BAGDAD: La mission de l'ONU en Irak a réclamé lundi un "dialogue sans conditions préalables" entre les forces politiques du pays pour former un gouvernement et trouver une issue à une "crise prolongée qui engendre plus d'instabilité", un an jour pour jour après les dernières législatives.
L'Irak avait organisé le 10 octobre 2021 des législatives anticipées sous la pression d'une contestation populaire inédite, déclenchée à l'automne 2019 pour changer le système et dénoncer pêle-mêle politiciens corrompus, chômage des jeunes et déliquescence des infrastructures, dans un pays pourtant extrêmement riche en pétrole.
Mais un an plus tard, les mêmes barons de la politique ont conservé le pouvoir. Malgré des tractions interminables, ils n'ont pas réussi à s'entendre pour faire élire un nouveau président ni désigner un Premier ministre.
"Tous les acteurs doivent s'engager dans un dialogue sans conditions préalables", a exigé lundi dans un communiqué la mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Manui).
"Via le compromis, ils doivent s'accorder collectivement sur des issues essentielles (...) pour répondre aux besoins du peuple irakien et former un gouvernement efficace et doté des pleins pouvoirs. Le temps de l'action, c'est maintenant", ajoute le texte.
Ces derniers mois, le bras de fer entre les deux grands pôles politiques de la communauté musulmane chiite, majoritaire en Irak, n'a fait que s'aggraver.
D'un côté, l'imprévisible Moqtada Sadr réclame une dissolution du Parlement et des législatives anticipées.
De l'autre, le Cadre de coordination, alliance de factions chiites pro-Iran incluant les ex- paramilitaires du Hachd al-Chaabi, veut un nouveau gouvernement avant tout scrutin.
L'épreuve de force a atteint son paroxysme le 29 août, quand plus de 30 partisans sadristes ont été tués dans des combats contre l'armée et le Hachd al-Chaabi, intégré aux troupes régulières en 2017.
"Aujourd'hui l'Irak commence à manquer de temps. La crise prolongée engendre plus d'instabilité, comme en témoignent les récents événements", a affirmé la mission onusienne, soulignant qu'il était "impératif" d'adopter "avant la fin de l'année" le nouveau budget 2023.
L'ambassade de France en Irak a apporté son soutien à la Manui dans un communiqué, appelant "urgemment toutes les parties prenantes à s'investir dans un vrai dialogue sans préconditions et avec une volonté sincère de compromis."