L’élection de Biden laisse Paris espérer plus de coopération avec Washington

Allocution de Joe Biden, nouvellement élu à la présidence des Etats-Unis, le 7 novembre (Photo, Andrew HARNIK/POOL/AFP).
Allocution de Joe Biden, nouvellement élu à la présidence des Etats-Unis, le 7 novembre (Photo, Andrew HARNIK/POOL/AFP).
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

L’élection de Biden laisse Paris espérer plus de coopération avec Washington

  • Le président français a félicité Joe Biden samedi soir en même temps que plusieurs autres dirigeants européens
  • Emmanuel Macron va ainsi découvrir son deuxième président américain après Donald Trump qu'il n'a, malgré des poignées de main viriles, jamais réussi à amadouer

PARIS: Nouveau président, nouveau style mais quelle politique ? Avec l'élection de Joe Biden aux Etats-Unis, Emmanuel Macron peut espérer le retour d'une relation plus coopérative sur certains dossiers multilatéraux, comme l'Accord de Paris sur le climat, mais sans s'attendre non plus à une révolution.

Les deux hommes, qui ne se sont encore jamais rencontrés, doivent s'appeler en début de semaine, selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Le président français a félicité Joe Biden samedi soir en même temps que plusieurs autres dirigeants européens qui, à l'initiative de Paris et Berlin, s'étaient coordonnés pour saluer d'une même voix l'annonce de la victoire du dirigeant démocrate de 77 ans.

Emmanuel Macron va ainsi découvrir son deuxième président américain après Donald Trump qu'il n'a, malgré des poignées de main viriles, jamais réussi à amadouer.

A peine installé à l'Elysée en 2017, le jeune président français s'était lancé dans une offensive de charme, invitant Donald Trump à dîner à la Tour Eiffel et au défilé militaire du 14 juillet. Sans parvenir à dissuader le milliardaire de se retirer de l'Accord de Paris, premier sujet de tension, lorsque Macron a détourné un slogan trumpien pour appeler à « make our planet great again », suivi de nombreux autres, sur le nucléaire iranien ou le désengagement des troupes américaines au Moyen-Orient.

En retour, Donald Trump ne s'est pas privé de critiquer Emmanuel Macron, pointant sa « très faible cote de popularité » au moment de la crise des « gilets jaunes » et même sa « bêtise » sur son projet de taxer les Gafa.

Avec Joe Biden, on peut s'attendre à un retour à une diplomatie plus traditionnelle et plus polie. Si le locataire de l'Elysée et le futur occupant de la Maison Blanche ne se connaissent pas, « un certain nombre de conseillers de Joe Biden étaient déjà aux affaires durant l'administration Obama et ont donc des relations avec nos diplomates », explique l'entourage du président français. Comme Philippe Etienne, ex-conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron et ambassadeur à Washington.

Ces ponts existent à plusieurs niveaux. Antony Blinken, conseiller en politique étrangère de Joe Biden, a fait ses études de droit à Paris. Jill Biden, l'épouse de l'ancien vice-président, est enseignante comme Brigitte Macron.

« Pas d'illusion »

Sur le fond, Paris mise ainsi sur le « retour à une approche coopérative », selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui attend notamment « beaucoup de la nouvelle administration » américaine sur « la gestion de la pandémie » du Covid-19, « la recherche d’un vaccin, la question de l'OMS ».

L'élection de Biden « permet des ouvertures, en particulier sur le climat, avec son annonce du retour dans l'Accord de Paris, et sur le multilatéralisme. La France s'en réjouit », ajoute-t-on à l'Elysée.

Mais, même si « ce sera un bon président pour la planète », « il ne faut pas avoir de l'illusion sur ce que peut faire Biden », prévient l'ex-président François Hollande dimanche sur France 3. Joe Biden « continuera d'une certaine façon la politique d'Obama et pour partie celle de Trump dans les contentieux qu'il veut ouvrir, notamment sur le plan commercial » avec la Chine mais aussi l'Europe, ajoute-t-il.

Dès jeudi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait fait valoir qu'on « ne reviendrait pas à un espèce de bon vieux temps de la relation transatlantique ».

Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on dit qu'il faut attendre ce qu'annoncera Washington sur les accords commerciaux, l'Iran, la Chine, le Moyen-Orient... « Le désengagement des Etats-Unis n'a pas commencé avec Trump mais avec Obama, qui a initié le pivot asiatique et Pacifique », rappelle une source au sein de l'exécutif.

Sur l'Otan, que Macron a jugé « en état de mort cérébrale », Paris ne s'attend pas non plus à un changement radical car la pression sur les membres européens avait là-aussi déjà commencé sous Obama.

Dès lors, Paris insiste, au-delà d'une refondation de sa relation avec Washington, sur l'impératif pour l'Europe de se définir comme une puissance géopolitique, comme l'a déclaré la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. « Les Européens doivent affirmer la défense de leurs propres intérêts, de leur souveraineté par exemple dans le domaine du numérique, de la sécurité ou même des valeurs », dit l'Elysée.

« Nous Européens allons être souvent en désaccord avec lui (Biden), mais la communication sera meilleure, les disputes plus loyales et l'ambiance beaucoup plus convenable », résume Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.