Sondage: Les Turcs sont préoccupés par l’immigration et le terrorisme, et sceptiques à l’égard des États-Unis

Un vendeur attend des clients à Istanbul. La confiance de la population turque dans les autres pays continue de baisser, selon une enquête. (AFP)
Un vendeur attend des clients à Istanbul. La confiance de la population turque dans les autres pays continue de baisser, selon une enquête. (AFP)
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Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Sondage: Les Turcs sont préoccupés par l’immigration et le terrorisme, et sceptiques à l’égard des États-Unis

  • La Turquie est le pays qui souhaite le moins que les États-Unis soient impliqués dans la défense et la sécurité de l’Europe
  • À l’échelle mondiale, la part des personnes interrogées qui considèrent le rôle de l’Otan dans la sécurité de leur pays comme important est de 78%

ANKARA: Sur le plan sécuritaire, les trois principaux défis auxquels est confronté le peuple turc sont l’immigration, le terrorisme et la guerre interétatique, tandis que les pays occidentaux sont principalement préoccupés par le changement climatique et la Russie. C’est ce qui ressort du dernier rapport sur les tendances transatlantiques publié jeudi dernier par le German Marshall Fund des États-Unis.

L’édition 2022 de l’enquête a été menée dans quatorze pays entre juin et juillet 2022. Les onze pays européens sont la France, l’Allemagne, l’Italie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, l’Espagne, la Suède et la Turquie. Les autres nations sont les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada.

La Turquie est aussi le pays qui souhaite le moins que les États-Unis soient impliqués dans la défense et la sécurité de l’Europe. Seuls 38% des Turcs soutiennent le rôle des États-Unis dans la sécurité européenne, contre 88% des Polonais, 86% des Lituaniens et 85% des Portugais.

Le scepticisme traditionnel à l’égard des États-Unis persiste au sein du peuple turc. Alors qu’une nette majorité de personnes interrogées en Europe approuvent la gestion des affaires internationales par le président américain, Joe Biden, l’approbation est la plus élevée en Pologne et la plus faible en Turquie.

Dans le même ordre d’idées, la Turquie est le seul pays où une large majorité (67%) a une perception négative de l’influence américaine.

«Les menaces à la sécurité perçues par la population turque diffèrent considérablement de celles de leurs alliés de l’Otan», déclare dans un entretien accordé à Arab News Nils Lange, chercheur à la Fondation Konrad-Adenauer (laboratoire d’idées allemand, NDLR) en Turquie.

«Il est important que les partenaires européens continuent de soutenir la Turquie en matière de migration, en particulier en période de grande tension, et que les alliés de l’Otan soutiennent et écoutent la Turquie dans la lutte contre le terrorisme», ajoute M. Lange.

L’enquête a été menée en Turquie auprès de 1 063 personnes physiques et de 500 autres en ligne entre mai et juillet, avec le soutien financier de la branche turque de la Fondation Konrad-Adenauer.

Les baisses les plus importantes concernant le statut de partenaire fiable ont été détectées pour la Pologne, la Turquie, les États-Unis et l’Espagne. La Turquie est toujours considérée comme le partenaire le moins fiable en moyenne avec 27% en 2022, contre 23% en 2021.

Les pays les moins enclins à considérer la Turquie comme fiable sont la Suède (11%), l’Allemagne (17%), la France (18%) et les Pays-Bas (19%).

En Turquie, la perception de la fiabilité des États-Unis a également chuté de 23% en 2021 à 17% cette année.

Le directeur du German Marshall Fund à Ankara, Ozgur Unluhisarcikli, estime qu’il s’agit de la conclusion la plus importante de l’enquête.

«Les alliances reposent sur des valeurs et des intérêts partagés, mais elles prospèrent grâce à la confiance mutuelle. La méfiance réciproque entre le public turc et les publics des alliés de la Turquie met en évidence le principal problème des liens entre la Turquie et ses alliés», confie-t-il à Arab News.

