BEYROUTH: Le Liban adoptera un nouveau taux de change officiel de 15 000 livres pour un dollar américain début novembre, a annoncé jeudi le ministère des Finances dans un contexte de profonde crise économique qui sévit depuis trois ans.
La monnaie nationale, fixée officiellement depuis 1997 au taux de 1 507 livres pour un dollar, a perdu depuis 2019 environ 95% de sa valeur.
"Le ministère des Finances et la Banque centrale se sont entendus sur l'adoption du taux de 15 000 livres libanaises pour un dollar", a annoncé le ministère dans un communiqué.
Une information confirmée par une source au sein de la Banque centrale.
"Cette mesure entrera en vigueur à partir du 1er novembre 2022" et constituera "un premier pas" vers l'unification des multiples taux de change en vigueur au Liban, selon le ministère.
Le dollar s'échangeait toutefois jeudi aux alentours de 38 400 livres sur le marché noir.
Le 19 septembre, la livre libanaise avait enregistré un nouveau plus bas face au dollar américain, s'échangeant à 38 500 pour un billet vert.
Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, marquée par une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de la devise nationale, une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries.
Le nouveau taux de change "reste bien en deçà de celui du marché noir", a souligné l'économiste Nasser Saïdi à l'AFP. "Nous ajoutons un taux de plus à ceux qui existent déjà (...) Ce qui implique une augmentation de l'inflation et des prix".
La modification du taux de change officiel intervient après la visite la semaine dernière d'une délégation du Fonds monétaire international (FMI) qui exige la mise en place de réformes nécessaires pour débloquer une aide de trois milliards de dollars.
Parmi ces réformes, l'unification du taux de change, la réforme de la loi sur le secret bancaire, la restructuration du secteur bancaire et une loi sur le contrôle des capitaux.
Le budget 2022, également exigé par le FMI, a été adopté cette semaine.
Ces réformes doivent être promulguées "avant la présidentielle", avait indiqué le ministre libanais de l'Economie par intérim, Amine Salam.
Celle-ci est prévue en novembre, après l'expiration le 31 octobre du mandat de six ans de l'ex-général Michel Aoun, 87 ans, mais plusieurs experts prédisent un report du scrutin en raison de fortes divergences politiques.
Quatre Libanais sur cinq vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté selon l'ONU, une paupérisation accélérée par une inflation à trois chiffres.