Le verre soufflé de Sarafand, « une manière d’exorciser le drame de Beyrouth »

« J’ai toujours été le dernier en classe. J’étais très turbulent à l’âge de 11 ans et je ne faisais qu’à ma tête. Alors mon père m’a retiré de l’école pour que j’apprenne à ses côtés l’art du verre soufflé », se rappelle ainsi l’artisan. (Fournie)
« J’ai toujours été le dernier en classe. J’étais très turbulent à l’âge de 11 ans et je ne faisais qu’à ma tête. Alors mon père m’a retiré de l’école pour que j’apprenne à ses côtés l’art du verre soufflé », se rappelle ainsi l’artisan. (Fournie)
Short Url
Publié le Dimanche 25 septembre 2022

Le verre soufflé de Sarafand, « une manière d’exorciser le drame de Beyrouth »

  • C’est quand les gens ont pris conscience de l’importance du recyclage qu’il y a eu un regard nouveau sur cet artisanat millénaire
  • L’explosion du 4 août a donné un second souffle à l’atelier de la famille Khalifé

Il paraît que parfois le malheur des uns fait le bonheur des autres. Alors que la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 a fait plus de 215 morts, près de 6.500 blessés et au moins 73.000 appartements détruits, un nombre inouï de verre brisé a été ramassé pour être recyclé. 

Destination Sarafand ! Cette petite ville côtière entre Sidon et Tyr se situe à 60 km au sud de la capitale libanaise. Prospère cité artisanale du temps des Phéniciens, elle est aujourd’hui célèbre pour la fabrication du verre soufflé, dans l’atelier de la famille Khalifé.

PHOTO
Il faut une grosse commande pour se permettre de construire et d’allumer un four et l’entretenir, pendant un ou deux mois. (Fournie)

Perpendiculairement de la rue principale de Sarafand, une ruelle ombragée mène tout droit vers deux bâtiments. En face se trouve la manufacture qu’on reconnaît immédiatement grâce aux fours allumés. Un jeune ouvrier est concentré à faire tourner du verre moelleux. Le maître-artisan, lui, est assis tranquillement, beaucoup plus à l’aise avec ses outils, en train de transformer le verre en un petit bibelot artisanal. Sur la droite se trouve une salle d’exposition, où l’on trouve des centaines d’objets multicolores, sortis des fourneaux de la famille Khalifé. Dans la petite cour, s’entassent des piles de baies vitrées des appartements et des pare-brise de voitures endommagés par l’explosion de Beyrouth. 

« Nous sommes le premier et le seul atelier de verre soufflé à Sarafand depuis 1967 », confie fièrement Jaafar Khalifé, le dernier propriétaire des lieux.  Ils étaient plusieurs frères à travailler dans l’atelier fondé par son père. 

PHOTO
Dans la petite cour, s’entassent des piles de baies vitrées des appartements et des pare-brise de voitures endommagés par l’explosion de Beyrouth. (Fournie)

« J’ai toujours été le dernier en classe. J’étais très turbulent à l’âge de 11 ans et je ne faisais qu’à ma tête. Alors mon père m’a retiré de l’école pour que j’apprenne à ses côtés l’art du verre soufflé », se rappelle ainsi l’artisan. Son fils Mahmoud a suivi le même chemin malgré les différentes contraintes actuelles. 

Pour maîtriser la confection du verre, il faut au moins six ans, d’où l’intérêt de commencer tôt cette formation. La chaleur du four ne le dérange pas. Travailler douze heures d’affilé non plus. Ici il devient créateur incontesté. « Je ne m’ennuie jamais. Chaque pièce qui sort d’entre mes mains est unique. Elle est parfaite », s’enthousiasme Jaafar Khalifé. Le coté minutieux et appliqué dans son métier lui a appris la patience face aux méandres de la vie, avoue-t-il.

PHOTO
Alors que la famille Khalifé a perpétué de père en fils l'art du travail du verre, cette technique ancestrale a débuté du temps des Phéniciens, il y a plus de 2.000 ans sur ces mêmes côtes. (Fournie)

En effet, la production industrielle en masse du verre à un coût inférieur à celui des procédés artisanaux, combiné à la disparition des touristes et du déclin de l’intérêt pour le travail artisanal ont presque poussé la verrerie de la famille Khalifé à mettre la clé sous la porte. Avec le début de la révolte en octobre 2019, l’atelier a fermé ses portes pendant de longs mois. 

Depuis, la fratrie s’est dispersée. L’un d’eux a ouvert un magasin, un autre est allé travailler en Afrique… Jaafar, lui, a décidé de poursuivre l’héritage familial, tout en cumulant un second métier, celui de pêcheur, pour pouvoir joindre les deux bouts. 

