TUNIS: Sans ses parents, une fillette tunisienne de trois ans a rejoint les côtes italiennes à bord d'une embarcation de fortune transportant des migrants, ont indiqué les autorités à Tunis qui ont placé son père et sa mère en garde à vue.
L'ensemble de la famille -le père, la mère, la fillette de 3 ans et son frère de 7 ans- avait prévu d'embarquer depuis la ville côtière de Sayada (est de la Tunisie) pour rejoindre illégalement les côtes italiennes.
Sauf qu'au cours de l'opération, « le père a remis sa fille au passeur sur l'embarcation pour aider son épouse et son fils restés loin derrière. Entretemps, la bateau avait pris le départ pour Lampedusa », en Sicile, a indiqué un responsable du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), organisation qui suit les questions migratoires.
Les parents de la fillette, des vendeurs ambulants, ont déboursé près de 24 000 dinars (environ 7 500 d'euros) pour tenter la traversée.
« Le parquet a ouvert une enquête et les parents de l'enfant ont été placés en garde à vue pour des soupçons d'affiliation à une bande organisée en vue de franchir illégalement les frontières maritimes », a indiqué le porte-parole de la garde nationale tunisienne Houcem Eddine Jebabli à la presse locale.
Ces derniers jours, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de plus de 1 300 passeurs, Tunisiens et étrangers.
Plus de 2 600 mineurs tunisiens, dont plus des deux tiers n'étaient pas accompagnés de leurs parents, sont parvenus à atteindre les côtes italiennes entre janvier et août 2022 sur un total de plus de 13 000 migrants tunisiens, selon le FTDES.
Les autorités tunisiennes qui ont annoncé récemment plus de 22 500 interceptions de migrants au large du pays, disent manquer de moyens face à une forte pression migratoire.
La Tunisie, située à certains points de son littoral à seulement 130 km de l'archipel italien de Sicile, traverse une grave crise politico-économique avec désormais quatre millions de pauvres sur près de 12 millions d'habitants.
Elle est aussi le point de départ chaque année de milliers de Sub-sahariens ou ressortissants d'autres pays pauvres ou en guerre, pour beaucoup déjà refoulés une première fois vers la Tunisie après leur départ clandestin depuis la Libye voisine.