Au Tigré, le gouvernement éthiopien dit s'être emparé de trois villes

Des gens font la queue devant une banque alors qu'un soldat passe à Alamata, en Éthiopie, le 8 décembre 2020. (Photo, AFP)
Des gens font la queue devant une banque alors qu'un soldat passe à Alamata, en Éthiopie, le 8 décembre 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

Au Tigré, le gouvernement éthiopien dit s'être emparé de trois villes

Des gens font la queue devant une banque alors qu'un soldat passe à Alamata, en Éthiopie, le 8 décembre 2020. (Photo, AFP)
  • L'armée fédérale éthiopienne «a pris le contrôle des villes de Shire, d'Alamata et de Korem sans combats urbains», a indiqué le gouvernement dans un communiqué
  • Ces derniers jours ONU, Union africaine (UA), Union européenne (UE) et Etats-Unis, entre autres, se sont inquiétés de l'intensification des offensives au Tigré, notamment à Shire, cible de plusieurs jours de bombardements

ADDIS ABEBA: Le gouvernement éthiopien a annoncé mardi s'être emparé de trois villes du Tigré, région septentrionale d'Ethiopie en proie à un conflit meurtrier, dont la localité-clé de Shire, autour de laquelle les récents combats ont suscité l'inquiétude internationale. 

L'armée fédérale éthiopienne « a pris le contrôle des villes de Shire, d'Alamata et de Korem sans combats urbains », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. 

Les forces rebelles du Tigré avaient annoncé plus tôt la chute de Shire, ville comptant 100 000 habitants avant le conflit et située à une cinquantaine de km de la frontière avec l'Erythrée, pays qui borde tout le nord du Tigré et dont l'armée épaule les troupes éthiopiennes. La ville accueille des milliers d'habitants du Tigré déplacés par le conflit qui ravage le nord de l'Ethiopie depuis novembre 2020. 

Shire abrite un aéroport et se trouve sur une route majeure menant dans un environnement escarpé à Mekele, la capitale régionale, à environ 300 km. 

Une source humanitaire a confirmé la prise d'Alamata et Korem, villes du sud du Tigré de 70 000 et 35 000 habitants respectivement, situées sur un axe majeur menant à Mekele, à environ 180 km de là. 

L'armée fédérale éthiopienne « est entrée dans Alamata hier (lundi) vers 17H00 », a déclaré un habitant ayant requis l'anonymat. 

Les journalistes n'ont pas accès au nord de l’Éthiopie et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière très aléatoire, rendant impossible toute vérification indépendante. 

bilan « stupéfiant »  

Ces derniers jours ONU, Union africaine (UA), Union européenne (UE) et Etats-Unis, entre autres, se sont inquiétés de l'intensification des offensives au Tigré, notamment à Shire, cible de plusieurs jours de bombardements. 

« Les précautions maximales prises par l'armée fédérale éthiopienne jusqu'ici ont permis de protéger les civils » et ont « évité le sinistre scénario prédit par certains », assure mardi le gouvernement éthiopien dans son communiqué. 

Pourtant le nouveau Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a dénoncé le même jour le bilan « profondément stupéfiant » chez les civils des frappes aériennes et tirs d'artillerie au Tigré. 

Deux civils et un employé de l'ONG International Rescue Committee (IRC) ont péri dans un de ces bombardements vendredi. 

M. Türk a également souligné le « risque important d'escalade, compte tenu de la mobilisation massive et continue de soldats et de combattants » par les belligérants. 

Après cinq mois de trêve ayant laissé entrevoir des espoirs de négociations, les combats ont repris depuis le 24 août dans le nord de l'Ethiopie. 

Le conflit, qui oppose depuis deux ans le gouvernement fédéral éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed et ses alliés aux autorités rebelles du Tigré, se déroule quasiment à huis clos, le nord de l'Ethiopie étant largement interdit aux journalistes. 

Selon des sources concordantes, le Tigré est actuellement pris en tenaille entre, au nord, une offensive conjointe des armées éthiopiennes et érythréennes depuis l'Erythrée, et au sud les troupes éthiopiennes aidées des forces des régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. 

Près de 40 000 habitants de l'Afar ont été récemment déplacés par les combats à la frontière avec le Tigré, selon le dernier rapport de situation du Bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha). 

« Incontrôlable » 

Mardi, Redwan Hussein, conseiller à la Sécurité nationale de M. Abiy, a assuré que « le conflit ne dégénère pas comme certains aimeraient le décrire (...) il est en train de diminuer et s'éteindre », répondant implicitement au secrétaire général de l'ONU qui a estimé lundi que »la situation en Ethiopie devient incontrôlable ». 

Antonio Guterres a réclamé « le retrait immédiat et le désengagement d'Ethiopie des forces armées érythréennes » et demandé à « toutes les parties » de permettre le passage de l'aide humanitaire, dont l'ONU a suspendu l'acheminement depuis la reprise des combats. 

Les autorités éthiopiennes ont assuré mardi se préparer à fournir de l'aide humanitaire dans les zones du Tigré passées sous leur contrôle, notamment via l'aéroport de Shire, et travailler au rétablissement des services essentiels (électricité, télécoms...) dont est privée la région. 

Les rebelles s'étaient dit dimanche « prêts à respecter » un cessez-le-feu « immédiat » réclamé par l'UA. 

