LEIPZIG : Des violences ont éclaté samedi à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne, entre les forces de l'ordre et des manifestants "anti-masques" alors que la police avait ordonné la dissolution d'un important rassemblement contre les restrictions prises face à la pandémie de coronavirus.
La police, qui par crainte de débordements s'était déployée en masse dans le centre-ville où se sont rassemblées quelque 20.000 personnes, a indiqué avoir procédé à "des arrestations" sans plus de précisions.
Auparavant, elle avait assuré qu'il y avait eu "de nombreuses attaques" contre les forces de l'ordre, évoquant des jets "d'objets" et de "feux d'artifice" tandis que les médias diffusaient des images de jets de projectiles.
Des heurts étaient toujours signalés dans la soirée.
Des manifestants ont aussi forcé un cordon de forces de l'ordre près de la gare centrale de Leipzig, selon la même source.
La police avait ordonné en fin d'après-midi la dissolution des manifestants car "90% d'entre eux" ne portaient pas de masque et ne respectaient pas la distance requise de 1,50 m entre deux personnes, selon le porte-parole de la police, Olaf Hoppe.
"Pas de dictature"
La municipalité de Leipzig avait aussi dénoncé des "infractions aux conditions" édictées pour autoriser la tenue de cette manifestation.
Certaines personnes, qui répondaient à l'appel d'un collectif hétéroclite se présentant comme des "libres penseurs", s'en sont pris à des journalistes et à des contre-manifestants qui avaient également prévu de défiler dans le centre de cette grande cité étudiante, fief de la mouvance de gauche radicale et anarchiste.
Mais faisant fi des ordres de dispersion, des centaines de personnes ont entamé un défilé sur l'une des grandes artères de Leipzig aux cris de "Merkel doit partir !" et "paix, liberté, pas de dictature", selon l'agence dpa.
Des "drapeaux du Reich" allemand, en souvenir de l'Empire disparu après la Première guerre mondiale, ont été agités dans la foule, a constaté l'AFP.
"Coupable"
Un groupe de protestataires brandissait des pancartes avec un photo-montage montrant la chancelière Angela Merkel et d'autres responsables politiques en tenue de bagnard barrée du mot "coupable" ("schuldig").
Ces opposants aux mesures liées à l'épidémie de Covid-19 agrègent notamment militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d'extrême droite.
"Pour moi il n’y a pas de virus, ils prennent la crise du coronavirus comme motif mais il y a d'autres choses derrière", a assuré à l'AFP une manifestante, Anne, 65 ans.
Un autre, Robert Köhn, 39 ans, martelait que les mesures prises par le gouvernement étaient "disproportionnées".
"Je vois simplement les dommages collatéraux que ces mesures entraînent : l'isolement des personnes, la faillite qui les menace", confiait-il.
La Saxe, l'Etat régional dans lequel se trouve Leipzig, est un bastion de l'extrême droite qui y réalise ses meilleurs scores depuis plusieurs années.
Les organisateurs, déjà à l'origine de plusieurs rassemblements cet été à Berlin et en octobre à Constance (sud-ouest), sont dans le collimateur des autorités depuis qu'à la fin août, plusieurs centaines de manifestants avaient forcé des barrières de sécurité pour monter sur les marches du siège de la chambre des députés (Bundestag).
L'Allemagne a été l'un des premiers pays européens où une telle opposition aux restrictions s'est manifestée. Avec le rebond de la pandémie cet automne sur le continent, des rassemblements contestataires ont eu lieu en Espagne et en Italie notamment, parfois accompagnés de heurts.
Ces échauffourées interviennent alors que le nombre de nouvelles infections quotidiennes a atteint ce samedi un record en Allemagne, à plus de 23.000, portant le nombre de morts depuis le début de la pandémie à 11.226.
Depuis lundi, les restaurants, bars, cafés mais aussi tous les musées, théâtres, salles de sport ont fermé leurs portes pour quatre semaines.
Bien que l'Allemagne n'ait pas décrété un confinement comme en France ou dans d'autres pays européens, ces nouvelles restrictions ont suscité un certain mécontentement dans une population qui a jusqu'ici plutôt approuvé et suivi scrupuleusement les directives sanitaires.