Frankly Speaking : Le groupe d'opposition iranien NCRI demande à Biden et à l'UE de se tenir aux côtés du peuple iranien

Dowlat Nowrouzi, représentante britannique du Conseil national de la résistance iranienne. (Photo, AN)
Dowlat Nowrouzi, représentante britannique du Conseil national de la résistance iranienne. (Photo, AN)
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Publié le Dimanche 19 février 2023

Frankly Speaking : Le groupe d'opposition iranien NCRI demande à Biden et à l'UE de se tenir aux côtés du peuple iranien

Dowlat Nowrouzi, représentante britannique du Conseil national de la résistance iranienne. (Photo, AN)
  • Dowlat Nowrouzi, représentante du NCRI au Royaume-Uni, accuse le régime de Téhéran de voler le revenu national et de le dépenser pour exporter la terreur et la destruction.
  • Elle affirme que les nations européennes peuvent se ranger du côté du peuple en prenant des mesures telles que le rappel de leurs ambassadeurs et la fermeture des ambassades d'Iran.

RIYAD: Alors qu'une vague sans précédent de troubles civils balaie l'Iran, il est crucial que la communauté mondiale, en particulier l'Europe et les États-Unis, apporte son soutien au peuple iranien et impose des sanctions plus importantes au régime de Téhéran, selon la représentante britannique d'un groupe d'opposition politique iranien.

« Quelles que soient les erreurs, les fautes stratégiques, commises par les États-Unis, il est maintenant temps pour l'administration (Biden) de les corriger et de changer sa politique. Elle devrait se tenir aux côtés du peuple iranien et soutenir la volonté de changement du peuple iranien », a déclaré Dowlat Nowrouzi, représentante britannique du Conseil national de la résistance iranienne, à Katie Jensen, présentatrice de « Frankly Speaking », le talk-show d'Arab News qui interroge des décideurs politiques et des chefs d'entreprise de premier plan.

Le CNRI, fondé en 1981, est une coalition politique composée de divers groupes qui visent à renverser le régime iranien. La plupart de ses membres ont été contraints à l'exil en raison de persécutions politiques et opèrent depuis l'Europe et d'autres pays occidentaux.

L'appel de Nowrouzi pour soutenir le peuple iranien intervient alors que la République islamique continue d'être secouée par les protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, détenue par la police des mœurs le 16 septembre.

Mahsa Amini avait été arrêtée pour avoir porté son foulard de manière inappropriée, obligatoire en Iran, et sa mort avait été constatée à l'hôpital Kasra de Téhéran deux jours plus tard. Les autorités ont affirmé qu'elle était décédée des suites d'une maladie préexistante, mais sa famille, ses codétenus et les dossiers médicaux qui ont été divulgués indiquent qu'elle a été sévèrement battue.

Ce qui a commencé par des protestations isolées lors de ses funérailles dans sa province natale du Kurdistan s'est rapidement propagé dans tout l'Iran et s'est transformé en un soulèvement national susceptible de renverser le régime iranien.

Selon Nowrouzi, plus de 400 manifestants ont été tués par les forces de sécurité iraniennes, et les 20 000 personnes, dont des enfants, qui ont été arrêtées par le régime vivent dans des conditions horribles, allant jusqu'à la torture et l'exécution extrajudiciaire dans les prisons et les centres de détention.

Malgré la campagne d'intimidation orchestrée par l'État, les manifestants restent déterminés et attachés à leurs objectifs, affirme Nowruzi.

« Il y a quelques jours, nous avons reçu des informations indiquant que 2 000 d'entre eux, en particulier des jeunes et des étudiants, ont été emmenés dans un centre de détention notoire appelé B Gate Number Six. Dans ce centre de détention, ils pratiquent toutes sortes de tortures létales sur les prisonniers politiques ainsi que sur les manifestants. Donc, ils savent ce qu’ils encourent et ce qu'ils vont devoir sacrifier pour reconquérir leur pays.

« Je peux vous assurer que ce qui se passe maintenant ne va pas s'arrêter. Les Iraniens sont en route pour une nouvelle révolution démocratique dans leur pays prochainement. »

Selon Nowrouzi, bien qu'il y ait eu d'autres cas de troubles civils à l'échelle nationale, notamment les manifestations de novembre 2019 et de janvier 2020, pendant lesquelles les forces de sécurité iraniennes ont tué des milliers de manifestants et en ont arrêté des dizaines de milliers, « celle-ci est absolument différente. »

« C'est un mouvement de soulèvement à l'échelle nationale », a-t-elle déclaré. « Il est efficace, et mobilisé. Quelque 178 grandes villes sont le terrain des protestations et du soulèvement. Et je dois dire qu'il couvre la quasi-totalité des 31 provinces iraniennes. Et cette fois, plusieurs secteurs de la société iranienne sont impliqués. »

Selon Nowruzi, la politique d'apaisement que les États-Unis et d'autres nations occidentales ont adoptée à l'égard de l'Iran doit changer afin d'assurer le succès de la résistance pacifique en cours.

« Malheureusement, cette politique d'apaisement a affecté le gouvernement en place. Il doit comprendre qu'il est temps de procéder à un changement radical. En ce qui concerne le Congrès américain, je peux vous dire que c'est un cas différent car, en particulier dans la récente résolution 118, 260 membres du Congrès ont fortement soutenu les protestations du peuple iranien », a-t-elle déclaré.