Alors que la confiance qu’accorde la population turque à d’autres pays continue de baisser, M. Lange affirme que, parmi les pays auxquels les Turcs se fient le moins, se trouve l’Allemagne, ce qui est surprenant, car cette dernière jouit traditionnellement d’un niveau de confiance relativement élevé en Turquie.

«Cependant, de son côté, la population allemande semble avoir très peu confiance en la Turquie», précise-t-il.

«Compte tenu du fait que la population turque considère l’Allemagne comme le pays le plus influent d’Europe, le gouvernement allemand devrait examiner de plus près ses relations avec la Turquie. Il devrait également décider de la manière dont les futures relations de la Turquie avec l’Europe devraient être façonnées.»

Selon M. Lange, l’attitude plutôt bien intentionnée de la population turque envers l’Allemagne et la perception négative qu’a la population allemande de la Turquie et de son gouvernement forment un contraste frappant qui devrait être résolu par une meilleure éducation.

«C’est un fait que l’Allemand moyen méconnaît grandement la Turquie et son peuple», soutient-il.

Environ trois millions de personnes d’origine turque vivent actuellement en Allemagne. Cette dernière a commencé à accueillir des travailleurs étrangers en provenance de la Turquie en 1961.

La Suède est perçue comme le partenaire le plus fiable parmi tous les pays étudiés (71%), à l’exception de la Turquie, qui ne lui accorde que 33%.

L’année dernière, les Turcs interrogés considéraient la Suède comme le deuxième pays le plus fiable après l’Allemagne.

«Il est vrai que nous accordons souvent beaucoup d’importance à la manière dont la politique peut être affectée par l’opinion publique. Le fait que la Suède soit passée de deuxième partenaire le plus fiable à partenaire le moins fiable en seulement une année montre à quel point les politiques nationales et étrangères ont une incidence sur l’opinion publique», explique M. Unluhisarcikli.

Bien que l’on constate un soutien écrasant en Europe (73%) à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, seuls 36% des Turcs sont favorables à cette initiative, tandis que près d’un tiers des personnes interrogées disent être fortement en désaccord avec cette adhésion.

À la fin du mois de juin, la Turquie est parvenue à un accord pour soutenir les candidatures des deux pays nordiques à l’Otan après une intense impasse diplomatique, puisqu’ils n’avaient pas réagi positivement aux demandes d’extradition d’Ankara.

De nombreux Turcs (58%) déclarent que l’Union européenne (UE) est importante pour la sécurité de leur pays. Par ailleurs, les jeunes personnes interrogées considèrent l’UE comme importante pour la sécurité nationale.

Cependant, une majorité de personnes interrogées dans tous les pays, à l’exception de la Turquie, considèrent l’influence de l’UE dans les affaires mondiales comme positive. Au total, 53% des Turcs la tiennent pour négative.

De même, les Turcs sont opposés aux influences russe et chinoise dans les affaires mondiales, qu’ils considèrent comme négatives à 66% et 68% respectivement. Dans la gestion des relations de leur pays avec la Chine et la Russie, 56% des Turcs interrogés préfèrent également adopter une approche indépendante.

M. Lange pense que ces résultats montrent que le désir du gouvernement turc de mettre en place une politique étrangère plus autonome gagne du terrain au sein de la société.

Les Turcs interrogés sont moins intéressés par le fait de travailler par l’intermédiaire de l’Otan (18%, contre 27% en moyenne parmi les pays non membres de l’UE) et 13% souhaitent travailler avec l’UE (contre une moyenne de 16% parmi les pays non membres de l’UE).

Selon M. Unluhisarcikli, ces statistiques reflètent les tendances unilatéralistes de la société turque, principalement dues à la méfiance qu’elle éprouve envers les alliés.

À l’échelle mondiale, la part des personnes interrogées considérant le rôle de l’Otan dans la sécurité de leur pays comme important est de 78%, soit une augmentation de onze points par rapport à 2021, tandis qu’en Turquie, elle est de 65%, soit une baisse de quatre points par rapport à l’année dernière.