Jusqu’à ce que l’explosion au port de Beyrouth vienne donner un nouveau souffle à son atelier. « Apres ce drame, on a commencé à recevoir des tonnes de verre brisé. On a ainsi repris le travail, en reconstruisant un nouveau four pour se relancer dans la production du verre soufflé », explique Jaafar. 

PHOTO
« Apres ce drame, on a commencé à recevoir des tonnes de verre brisé. On a ainsi repris le travail, en reconstruisant un nouveau four pour se relancer dans la production du verre soufflé », explique Jaafar. (Fournie)

Un des secrets du métier, est qu’un four à verre soufflé éteint, s’effrite à cause du changement de température. Il faut ainsi construire un nouveau. Il faut une grosse commande pour se permettre de construire et d’allumer un four et l’entretenir, pendant un ou deux mois.

« Nous recevons jusqu’à présent du verre brisé pour que nous le recyclons, affirme Nisrine, la fille de Jaafar. La jeune dame est responsable de la salle d’exposition. Elle raconte que l’atelier a toujours utilisé du verre brisé, celui des bouteilles, des voitures ou des fenêtres des maisons. « Ce n’est que depuis quelques années, quand les gens ont pris conscience de l’importance du recyclage qu’il y a eu un regard nouveau sur notre artisanat millénaire », poursuit Nisrine. Au début, c’était des individus qui faisaient l’effort de ramener le verre inutilisable. Par la suite, des ONGs s’en sont chargé. Actuellement, c’est les débris causés par l’explosion au port de Beyrouth qui sont leurs principales sources de ravitaillement. 

« Quand on me dit que ‘le malheur des uns fait le bonheur des autres’, je réponds que notre travail est une manière d’exorciser le drame de Beyrouth. Quand les gens savent que nous recyclons le verre brisé des explosions de Beyrouth, ils achètent plus », explique-t-elle. 

« Les modèles que nous faisons sont souvent le produit de notre imagination. Parfois des clients ou des designers nous montrent une pièce et nous commandent une série », explique-t-elle.  

PHOTO
Un des secrets du métier, est qu’un four à verre soufflé éteint, s’effrite à cause du changement de température. Il faut ainsi construire un nouveau. (Fournie)

Alors que la famille Khalifé a perpétué de père en fils l'art du travail du verre, cette technique ancestrale a débuté du temps des Phéniciens, il y a plus de 2.000 ans sur ces mêmes côtes. Ces derniers ont mis au point la technique de la canne de verrier, permettant ainsi la confection artisanale de toutes ces formes merveilleuses, comme les vases, les coupes ou les bouteilles. Connus pour être de grands marins et marchands, les Phéniciens, ont par la suite propagé ce procédé à travers la Méditerranée du temps de l’empire romain et ce jusqu’à la fameuse île de Murano, en Italie.

Le seul regret de Jaafar Khalifé c’est de ne pouvoir transmettre son savoir-faire aux nouvelles générations. « Une seule chose me rend triste, avoue-t-il, c’est le fait de ne pas enseigner tout ce que je sais aux autres. C’est mon vœu le plus fort », conclut-il.


ilmi, le PNU lance un programme d’études muséales

Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Short Url
  • Nouveaux cours de microcertification ouverts à tous les diplômés du secondaire et de premier cycle
  • Le programme comprend des cours d’arabe, d’anglais, en personne, à distance, à long et à court terme

RIYAD : Un nouveau programme d’études muséales en Arabie saoudite a ouvert ses portes pour l’inscription, offrant des cours de microcertification et de longue durée.

Il est le résultat d’un partenariat entre ilmi, un centre d’apprentissage des sciences, de la technologie, de la lecture, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, et l’Université Princess Nourah bint Abdulrahman.

ilmi — qui signifie « mes connaissances » en arabe — est un centre de science et d’innovation qui vise à autonomiser les jeunes en Arabie saoudite.

Une initiative d’ONG philanthropique créée par la princesse Sara bint Mashour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier Mohammed bin Salman, ilmi est incubée, soutenue et financée par la Fondation Mohammed bin Salman, Misk, et opère en partenariat avec Mohammed bin Salman Nonprofit City.

Le programme d’études muséales comprend des microdiplômes, des diplômes, des cours mineurs et des cours au choix.

Il est ouvert aux jeunes diplômés du secondaire et de l’université désireux d’obtenir des postes de niveau d’entrée dans les musées, ainsi qu’aux professionnels à la recherche de nouveaux ensembles de compétences et de carrières.

Créé par ilmi et des experts du PNU d’Arabie saoudite et du monde entier, le programme offre un mélange d’apprentissage en ligne et en personne, ainsi que des options de scolarité en arabe et en anglais.

