PARIS: Le principal syndicat d'internes en médecine a annoncé lundi "une grande mobilisation" au mois d'octobre "allant jusqu'à la grève", pour protester contre l'allongement d'un an de leurs études, que le gouvernement souhaite orienter "en priorité" vers les déserts médicaux.
La quatrième année d'internat ne passe pas chez les carabins. Le budget de la Sécurité sociale pour 2023 prévoit en effet d'ajouter une "année de consolidation" au cursus des futurs généralistes, qui serait effectuée hors de l'hôpital et "en priorité dans des zones sous-dotées".
L'objectif affiché est "d'améliorer la formation des jeunes médecins et faciliter leur installation ultérieure", a expliqué le ministre de la Santé, François Braun, lundi soir lors d'une audition sur ce projet de loi devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Cette prolongation est même "demandée par les professionnels de santé", qui estiment "qu'en trois ans ils n'ont pas un niveau de formation satisfaisant", notamment en matière de pédiatrie, de gynécologie et de gestion d'un cabinet médical, raison pour laquelle "les jeunes s'installent extrêmement peu et préfèrent faire une deux années de remplacement" en début de carrière, a-t il ajouté.
M. Braun a aussi rappelé que "le président de la République s'y était engagé". En campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron avait en effet promis de "déployer la quatrième année d'internat pour les médecins généralistes dans les zones rurales", présentée comme un moyen parmi d'autres d'envoyer "un renfort massif dans les déserts médicaux".
Mais l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) y voit une "injustice" et "s'oppose formellement" à cette mesure "coercitive", dont elle n'attend "aucune solution aux problèmes d'accès aux soins", selon un communiqué diffusé lundi matin.
Accusant l'exécutif "d'instrumentaliser les médecins en formation pour (y) répondre à moindre frais", l'Isni déplore une réforme "menée sans concertation" et prédit qu'elle "court au désastre".
Sa présidente, Olivia Fraigneau, annonce qu'elle "lancera une grande mobilisation à partir du mois d'octobre, allant jusqu'à la grève de tous les internes".
Le gouvernement vise néanmoins une entrée en vigueur de sa réforme à la rentrée universitaire 2023 et a missionné à cette fin "quatre professionnels de terrain reconnus" pour mener "la concertation qui requiert un tel engagement", a indiqué M. Braun, qui "ne doute pas que les débats seront riches sur ce sujet"