PARIS: Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français RTE a prévenu qu’une prolongation du mouvement social qui touche le parc nucléaire depuis plusieurs semaines pourrait avoir des "conséquences lourdes" sur l’approvisionnement électrique de la France au cœur de l’hiver.
A l'heure de la crise énergétique mondiale, la France se trouve fragilisée à l'approche de l'hiver, par une production électrique nucléaire au plus bas en raison de maintenances et de réparations ou contrôles de tuyauteries pour des problèmes de corrosion.
Ces travaux suivent une évolution "favorable", de nature "à reduire le risque sur la sécurité d’approvisionnement", et à conforter la "perspective d’une disponibilité de 45 GW au coeur de l’hiver, en janvier, a estimé mardi RTE. "Cet objectif, tout indique que nous le tiendrons", avait jugé le président Emmanuel Macron samedi.
Le 14 septembre, en dévoilant ses scénarios hivernaux, RTE avait placé la sécurité d’approvisionnement électrique de la France sous vigilance renforcée et ce, dès l’automne, une "situation exceptionnelle".
Entretemps, la grève pour les salaires qui touche le parc nucléaire depuis plusieurs semaines est venue ajouter une incertitude sur les prévisions pour l'hiver du gestionnaire.
"Les mouvements sociaux ont conduit à des prolongations d’arrêts généralement de deux à trois semaines sur les réacteurs dont la remise en service était imminente ou proche" et "engendrent également des retards dans la maintenance" pour les autres tranches, explique RTE, qui présentait mardi ses prévisions actualisées pour la période de mi-octobre à mi-novembre.
EDF a d'ailleurs déjà repoussé le redémarrage de cinq réacteurs. Au total 27 réacteurs étaient mardi à l'arrêt pour travaux ou maintenance sur les 56 que compte le parc nucléaire.
Des « bonnes nouvelles » aussi
La grève touche notamment la centrale de Gravelines (Nord), la plus grande de France, dont des salariés ont voté lundi lors d’une assemblée générale la poursuite de la grève. En cette journée de grève interprofessionnelle, environ 350 à 400 personnes se sont réunies mardi matin devant le site EDF où des salariés mobilisés ont organisé un barrage filtrant pour ralentir le rythme d’entrée dans la centrale, a constaté une journaliste.
La participation des salariés d'EDF à la grève à mi-journée s’élevait à 16,3%, selon le groupe où de premières réunions bilatérales avec direction et syndicats (CGT, FO et CFDT) vont commencer mercredi après la signature d'un accord de branche, a appris l'AFP.
Le gestionnaire prévient: "une prolongation du mouvement social aurait des conséquences lourdes sur le coeur de l’hiver".
Les incertitudes sur la disponibilité du parc de réacteurs ont conduit RTE dans ses nouvelles prévisions à assortir son scenario hivernal de vigilance d'une "perspective négative" début novembre pour le nucléaire. Au 1er novembre, le gestionnaire table sur une disponibilité du parc nucléaire de 28 GW. Elle serait de 38 GW au 1er décembre.
Hormis cette inconnue, "dans l’ensemble cette réévaluation mensuelle comporte plus de nouvelles favorables que défavorables", a tenu à préciser Thomas Veyrenc, directeur executif chargé de la stratégie, de la prospective et de l'évaluation de RTE.
A plus court terme, RTE estime en effet "très faible" à "modéré" le risque pour la sécurité d'approvisionnement en électricité dans les prochaines semaines, selon le communiqué.
"RTE anticipe un très faible risque pour la sécurité d’approvisionnement des deux prochaines semaines et un risque modéré début novembre (avec comme incertitude principale la disponibilité des réacteurs actuellement affectés par des mouvements sociaux)", détaille-t-il.
Le gestionnaire cite plusieurs facteurs favorables: d'abord la survenue d'épisodes de froid précoce ou sévère "très peu probable" d'ici à fin octobre, mais aussi les "niveaux très élevés" en France et en Europe des stocks de gaz, qui permet de produire de l'électricité ou encore les "stocks hydrauliques" qui "vont mieux" même s'ils sont encore bas.
Autre élément rassurant pour la sécurité énergétique, selon RTE: une baisse de la consommation électrique de l'ordre de 3 à 4% en septembre par rapport à la tendance du 1er semestre, sous l'"effet de l’augmentation des prix de l’énergie.