DJEDDAH: Les cinéphiles peuvent se réjouir: ils assisteront à des projections de versions restaurées de deux classiques du cinéma musical égyptien, lors du deuxième Festival international du film de la mer Rouge à Djeddah, qui se tiendra en décembre.
En collaboration avec Arab Radio et Television Network, la société holding d'investissement pour le cinéma du ministère égyptien de la Culture, et Media Production City en Égypte, le festival présentera sur grand écran pour un public international Khali Balak min Zouzou («Méfie-toi de Zouzou»), qui date de 1972 et Gharam fil Karnak («Amours à Karnak»), sorti en 1967.
Mohammed al-Turki, PDG du festival international de la mer Rouge se félicite de ces projections très attendues. «Notre festival s’enrichit de deux joyaux, des films qui ne représentent pas seulement des jalons majeurs dans l'histoire du cinéma égyptien, mais témoignent de l'éclat de grands artistes, comme la regrettée actrice Souad Hosni, la "Cendrillon du cinéma égyptien", et l'artiste aux multiples talents, Mahmoud Reda», affirme-t-il à Arab News.
Reda, décédé en 2020, était un célèbre chorégraphe égyptien. Il était également l’esprit créatif qui se cachait derrière les chorégraphies de danse fantastiques dans un grand nombre de films, dont Agazet Nus el-Sana («Vacances en milieu d’année») et Harami el-Waraqa («Le voleur du billet de loterie»).
«Nous voulions rendre hommage au grand chorégraphe Mahmoud Reda, décédé durant la pandémie. La restauration d’Amours à Karnak est une lettre d’amour du festival de la mer Rouge pour cet artiste exceptionnel qui a fait rayonner la danse égyptienne contemporaine à travers le monde», raconte à Arab News Antoine Khalifé, directeur des programmes arabes et des classiques du cinéma du festival.
Dans Amours à Karnak, les séquences de danse de Reda constituent la clé de l'intrigue alors qu'un groupe de jeunes danseurs tente de frapper un grand coup dans le secteur du divertissement tout en luttant pour joindre les deux bouts. Par ailleurs, la danseuse principale Amina et le directeur de la troupe, Salah, commencent à éprouver l’un pour l’autre des sentiments amoureux, ce qui entraîne une série de malentendus qui compliquent les choses pour tout le monde.
Le film a été largement acclamé pour la position qu'il occupe dans l'histoire du cinéma arabe. Sa restauration et sa projection au festival sont destinées à rendre hommage à ses créateurs et interprètes, source d'inspiration pour les cinéastes en herbe et preuve du dynamisme et de l'importance de l'industrie cinématographique arabe au fil des ans.
«La préservation du patrimoine cinématographique est au cœur du festival de la mer Rouge depuis la première année», soutient Khalifé. «Nous avons commencé par restaurer les films du photographe et directeur de la photographie saoudien Safouh Naamani, puis nous avons travaillé pour mettre en valeur le travail de cinéastes importants tels que Khairy Béchara, Youssef Chahine et Raafat el-Mehy.»
Méfie-toi de Zouzou, qui sera projeté au festival pour marquer les cinquante ans de sa sortie, est une histoire d'amour où s’imbriquent des sujets de société qui mettent en vedette Souad Hosni, l'une des actrices les plus aimées du monde arabe.
Elle interprète le rôle de Zouzou, une jeune femme à qui tout semble sourire: elle a réussi ses études, est populaire et intelligente. Cependant, sa véritable passion est de se produire sur scène, et elle pratique donc son métier le soir en chantant et en dansant pour les amis de sa mère lors de soirées privées.
Au vu de la nature scandaleuse de son travail dans l'Égypte des années 1970, elle essaie de garder sa vie d'interprète secrète. Cela semble fonctionner jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse d'un nouveau professeur d'université qui enseigne les arts théâtraux. La situation devient de plus en plus compliquée lorsque son fiancé apprend la romance en train de germer entre eux.
Méfie-toi de Zouzou est devenu l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma arabe et a fait de son couple d’acteurs principaux, Souad Hosni et Hussein Fahmi, des vedettes, tandis que la musique de Salah Jahin et Kamal el-Tawil, ne manquera pas de susciter des sentiments de nostalgie chez le public qui découvre la version restaurée du film, reflétant l'amour intemporel pour le cinéma arabe et égyptien.
«Cette année, nous ne pouvions pas manquer Méfie-toi de Zouzou, car il a eu un impact immense sur des générations, non seulement grâce à de magnifiques chansons et à la sublime Souad Hosni, mais surtout en raison de la modernité de l’histoire à l’époque de sa création», souligne Khalifé.
Al-Turki, lui-même producteur de films, insiste sur l'importance des projets de restauration de films dans la préservation de la culture et de la créativité arabes.
«Cette initiative a été prise par la Fondation du festival de la mer Rouge pour confirmer notre engagement et notre sens des responsabilités envers la préservation de ce précieux patrimoine cinématographique, et en reconnaissance de son importance dans la formation de la mémoire et de la conscience des cinéphiles», ajoute-t-il.
«En les ressuscitant et en les transmettant à de nouvelles générations d'artistes et de cinéastes, nous pouvons tous apprendre de ces chefs-d'œuvre restaurés, en profiter à nouveau à la lumière des techniques de restauration modernes, et même redonner un air de jouvence à notre inspiration, en faisant évoluer nos projets pour l'art cinématographique.»
«Cette démarche n'a pas été uniquement accomplie avec des objectifs cinématographiques mais également culturels. Les arts, et notamment le cinéma, sont les miroirs des sociétés, et dans leur restauration réside la préservation du patrimoine, la renaissance des civilisations et les pierres angulaires de leurs identités», soutient Al-Turki.
Les classiques égyptiens restaurés font partie d'un futur programme de films régionaux et internationaux qui seront projetés pendant le festival à Djeddah entre le 1er et le 10 décembre. Les organisateurs ont indiqué qu'il inclura un programme rétrospectif célébrant les grands noms du secteur, et présentera au public de nouvelles voix locales et internationales. Il vise à approfondir le discours et les échanges culturels à travers des concours cinématographiques, des masterclass et des ateliers.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com