Au sein de la communauté transatlantique, les personnes interrogées considèrent l’Allemagne comme le pays le plus influent d’Europe. Elle est suivie par la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et la Turquie.

Une majorité de personnes interrogées en Turquie souhaitent que leur pays relève les défis mondiaux en travaillant exclusivement avec les démocraties.

Cependant, la part des Turcs qui affirment que la situation de la démocratie dans leur pays est bonne est passée de 35% à 21% en un an, tandis que près de la moitié d’entre eux déclarent que la démocratie constitue en danger, un chiffre qui a augmenté de sept points par rapport à l’année dernière.

En ce qui concerne les réactions à la guerre en Ukraine, les Turcs ont adopté une position équilibrée. Seuls 42% sont favorables à la poursuite de la Russie pour crimes de guerre (moyenne de 74%) et 43% soutiennent des sanctions économiques plus fortes contre la Russie (moyenne de 71%).

De même, seulement 34% des Turcs approuvent l’offre d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan (moyenne de 58%), tandis que 46% d’entre eux soutiennent l’augmentation des fournitures et équipements militaires à l’Ukraine (moyenne de 66%); 45% sont favorables à la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour les avions russes au-dessus de l’Ukraine (moyenne de 64%).

«La majorité des Turcs s’opposent à l’adoption de sanctions contre la Russie parce qu’ils pensent qu’une telle ligne de conduite nuirait également à l’économie turque», souligne M. Unluhisarcikli.

«Le fait que la Turquie elle-même ait fait l’objet de sanctions ou de menaces de sanctions de la part des États-Unis et de pays européens au cours des dernières années ne peut pas non plus être ignoré. Les tendances unilatéralistes empêchent également le public turc de soutenir automatiquement les initiatives transatlantiques», poursuit-il.

Transatlantic Trends est un projet codirigé par le German Marshall Fund et la Fondation Bertelsmann (Amérique du Nord).


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Plus de 200 personnalités demandent la libération du dirigeant palestinien Marwan Barghouti

Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
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  • Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille
  • La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza

PARIS: Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002.

Marwan Barghouti, 66 ans et ancien cadre du Fatah, défend une résolution politique au conflit israélo-palestinien. Parfois surnommé par ses partisans le "Mandela palestinien", il est connu pour sa lutte contre la corruption et est cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas.

La lettre ouverte, consultée par l'AFP, réunit des stars du cinéma comme Josh O'Connor, Benedict Cumberbatch et Javier Bardem, ainsi que des musiciens tels que Fontaines D.C. et Sting. Les autrices à succès Sally Rooney, Annie Ernaux ou Margaret Atwood ont également apporté leur soutien, tout comme les anciens footballeurs Éric Cantona et Gary Lineker.

"Nous exprimons notre vive inquiétude face à la détention continue de Marwan Barghouti, à ses mauvais traitements et au déni de ses droits légaux en prison", écrivent-ils, appelant "les Nations Unies et les gouvernements du monde à œuvrer activement" pour sa libération.

Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille. La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Marwan Barghouti a été condamné à cinq peines de prison à vie par un tribunal israélien, qui l'a reconnu coupable d'implication dans des attaques meurtrières durant la seconde intifada (2000-2005).

Israël a refusé de le libérer dans le cadre des échanges de prisonniers, effectués depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Son fils a déclaré en octobre qu'il avait été violemment battu par des gardiens israéliens lors d'un transfert de prison. En août, le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir a diffusé une vidéo où il prend à partie et sermonne Marwan Barghouti, apparaissant affaibli dans sa cellule.


Ukraine: «aucun compromis» sur les territoires occupés après une rencontre Poutine-Witkoff à Moscou

"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
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  • M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington
  • "Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts"

MOSCOU: "Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.

M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington il y a deux semaines et depuis retravaillé lors de consultations avec les Ukrainiens.

"Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19% du pays, "aucune solution de compromis n'a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé M. Ouchakov.

