Abdel Latif Rachid, un ingénieur à la tête d'un Irak polarisé

"L'atout de Latif Rachid est qu'il n'est pas étranger" à la scène politique, indique le politologue Hamzeh Hadad. "Il a été ministre pendant de longues années. Rien ne sera nouveau pour lui, même s'il sera un nouveau visage pour les jeunes Irakiens." (AFP).
"L'atout de Latif Rachid est qu'il n'est pas étranger" à la scène politique, indique le politologue Hamzeh Hadad. "Il a été ministre pendant de longues années. Rien ne sera nouveau pour lui, même s'il sera un nouveau visage pour les jeunes Irakiens." (AFP).
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Publié le Jeudi 13 octobre 2022

Abdel Latif Rachid, un ingénieur à la tête d'un Irak polarisé

  • Au poste largement honorifique de président de la République, Latif Rachid, comme l'appellent familièrement les Irakiens, succède à Barham Saleh pour un mandat de quatre ans
  • Tous deux sont issus de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), parti historique de la minorité kurde que M. Rachid a représenté dans les années 1990 à Londres

BAGDAD : L'ancien ministre Abdel Latif Rachid, élu jeudi président d'Irak à 78 ans, est un familier des dédales du pouvoir à Bagdad, un ingénieur hydraulique sensible aux questions environnementales, appelé à naviguer en eaux troubles à la tête d'un pays polarisé.

Diplômé de Grande-Bretagne, ce militant kurde de la première heure peut se targuer d'une longue carrière au sein du pouvoir à Bagdad. Dès 2003, il fera partie du premier gouvernement de l'après-Saddam Hussein, dont le régime a été renversé dans la foulée de l'invasion américaine.

Au poste largement honorifique de président de la République, Latif Rachid, comme l'appellent familièrement les Irakiens, succède à Barham Saleh pour un mandat de quatre ans.

Tous deux sont issus de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), parti historique de la minorité kurde que M. Rachid a représenté dans les années 1990 à Londres.

Proche de Jalal Talabani, fondateur de l'UPK, M. Rachid occupe depuis 2010 un poste de conseiller présidentiel --loin des projecteurs.

Tandis que les factions pro-Iran du Cadre de coordination cherchait coûte que coûte à former un gouvernement, sa candidature a refait surface à la dernière minute, les deux partis kurdes l'UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) n'arrivant pas à s'accorder sur un président.

"L'atout de Latif Rachid est qu'il n'est pas étranger" à la scène politique, indique à l'AFP le politologue Hamzeh Hadad. "Il a été ministre pendant de longues années. Rien ne sera nouveau pour lui, même s'il sera un nouveau visage pour les jeunes Irakiens."

Expérience

Né le 10 août 1944 à Souleimaniyeh, grande ville de la région autonome du Kurdistan (nord), M. Rachid poursuivra ses études à l'université de Liverpool puis de Manchester, obtenant en 1976 un doctorat en ingénierie hydraulique.

Moustache en brosse, lunettes classiques et costumes aux couleurs sobres, le septuagénaire qui parle kurde, arabe et anglais diverge rarement de son style de technocrate.

Sur son site Internet, son CV rappelle qu'il a été consultant pour des institutions internationales, engagé sur plusieurs projets d'irrigation et de développement agricole.

Entre 2003 et 2010, il conservera le portefeuille des Ressources hydriques, notamment dans le gouvernement de l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki.

Dans un Irak fortement touché par la sécheresse et considéré comme l'un des cinq pays les plus exposés à certaines conséquences du changement climatique selon l'ONU, il apporte une expérience précieuse.

M. Rachid renouera avec d'anciennes batailles menées quand il était ministre: le différend diplomatique avec la Turquie voisine sur le partage des eaux fluviales, mais aussi la sauvegarde des Marais mésopotamiens, inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, qu'il avait aidé à régénérer en 2004.

«Bons rapports»

Reste à savoir s'il perpétuera la lancée interventionniste initiée par son prédécesseur à la fonction présidentielle, au moment où la scène politique reste polarisée entre un camp pro-Iran et l'influent leader religieux Moqtada Sadr.

Dans un pays multiconfessionnel et multiethnique, "il a de bons rapports avec les politiciens chiites et sunnites, il est respecté par le Courant sadriste", assure un responsable gouvernemental qui l'a côtoyé.

Il dispose d'avantages certains, notamment sa proximité avec M. Maliki, un pilier du Cadre de coordination, alliance dominant aujourd'hui le Parlement.

Autre dossier houleux qui l'attend: pacifier les relations en dents de scie entre Bagdad et le Kurdistan.

"Barham Saleh aura laissé sa marque en tant que président charismatique, mais cela n'a guère amélioré les relations entre Bagdad et le Kurdistan", ajoute Hamzeh Hadad. "Si Latif Rachid est capable d'améliorer cela, il éclipsera tout ce que son prédécesseur a accompli."

Marié et père de deux garçons et d'une fille, M. Rachid est un amateur de peinture. En 2014, il a ouvert à Souleimaniyeh une galerie d'art qui expose les artistes locaux.


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".