La résolution 118, qui a été introduite au Congrès en février 2021, condamne ce qu'elle appelle les assassinats commandités par l'État iranien et les attaques terroristes contre des responsables américains et des dissidents iraniens, et exprime son soutien aux protestations populaires contre le régime de Téhéran.

Bien que ces mesures soient certainement un pas dans la bonne direction, Nowrouzi a précisé : « En ce qui concerne le gouvernement, il doit faire beaucoup plus, notamment répondre à certaines des revendications de la communauté iranienne et de l'opposition. »

Selon Nowrouzi, priver le régime iranien de sources financières est crucial.

« Ils sont des exportateurs de terrorisme et acquièrent des armes nucléaires, tout cela en volant l'argent et les revenus nationaux du pétrole et du gaz du peuple iranien, qui sont dépensés par les mollahs pour la destruction plutôt que la construction », a-t-elle souligné.

Les manifestations et les grèves menées par les travailleurs ont entraîné la fermeture de grandes installations pétrochimiques dans les provinces du sud de l'Iran, riches en pétrole et en gaz, ce que Nowrouzi considère comme un développement important.

« Cela joue un rôle très important car cela peut couper les vivres des mollahs, notamment en ce qui concerne l'argent et le commerce. »

Ces actions, selon Nowrouzi, enlèvent au régime la capacité de financer leurs actes brutaux contre les manifestants.

Elle fait valoir que les mollahs reconnaissent que 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, alors que le pays est extrêmement riche en pétrole et gaz.

Les pays occidentaux, en particulier l'Union européenne, peuvent également jouer un rôle essentiel en réduisant la capacité du régime à écraser toute forme de résistance, a déclaré Nowrouzi.

« Je pense qu'ils peuvent jouer un rôle très important en se rangeant du côté du peuple iranien et de ses principales revendications, à savoir la liberté et la démocratie. Pour ce faire, les Européens doivent, selon nous, faire bien plus que de simples condamnations verbales des atrocités commises par les mollahs, qu'il s'agisse des exécutions ou des arrestations arbitraires auxquelles ils ont participé au cours des dernières semaines. »

 « Nous pensons qu'ils peuvent, et qu'ils doivent, rappeler leurs ambassadeurs », a-t-elle déclaré, en faisant référence aux membres de l'UE. « Ils doivent fermer les ambassades d'Iran dans leurs pays, car d'après ce que nous savons, en réalité, elles sont utilisées par les mollahs pour toutes sortes d'espionnage, ainsi que pour exporter le terrorisme et fournir la logistique, l'argent, l'aide financière et même des armes militaires, à leur réseau terroriste en Europe. »

Nowrouzi a rappelé un complot terroriste dans lequel Asadollah Asadi, troisième diplomate de l'ambassade d'Iran en Autriche, a transporté une bombe hautement sophistiquée dans sa valise personnelle à travers plusieurs pays européens afin de cibler un rassemblement organisé par le Conseil national de la résistance iranienne à Paris. Des milliers de responsables gouvernementaux de plus de 70 pays étaient présents. Heureusement, le complot a été déjoué et Asadi et ses acolytes ont été arrêtés.

Depuis la révolution islamique de 1979, l'Iran a perpétré plus de 50 attentats, assassinats et bombardements sur quatre continents différents, tuant des centaines de fonctionnaires étrangers, de diplomates iraniens et de simples civils. Une intervention et des mesures concrètes de la part des États-Unis et de l'Union européenne, a déclaré Nowrouzi, pourraient contribuer à mettre un terme à ce terrorisme d'État.

« Nous leur demandons d'imposer toutes sortes de sanctions globales contre les mollahs, en particulier les responsables et le Corps des gardiens de la révolution islamique, qui sont en grande partie responsables des exécutions et de la torture de nos jeunes et de nos femmes. Nous leur demandons également de reconnaître le droit légitime du peuple iranien à se défendre, de continuer à le soutenir et de rester aux côtés des millions d'Iraniens qui réclament le changement et l'espoir », a-t-elle déclaré.

À maintes reprises, Nowrouzi a souligné la détermination et la volonté du peuple iranien a opérer un changement dans son pays.

« Ce que je peux vous assurer, c'est que le peuple iranien va continuer à protester parce qu'il sait ce qui est arrivé à Mahsa. Ce n'était pas seulement Mahsa ; la même chose aurait pu arriver à la sœur, la femme, la mère ou tout autre frère proche de n'importe qui d'autre.

« Ils savent que le régime a été impliqué dans toutes sortes de crimes contre le peuple iranien. Je peux donc vous dire que la grande majorité des Iraniens sont déterminés, et cette détermination persistera jusqu'à ce que nous assistions à la chute du régime », a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté que les manifestations ont montré à la communauté internationale que « le peuple iranien, en particulier les femmes, qui sont les premières victimes de ce régime misogyne et brutal, est très déterminé à renverser la donne. Ils en ont assez. Ils veulent la démocratie, une république démocratique avec une séparation de la religion et de l'État. Et donc, il est hors de question qu'ils tolèrent plus longtemps l'inhumanité, la barbarie, et l'agression des mollahs. » 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
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  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.