La présidence de Biden ne se déroulera pas sans heurts pour la Turquie

Joe Biden (Reuters)
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Publié le Lundi 09 novembre 2020

La présidence de Biden ne se déroulera pas sans heurts pour la Turquie

  • Le Congrès américain s’obstine et bénéficie d'un soutien bipartite pour prendre des mesures contre Ankara
  • Dans une interview accordée au New York Times en décembre dernier, Biden décrit le président turc comme un autocrate, et critique sa politique envers les Kurdes

ANKARA: La présidence de Joe Biden risque d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations des États-Unis avec la Turquie. L’approche du nouvel élu diffère en effet de celle de son prédécesseur, qui ne faisait pas grand-chose face aux tentatives d’Erdogan de s’imposer dans la région. 

Des experts affirment même que les relations bilatérales pourraient empirer, étant donné les priorités divergentes des deux pays.

Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara au German Marshall Fund des États-Unis, a déclaré que plusieurs facteurs pourraient agiter les eaux déjà troubles. 

Il explique que la relation personnelle entre l'ancien président Donald Trump et le président Recep Tayyip Erdogan – et qui constituait un tampon entre un Washington de plus en plus bouleversé et une Ankara récalcitrante – ne peut être recréée entre Biden et Erdogan. Les deux dirigeants ont d’une part exprimé chacun son aversion pour l'autre, et, d’autre part, Biden, contrairement à Trump, doit prioriser l'institutionnalisation des relations plutôt que leur personnalisation.

La nouvelle administration américaine est capable de faire progresser les dossiers de la démocratie et les droits de l'homme en Turquie, tout en essayant de contenir les actions d’Ankara en Libye, en Syrie, et en Méditerranée orientale, pôle des ambitions navales.

Selon Ozgur Unluhisarcikli, l’équipe rassemblée par Biden jouerait un rôle clé dans la relation. Certains membres de l’équipe appartiennent probablement à l'administration de l'ancien président Barack Obama, dont Erdogan avait fait un bouc émissaire.

«Biden, contrairement à Trump, ne risque pas de détourner les yeux de la démocratie défaillante en Turquie. Erdogan ne prendra pas ses critiques à la légère», ajoute-t-il pour Arab News.

Les essais effectués par la Turquie du système de défense aérienne S-400, de fabrication russe, et un éventuel feu vert pour des sanctions à son encontre sont également à l’ordre du jour. Le Congrès américain s’obstine et bénéficie d'un soutien bipartite pour prendre des mesures contre Ankara, car Washington craint que les missiles russes ne compromettent les défenses de l'Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan).

Jusqu'à présent, la seule «conséquence» imposée par Washington à l'achat du S-400 par la Turquie est l’exclusion d’Ankara du programme de chasseurs F-35.

Bien que l’impact des mesures punitives de la loi sur la lutte contre les adversaires de l’Amérique par des sanctions (Caatsa) soit catastrophique, en particulier en termes économiques, le pays ne semble pas remettre en question son rapprochement controversé avec la Russie.

Le principal chef de l’opposition turque, Kemal Kilicdaroglu, a été le premier homme politique du pays à féliciter Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris pour leur victoire électorale. «J'ai hâte de renforcer les relations turco-américaines et notre alliance stratégique», a-t-il tweeté samedi soir.

Dans une interview accordée au New York Times en décembre dernier, Biden décrit le président turc comme un autocrate, et critique sa politique envers les Kurdes. Il suggère également d'encourager le chef de l'opposition turque, commentaire qui a suscité beaucoup de réactions.

L’administration de Biden se concentrera sur la maîtrise de la Russie et de l’Iran, et le renforcement de l’engagement en faveur des alliances multilatérales, dont celle de l’Otan. Les chances d’Ankara de rétablir les liens avec Washington dépendent donc de la manière dont ses politiques concordent avec ce plan.

Soner Cagaptay, un universitaire turc de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, assure que Biden va prioriser le développement des relations avec des alliés clés. «La démocratie, les droits de l'homme, l'État de droit et la liberté d'expression sont aussi importants pour Biden. Il va s'attendre à ce qu'Erdogan prenne des mesures positives sur ces questions», a-t-il précisé à Arab News.

L’universitaire a déclaré que Biden donnerait la priorité à la relance de la vision de l'Otan et à la formation d'un bloc unifié contre la Russie. La Turquie reste un allié important.

«Bien sûr, les États-Unis peuvent appliquer leurs politiques sans la Turquie mais, avec la Turquie, ces politiques sont plus faciles, moins lourdes, moins coûteuses et plus efficaces. Le pire scénario serait d'empêcher la Turquie de saboter la politique américaine contre la Russie. Dans le meilleur des cas, la Turquie devient un allié et se joint aux efforts américains pour unifier l'Otan».

Soner Cagaptay ajoute que, sans Trump, il est désormais plus probable que les États-Unis mettent en œuvre les sanctions de la Caatsa. Mais il s'attend à ce que Biden choisisse les sanctions symboliques plutôt que celles qui ont détruit l'économie turque.

Une rupture diplomatique a eu lieu en octobre 2014, après des excuses officielles de la part de Biden auprès d'Erdogan. Il avait laissé entendre que la Turquie avait aidé à la montée en puissance de Daech en laissant des combattants étrangers traverser la frontière syrienne.

Ozgur Unluhisarcikli rappelle qu’une prophétie autoréalisatrice voile les relations entre Biden et Erdogan. Leurs liens débutent mal parce que les deux dirigeants ont chacun un parti pris négatif. «Cependant, les choses pourraient évoluer dans la direction opposée si Erdogan fait un pas vers Biden. La décision de la Turquie relativement aux S-400 sera considérée comme un signe précurseur de l’attitude turque », ajoute-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.