Il a qualifié la discussion d'"utile", mais prévenu qu'il "reste encore beaucoup de travail" pour parvenir à un accord, alors que les troupes russes ont accéléré leur avancée sur le front.

"Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l'avenir", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur la chaîne Fox News, sans qu'il soit précisé s'il s'exprimait après la fin des pourparlers.

Après cet entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l'AFP.

"Nous sommes prêts" 

Quelques heures avant sa rencontre avec les Américains, Vladimir Poutine avait menacé les Européens, les accusant de chercher à "empêcher" les efforts de Washington pour mettre fin au conflit.

"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a-t-il lancé aux journalistes, en marge d'un forum économique.

Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe".

Le président américain Donald Trump a répété mardi que le règlement du conflit en Ukraine était une question complexe. "Ce n'est pas une situation facile, croyez-moi. Quel gâchis", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.

Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.

Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.

Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.

Accélération russe 

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux centres de réflexion américains spécialisés dans l'étude des conflits.

En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.

En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).

En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption impliquant ses proches et qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.

 


Bissau: formation d'un gouvernement, le président renversé est à Brazzaville

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
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  • La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre
  • Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale

BISSAU: La junte au pouvoir en Guinée-Bissau a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils, quatre jours après avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo, qui est arrivé à Brazzaville.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques.

La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale. Quatre femmes intègrent aussi le gouvernement.

M. N'Tam a exhorté le nouveau gouvernement à "lutter contre la corruption et le trafic de drogue", dans ce pays très pauvre et considéré comme une plaque tournante de ce trafic entre l'Amérique latine et l'Europe.

Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, M. Embalo "est arrivé à Brazzaville pour y rester", a affirmé samedi à l'AFP une source proche de la présidence congolaise, sous couvert de l'anonymat.

Echauffourées 

M. Embalo, 53 ans, est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, et s'est rendu à plusieurs reprises en visite au Congo.

"Le président Embalo est arrivé en fin de matinée à Brazzaville à bord d'un jet privé affrété par les autorités", a indiqué à l'AFP une source proche du pouvoir congolais, jointe depuis Bissau.

Dans la capitale bissau-guinéenne, le Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), puissante et historique formation d'opposition, a dénoncé l'"envahissement" de son siège samedi matin dans la capitale et des "dégradations" par des "miliciens armés".

Selon le PAIGC, ces derniers ont "procédé à l'expulsion de toutes les personnes qui s'y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations".

Le principal opposant Domingos Simoes Pereira - dirigeant du PAIGC, parti ayant mené la Guinée-Bissau à l'indépendance en 1974 - avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d'opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin.

M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.

Dans une déclaration jeudi à l'AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d'avoir "organisé" le coup d'Etat pour empêcher son accession au pouvoir.

M. Dias affirme être "en sécurité" et se cacher dans le pays.

Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans la matinée dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de M. Dias, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mercredi, les auteurs du putsch avaient expliqué vouloir garantir la "sécurité au niveau national et rétablir l'ordre", évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

Des opposants et des experts soupçonnent néanmoins M. Embalo, au pouvoir depuis 2020, d'avoir orchestré lui-même son renversement afin d'arrêter le processus électoral.

Coup "factice" 

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a dénoncé une "violation des principes démocratiques".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels". L'Union africaine (UA) a également suspendu le pays de ses instances.

Samedi, le président du Conseil des Sages et ancien chef d'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui faisait partie des observateurs des scrutins du 23 novembre, a à nouveau affirmé que le coup d'état était selon lui "factice".

Il répondait à un journaliste de la télévision nationale après avoir briefé le président nigérian Bola Tinubu sur la situation en Guinée-Bissau.

"C'est une cérémonie mise en scène par le chef de l'Etat (Embalo, NDLR) lui même", a-t-il accusé. "Nous sommes fatigués de tout cela en Afrique....", a-t-il fustigé.

La Guinée-Bissau, située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), a déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.