Covid-19: le bilan s'alourdit en France, en attendant les effets du confinement

Olivier Véran, le ministre français de la Santé, s'adressant à des soignants. (AFP)
Olivier Véran, le ministre français de la Santé, s'adressant à des soignants. (AFP)
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Publié le Lundi 09 novembre 2020

Covid-19: le bilan s'alourdit en France, en attendant les effets du confinement

  • Les premières mesures prises « ont permis d'avoir une forme de ralentissement de la progression de l'épidémie mais il est trop tôt pour juger de l'effet du reconfinement »
  • En attendant, le gouvernement a de nouveau écarté dimanche un confinement ciblé pour les personnes âgées

PARIS : La France va-t-elle bientôt voir les premiers effets du confinement ? La question est dans tous les esprits alors que les contaminations grimpent et que le bilan dépasse désormais les 40.000 morts depuis le début de l'épidémie.

Les premières mesures prises « ont permis d'avoir une forme de ralentissement de la progression de l'épidémie mais il est trop tôt pour juger de l'effet du reconfinement », a estimé dimanche Olivier Véran sur France Inter/franceinfo/Le Monde. 

Le ministre de la Santé a donné rendez-vous en fin de semaine prochaine ou début de semaine suivante pour « faire le bilan » et annoncer au besoin des « mesures complémentaires ».

En attendant, le gouvernement a de nouveau écarté dimanche un confinement ciblé pour les personnes âgées. 

« Aujourd'hui ce n'est clairement pas le scénario que nous envisageons », a affirmé M. Véran, sans écarter « définitivement » cette hypothèse. Quant à celle de « mesures de contrôle » des personnes testées positives au Covid-19, elle justifierait le cas échéant « un débat démocratique ». 

A l'approche des fêtes de fin d'année, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a reconnu que les Français ne pourraient pas vivre un Noël comme d'habitude. Mais « nous ne voulons pas d'un Noël en visio. Nous voulons que les Français puissent fêter Noël le plus normalement possible », a-t-il assuré.

Interrogé sur LCI, le chef des urgences de l'hôpital George Pompidou, Philippe Juvin, a mis en garde contre l'espoir d'un déconfinement rapide. « On ne pourra déconfiner que quand la décrue sera confirmée », a-t-il souligné, en rappelant que ce pic devrait être suivi d'un « plateau », avant que la baisse des entrées en réanimation s'enclenche. 

306 malades du Covid-19 sont décédés dans les dernières 24 heures, portant le bilan à 40.169 morts, selon les données officielles samedi. Avec 4.410 patients en réanimation et soins intensifs, contre 3.721 au début de la semaine, la pression est considérable sur ces services hospitaliers. La capacité totale d'accueil a été portée de 5.000 à 6.400 lits, avec un objectif à 7.500 ces jours-ci, qui pourrait encore être relevé à 10.500 lits. 

 Recensement incomplet

La situation est tendue dans plusieurs régions: de premiers transferts de malades du Covid-19 ont organisés au sein du pays, et, depuis jeudi et vendredi, de la région Grand Est vers l'Allemagne. 

Dimanche l'Agence régionale de santé (ARS) d'Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé envisager 200 nouveaux transferts de patients pour désengorger ses hôpitaux, selon son directeur général, Jean-Yves Grall, sur Franceinfo.

Pour sa part, l'ARS des Hauts de France a indiqué que les équipes médicales constatent « un accroissement de la sévérité des cas pris en charge en réanimation, avec actuellement 45 patients dont l’état est considéré comme très grave ».

Le nombre de nouvelles contaminations n'a pas été communiqué samedi, après un embouteillage informatique provoqué par l'afflux de tests, qui avait rendu leur recensement incomplet depuis plusieurs jours. Des données corrigées seront publiées lundi.

Vendredi, Santé publique France avait fait état d'un nouveau record avec plus de 60.000 cas positifs, soit deux fois les niveaux constatés à la mi-octobre.

En visite auprès des soignants dans la Loire, département où la situation sanitaire est la plus dégradée de France, le Premier ministre Jean Castex a répété samedi que « la meilleure chose est d'éviter que des malades arrivent à l'hôpital, plutôt qu'ils en soient évacués. Et pour ça, il n'y a pas d'autre solution que de respecter strictement le confinement et les gestes barrières ».

Comme au printemps, le ministère de la Santé a pris des mesures pour permettre la continuité des traitements et des soins durant le confinement, mais aussi la prise de contraception, la pratique des IVG médicamenteuses et les traitements de substitution aux opiacés. 

Interdire le « Black Friday » ?

Sur le front économique, quatre fédérations de magasins de centre-ville et centres commerciaux ont demandé au gouvernement de restreindre les ventes en ligne « aux seuls produits de première nécessité » et d'interdire le « Black Friday », dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche. Elles réclament aussi de pouvoir rouvrir les commerces "non essentiels" dès le 12 novembre.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire prévient de son côté qu'une réouverture « ne pourra (...) s'envisager qu'avec de nouvelles règles sanitaires », dans une interview au même hebdomadaire. 

Le Conseil d'Etat a maintenu samedi l'interdiction des cérémonies religieuses avec un large public, tout en invitant le gouvernement à clarifier certaines règles.

Par ailleurs, face aux demandes insistantes dans la communauté médicale de fermeture des lycées et des collèges, et à la colère dans les établissements scolaires face à un protocole sanitaire jugé insuffisant, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a encouragé les cours à distance pour les lycéens, tout en conservant un minimum de 50% en classe.


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.