PARIS : Le 9 novembre 1970, le général de Gaulle décédait à Colombey-les-deux-Eglises, le village de Haute-Marne où il s'était retiré. Cinquante ans après, le président Emmanuel Macron fait lundi le pèlerinage pour rendre hommage à son prédécesseur le plus illustre.
A cause de l'épidémie du Covid-19, ce cinquantenaire sera célébré sobrement, sans public, en présence seulement d'une trentaine de personnes, dont des membres de la famille de Gaulle.
Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, est attendu à la mi-journée dans le bourg de 700 habitants où le général de Gaulle passait ses vacances et où il a vécu les derniers mois de sa vie, après son départ de l'Elysée en 1969.
Le couple présidentiel se rendra d'abord à la Boisserie, la résidence familiale qui est devenue en partie un musée. Puis il se recueillera sur la tombe blanche où Charles de Gaulle repose, aux côtés de son épouse Yvonne et de sa fille Anne, dans le cimetière qui jouxte l'église.
Il participera ensuite à une cérémonie militaire devant la Croix de Lorraine, immense monument en granit rose de 43,50 m dominant les vignes environnantes, qui seront survolées par la Patrouille de France.
Aucun discours n'est prévu et la messe du souvenir qui se déroule chaque année a été annulée en raison de l'épidémie.
Après 1970, le « pèlerinage du 9 novembre » était devenu un rendez-vous incontournable pour les élus gaullistes. Les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n'y ont pas dérogé, tandis que le socialiste François Hollande ne s'est rendu qu'à une reprise à Colombey durant son quinquennat.
Pour Emmanuel Macron, ce second déplacement dans le village de Haute-Marne depuis son élection marque la fin des célébrations de l'année de Gaulle, organisée pour les anniversaires de sa naissance il y a 130 ans, de l'Appel du 18 Juin il y a 80 ans et de sa mort.
« L'esprit de résilience »
Elles lui ont donné l'occasion de se mettre dans les pas du fondateur de la Ve République, devenu aujourd'hui une figure tutélaire célébrée de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, chacun revendiquant une partie de son héritage.
« Chacun s'est approprié sa part, même les communistes. Tous ceux qui font référence à la politique du général de Gaulle respectent sa Constitution, celle de la Ve République », remarque son fils Philippe de Gaulle, âgé de 98 ans, interrogé par Paris-Match. « Mais, au fil des élections, l'empreinte de mon père s'est estompée », ajoute cet ancien amiral et sénateur.
Pour l'Elysée, Charles de Gaulle « incarne avec force et vigueur l'esprit de la nation française: il a réussi à rassembler les Français pour qu'ils fassent preuve de résilience et de volonté face aux épreuves ».
Autant de valeurs auxquelles fait appel, dans ses discours, Emmanuel Macron face aux « épreuves » actuelles que sont l'épidémie du Covid-19 et les attaques terroristes des dernières semaines.
C'est dans cet esprit que le chef de l'Etat présidera aussi cette semaine les cérémonies de l'Armistice du 11 novembre 1918, marquées par le centenaire de l'inhumation du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe et l'entrée au Panthéon de l'écrivain Maurice Genevoix, auteur de « Ceux de 14 » sur les combattants de la Grande guerre.
Malgré la crise sanitaire, ces célébrations mémorielles ont été maintenues afin de « préserver les grands moments de communion nationale », a expliqué l'Elysée.
Cinquante ans après sa mort, Charles de Gaulle reste une figure d'une richesse inépuisable: une vingtaine de livres lui ont été consacrés depuis la rentrée, et la télévision multiplie les émissions, dont l'ambitieuse série « De Gaulle, l'éclat et le secret », diffusée actuellement par France 3.
« L'attraction qu'il exerce encore est incontestable: il suffit de regarder les sondages. Sa popularité en tant qu'homme du 18-Juin est sans équivalent dans l'histoire », souligne Eric Roussel, auteur de « De Gaulle monument français ».