Les enjeux de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël

Une vue de la région de Naqoura au Liban, à la pointe sud du pays, juste avant la frontière avec Israël. (AFP).
Une vue de la région de Naqoura au Liban, à la pointe sud du pays, juste avant la frontière avec Israël. (AFP).
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Les enjeux de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël

  • Des responsables libanais et israéliens ont déclaré ces derniers jours qu'ils étaient sur le point de parvenir à un accord définitif
  • Le Hezbollah tente de présenter l’extraction de richesses gazières par le Liban comme solution miraculeuse pour sauver le pays en plein effondrement

PARIS: C’est le temps de la diplomatie et non plus celui des bruits de bottes entre le Liban et Israël. On observe un optimisme nuancé quant à l’imminence d’un accord délimitant les frontières maritimes dans une zone disputée et riche en pétrole et en gaz.

Malgré tout, en se rapprochant d’une supposée conclusion, on craint l’apparition de détails non réglés et de difficultés de dernière minute concernant les priorités internes des deux parties. Quelle que soit l’évolution de la situation dans les prochaines semaines, les dimensions stratégiques et énergétiques de cette question accroissent l’importance des enjeux et la nécessité d’aboutir à un règlement de ce litige frontalier pour assurer la stabilité et fournir de nouvelles ressources pour une région éprouvée et un Liban exsangue.

L’enjeu énergétique et la médiation américaine

Depuis juin dernier, tout s’accélère dans les négociations menées par le médiateur américain, Amos Hochstein, chargé des négociations indirectes sur la frontière maritime entre le Liban et Israël. C’est sans doute lié à l’arrivée d'un navire d'extraction de gaz à proximité du champ de Karish.

Des responsables libanais et israéliens ont déclaré ces derniers jours qu'ils étaient sur le point de parvenir à un accord définitif. Récemment, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a déclaré que son pays était bien conscient de «l'importance du marché prometteur de l'énergie en Méditerranée orientale pour la prospérité de tous les pays de la région, mais aussi pour répondre aux besoins des pays importateurs».

Des responsables libanais et israéliens ont déclaré ces derniers jours qu'ils étaient sur le point de parvenir à un accord définitif.

En effet, Chevron, la deuxième plus grande société pétrolière et gazière américaine, ainsi que plusieurs petites sociétés, produisent déjà du gaz à partir de deux gisements plus grands que Karish au large des côtes israéliennes. Cette implication prouve que les administrations américaines successives ont encouragé la croissance du commerce du gaz dans la région en aidant à négocier des accords entre des pays dont les relations étaient depuis longtemps tendues.

Depuis les années 1930, le pétrole et les hydrocarbures étaient à la tête des priorités de la politique américaine au Moyen-Orient. De surcroît, la crise ukrainienne a accéléré les efforts d'exploration et de production de gaz naturel pour aider certains pays à mettre fin à leur dépendance au gaz russe.

Le facteur du Hezbollah dans l’équation régionale

Depuis le milieu des années 1980, le Hezbollah pro-iranien (allié de Damas) s’impose comme l’acteur non étatique dominant dans le Sud libanais et de facto comme force face à Israël. Si la délimitation de la frontière terrestre après le retrait israélien du Liban en 2000 n’a pas été accomplie, permettant seulement l’installation d’une ligne bleue surveillée par la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), sur place depuis 1978, la question des frontières maritimes n’est pas en réalité pas l’apanage de l’État libanais, mais aussi du Hezbollah qui entre sur la ligne en s’appuyant sur son «noyautage» de l’État libanais avec l’étiquette «Patrie, armée et résistance».

Ces derniers mois, le Hezbollah (en «cohabitation» armée avec Israël sous l’égide de la résolution onusienne 1701) s’intéresse de près à cette question et tente de présenter l’extraction de richesses gazières par le Liban comme solution miraculeuse pour sauver le pays effondré (à la place de négociations avec le FMI). En août dernier, le lancement de drones par le Hezbollah près de la zone frontalière disputée, a été interprété comme un «message» pour soutenir le négociateur libanais!

hezbollah
En août dernier, le lancement de drones par le Hezbollah près de la zone frontalière disputée, a été interprété comme un «message» pour soutenir le négociateur libanais! (AFP).

Apparemment, les contacts officiels français avec Israël et le Hezbollah auraient permis de calmer le jeu et permettre la poursuite de la médiation américaine. Mais ceci ne signifie pas l’exclusion de l’hypothèse d’une escalade ou d’une épreuve de force dans le cas de la non-signature de l’accord attendu. Cependant, le besoin mondial de gaz incite toujours à un optimisme prudent.

Le pari européen sur l’alternative du gaz de la Méditerranée orientale

La conclusion d'un accord attendu sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël pourrait éventuellement conduire à une augmentation des approvisionnements en gaz naturel, ce qui serait une lueur d'espoir pour les pays européens en quête d'indépendance et vis-à-vis de la Russie.

Les gisements de gaz offshore en Méditerranée pourraient devenir l'une des nouvelles sources d'énergie, entre autres, pour de nombreux pays européens énergivores, qui se préparent à leur hiver le plus difficile compte tenu de la raréfaction de l'approvisionnement en gaz russe causée par la guerre en Ukraine.

L'augmentation de la production de gaz du champ disputé de Karish en Méditerranée ne compensera certainement pas la quantité que l'Europe recevait de la Russie, mais les experts en énergie affirment que l'accord israélo-libanais donnera un élan vital aux efforts visant à produire plus de gaz dans ce pays et cette partie du monde.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".