Sans répondre directement à cet appel, le gouvernement de M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019, a lui justifié sa volonté de poursuivre ses opérations militaires, tout en réaffirmant son souhait « d'une résolution pacifique du conflit via des pourparlers ». 

Contraint à « des mesures défensives pour protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays », il a estimé « impératif » de prendre « le contrôle immédiat de tous les aéroports, autres infrastructures fédérales et installations » au Tigré. 

Le bilan des victimes de cette guerre est inconnu. Mais elle a provoqué une catastrophe humanitaire, déplaçant plus de deux millions de personnes et plongeant des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. 


Les Etats-Unis ont frappé des installations Houthies au Yémen à l'aide de bombardiers B-2

Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2
  • Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

"Les forces américaines ont ciblé plusieurs installations souterraines des Houthis abritant plusieurs types d'armes que les Houthis ont utilisé pour cibler des navires civils et militaires dans toute la région", a indiqué M. Austin dans un communiqué.

Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis, un groupement soutenu par l'Iran.

"L'emploi de bombardiers furtifs à long rayon d'action B-2 Spirit de l'armée de l'air américaine prouve la capacité de frappe" américaine "à tout moment et en tout lieu", s'est félicité M. Austin, évoquant une "démonstration sans pareille".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en affirmant agir en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé à Israël dans la bande de Gaza depuis un an.

En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni procèdent régulièrement à des frappes contre des installations houthies, mais sans être parvenus à ce stade à anéantir la capacité opérationnelle du mouvement.


L'agence atomique iranienne juge « improbable » une attaque d'Israël sur des sites nucléaires.

Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
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  • Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas »
  • Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran

TEHERAN : Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas » ou ne causerait pas de « sérieux dommages », tout en jugeant un tel scénario « improbable ».

Ces déclarations interviennent sur fond d'escalade entre l'Iran et Israël. L'Iran a lancé le 1^(er) octobre quelque 200 missiles sur Israël, qui a juré d'y riposter.

« Il est très improbable » qu'une attaque se produise, a affirmé le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Nournews, estimant qu'il s'agirait d'un acte « stupide ».

« Dans le cas d'une attaque sur un site clé, soyez sûrs, elle ne réussira pas » et il « est très peu probable qu'ils (Israël) nous causent de sérieux dommages », a-t-il ajouté, précisant que l'Iran serait en mesure de « rapidement compenser » tout dégât potentiel.

Les tirs de missiles du 1er octobre ont été présentés par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran, malgré les appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.

« Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte », a mis en garde mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.


Des entreprises israéliennes interdites au salon Euro naval de novembre à Paris

Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
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JERUSALEM : Mercredi, Israël a accusé le président Emmanuel Macron de faire « honte » à la France après la décision du gouvernement français d'interdire à des entreprises israéliennes d'exposer leurs matériels lors du salon de défense Euronaval début novembre, près de Paris.

« Les actes du président français Macron sont une honte pour la France et les valeurs du monde libre qu'il affirme vouloir protéger », a affirmé sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

« La décision de discriminer une nouvelle fois l'industrie de la défense israélienne en France profite aux ennemis d'Israël en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Il a également accusé M. Macron de vouloir « mettre en place un embargo sur les armes » après que le président français a appelé la semaine dernière à « cesser les exportations d'armes » utilisées par Israël à Gaza et au Liban.

La France « a adopté et ne cesse de mettre en œuvre une politique hostile envers Israël », a estimé le ministre israélien.

Les organisateurs du salon Euronaval, consacré au secteur naval de défense, avaient auparavant indiqué que celui-ci n'accueillerait ni stands ni matériels israéliens lors de sa prochaine édition, à la demande du gouvernement français.

« Le gouvernement français a fait part le mardi 15 octobre à Euronaval de sa décision de valider la participation des délégations israéliennes au salon Euronaval 2024, sans stands ni exposition de matériels », a précisé dans un communiqué l'organisation du salon, selon laquelle « sept entreprises israéliennes sont concernées par cette décision ».

- Le ton monte - 

« Conformément à la décision du gouvernement français, les entreprises et les ressortissants israéliens qui le souhaitent seront accueillis au salon selon les modalités précitées », a-t-on ajouté.

« Euronaval se prépare à accueillir chaque entreprise et chaque visiteur dans le respect des directives internationales et gouvernementales. Près de 500 entreprises et 22 000 visites sont attendues pour la 29^e édition du salon, du 4 au 7 novembre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (dans la banlieue nord de Paris), ont rappelé les organisateurs.

Fin mai, la présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory avait été annulée par décision du gouvernement, sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision avait ensuite été contredite par la justice.

La décision concernant Euronaval intervient dans un contexte où le ton est monté ces derniers jours entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que les opérations israéliennes se poursuivent à Gaza, un an après l'attaque meurtrière du groupe palestinien Hamas en Israël et contre le Hezbollah au Liban.

Le 5 octobre, M. Macron avait déjà estimé que « la priorité » pour un cessez-le-feu était « qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Ses déclarations avaient suscité la colère de M. Netanyahu, qui les avait qualifiées de « honte ».

Paris appelle avec insistance à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le pays dénonce les frappes israéliennes ainsi que les tirs israéliens jugés « délibérés » contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), dont plusieurs ont été blessés.