TUNIS: Des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis pour dénoncer les politiques du président Kais Saeid qu'ils accusent d'être responsable de la grave crise économique dans le pays, marquée par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation.
Menés par le Front de salut national, une coalition de partis d'opposition dont fait partie la formation d'inspiration islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président.
"Va-t-en, va-t-en", "Révolte contre Kais le dictateur", "le peuple veut limoger le président", ont scandé les protestataires.
"Cette manifestation reflète la colère face la situation en Tunisie sous Kais Saied et appelle à son départ", a dit l'ancien Premier ministre Ali Laarayedh, vice-président d'Ennahdha.
"Si le pouvoir politique actuel persiste, il n'y a pas d'avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse", a-t-il ajouté.
Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d'opposition anti-islamiste.
Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d'achat. Souad, une retraitée, accuse le président Saied de "n'avoir rien fait". Selon elle, la situation n'a fait qu'empirer" depuis son arrivée au pouvoir en 2019.
Environ 1 500 personnes ont pris part à la manifestation organisée par le Front de salut national, alors que celle menée par le PDL a rassemblé près de 1 000, a indiqué à l'AFP le ministère de l'Intérieur.
La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100% de son PIB, connaît ces derniers mois des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café..) dans un contexte d'inflation galopante (près de 9% en août sur un an).
Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis 10 ans, ont été amplifiées par la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante.
Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Saied qui s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.
Samedi soir, le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé être parvenu à un accord avec le gouvernement tunisien permettant le déblocage d'un prêt de 1,9 milliard de dollars.
Cet accord, qui doit encore être validé par le conseil d'administration du Fonds, pourrait alléger la crise dans le pays. En échange de ce versement, le gouvernement tunisien s'est engagé sur un programme de réformes, selon un communiqué du FMI.