LONDRES: La milice houthie, soutenue par l'Iran, tente de tromper les Yéménites sur le paiement des salaires des retraités de la fonction publique, malgré leur décision de les suspendre, en commençant par son coup d'État, le pillage des réserves du trésor public et l'abandon de toutes les initiatives gouvernementales visant à les payer régulièrement, a déclaré le ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme, Moammar al-Eryani.
Il a ajouté que le gouvernement yéménite donne la priorité au paiement des salaires, en particulier dans les zones contrôlées par les Houthis, et s'efforce de trouver des solutions pratiques, car il considère qu'il s'agit d'une priorité humanitaire et d'une responsabilité publique, et qu'il a déployé de grands efforts, qui se sont heurtés à la milice houthie dans de nombreux cas.
«En 2019, afin de préserver les fonctionnaires et la régularité du travail des services vitaux, le gouvernement a payé les salaires de plus de 120 000 fonctionnaires et retraités dans les zones contrôlées par les Houthis, notamment le secteur de la santé, et de 50% des employés de l'enseignement supérieur, des universités d’Al-Hodeïda», a-t-il déclaré dans une série de tweets.
Al-Eryani a affirmé que le gouvernement a également mené des négociations avec la communauté internationale afin d'allouer une partie de l'aide humanitaire à un fonds destiné à couvrir le déficit, en particulier dans le secteur de l'éducation.
«En janvier 2020, la milice houthie a imposé une scission monétaire en empêchant la circulation de la monnaie émise par le siège de la Banque centrale du Yémen dans la capitale provisoire, Aden, ce qui a perturbé le paiement des salaires par le gouvernement dans les zones contrôlées par la milice, après avoir circulé pendant toute une année», a-t-il ajouté.
«En contrepartie, la milice houthie a doublé les taxes, les droits de douane et la zakat imposés aux citoyens et au secteur privé, profitant du marché noir des dérivés du pétrole. À titre d'exemple, selon le rapport d'un groupe d'experts, la valeur des taxes et autres revenus des Houthis en 2019 s'est élevée à plus de 1,84 milliard d’euros», a-t-il également signalé.
Selon des estimations indépendantes, les sommes obtenues par les milices houthies au cours de l'année 2020 ont dépassé 4 milliards d’euros, des montants équivalant à plusieurs fois la facture des salaires des employés et des retraités de l'État dans les zones qu'ils contrôlent, a indiqué Al-Eryani.
«Depuis la trêve d'avril 2022, le double du nombre habituel de navires transportant les dérivés du pétrole sont arrivés au port d’Al-Hodeïda, avec des recettes fiscales et douanières dépassant 871 millions d’euros. Cette somme a été pillée par les Houthis qui entravent les discussions visant à établir leur décaissement afin de couvrir une partie des salaires des fonctionnaires et des retraités dans les zones qu’ils contrôlent», a-t-il précisé.
L'envoyé de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, a proposé de payer les salaires des fonctionnaires dans les zones contrôlées par les Houthis, mais les milices ont rejeté cette proposition et ont exigé le paiement du budget de 2014, qui comprenait les salaires des militaires et des membres des milices de sécurité qui ont remplacé les forces de sécurité étatiques, a-t-il mentionné.
«La milice houthie affirme qu'avant la guerre, les revenus pétroliers représentaient 70% du budget, ignorant que ces revenus ont diminué de 75% à cause de la guerre qu'elle a imposée, provoquant le départ d'entreprises et d'investissements étrangers et stoppant la production et l'exploration pétrolières, ainsi que l'exportation de gaz naturel liquéfié.»
Alors que les recettes pétrolières de l'État dépassaient 5 milliards d’euros en 2014, ces recettes ont baissé à près d'un milliard d’euros, a-t-il affirmé. Il a ajouté que le gouvernement tient à régler cette question selon des contrôles qui garantissent des salaires durables et le traitement des recettes, notamment les ports d’Al-Hodeïda et les recettes fiscales dans les zones houthies, et en assurant un rôle clair à la communauté internationale afin de financer les déficits salariaux et de régler la scission monétaire imposée par les Houthis.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com