ramallah. L'AP a affirmé qu'il s'était suicidé. Cependant, sa famille et les groupes de défense des droits de l'homme croient qu'il a été torturé.
Le suspect, Mohamed al-Banna, était le frère de Mahmoud al-Banna, recherché par les services de sécurité israéliens pour ses activités au sein du groupe militaire local Lion's Den (la Fosse aux Lions).
Plusieurs Palestiniens sont morts sous la garde des forces de sécurité palestiniennes depuis la création de l'AP en 1994.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com