Les cours de microcrédit combineront l’apprentissage en ligne et en personne et sont offerts aux candidats de plus de 18 ans.

Les cours comprennent des études d’impact sur les musées, l’éducation et la sensibilisation aux musées, une introduction aux technologies muséales, les bases de la gestion des musées et l’intégration de la technologie numérique.

Les cours proposés aux étudiants du PNU comprennent une introduction aux musées facultatifs et aux mineurs spécialisés dans les musées et la technologie numérique, la conception d’expositions et le développement de contenu.

Un diplôme de deux ans en gestion de musée sera également disponible pour les étudiants du PNU et les jeunes diplômés du secondaire.

Les inscriptions pour le premier cours en ligne sur les microtitres de compétences commencent ce mois-ci : Principes fondamentaux de la gestion des musées.

Tous les autres cours de microdiplômes auront lieu en mai et juin, avec les programmes de diplôme, mineur et électif commençant en septembre au début de l’année académique 2024/25.

Les diplômés du programme peuvent également postuler pour travailler aux côtés d’experts ilmi alors qu’ils conçoivent et lancent des programmes d’apprentissage uniques et informels à travers le Royaume.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire, cliquez ici.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Saudi Cinema Encyclopedia imprime le premier lot de livres de cinéma

L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
Short Url
  • Lancement initial de 22 titres dans le cadre du plan de sortie de 100 livres d’ici la fin de l’année
  • La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Saudi Film Festival, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année

RIYAD : L’Encyclopédie du cinéma saoudien, une initiative lancée par la Saudi Cinema Association, débutera avec une première sortie de ses 22 premiers livres, écrits par un groupe international d’auteurs, comme premier lot de publications.

Le projet vise à publier 100 livres dans sa première année, publiés par la maison d’édition Josour Al-Thaqafah.

La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Festival du film saoudien, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année.

L’objectif est d’établir un programme périodique pour la production de livres en arabe afin d’élever l’industrie cinématographique du Royaume d’amateur à une région connue pour son professionnalisme et sa spécialisation.

Abdulwhab Aloryad, directeur de la rédaction de l’Encyclopédie du cinéma saoudien et du bulletin du Festival du film saoudien « Saafa », a déclaré à Arab News que les livres ont été publiés pour améliorer les connaissances des cinéastes.

« Cette encyclopédie vise à ajouter à ce que le Saudi Film Festival a commencé et à être un contributeur actif dans le cinéma saoudien, renforçant les convictions des organisateurs du festival et leurs efforts pour créer une industrie cinématographique compétitive au niveau mondial », a-t-il déclaré.

« La série continuera d’être une icône dans la connaissance du cinéma, avec ses objectifs centraux de dévoiler les talents saoudiens et arabes dans la paternité, en présentant les derniers nouveaux livres en arabe, et le transfert de connaissances spécialisées dans ce domaine de diverses autres langues vers l’arabe pour être accessible à ceux qui s’intéressent à l’industrie cinématographique. »

« Depuis son lancement en 2008, le Saudi Film Festival a cru en son rôle authentique dans le développement culturel et intellectuel destiné aux professionnels de l’industrie cinématographique. Il s’est concentré sur le projet de connaissance et a conduit la roue de la création et de la traduction dans tous les domaines liés à l’industrie cinématographique afin d’élever toutes les étapes de l’industrie cinématographique.

« Partant de cette conviction, le festival a adopté un programme périodique pour la production de livres, présentant plus de 50 livres dans ses éditions précédentes qui mettent en lumière divers aspects de l’industrie cinématographique. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'image d'une Palestinienne avec sa nièce décédée remporte le World Press Photo

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
Short Url
  • Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile
  • Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille

AMSTERDAM: L'image poignante d’une Palestinienne endeuillée tenant dans ses bras sa petite nièce, tuée lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo.

Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile qui a frappé leur maison à Khan Younis en octobre.

Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille enveloppé dans un tissu blanc.

La photo a été prise 10 jours après le début du conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

"C'était un moment puissant et triste et j'ai senti que l'image résumait au sens large ce qui se passait dans la bande de Gaza", a déclaré M. Salem, cité dans un communiqué du World Press Photo, prestigieux concours de photojournalisme.

"C'est une image vraiment profondément touchante", a affirmé Fiona Shields, présidente du jury. "Une fois que vous l'avez vue, elle reste en quelque sorte gravé dans votre esprit".

Message littéral et métaphorique

L'image est "comme une sorte de message littéral et métaphorique sur l'horreur et la futilité du conflit" et représente "un argument incroyablement puissant en faveur de la paix", a-t-elle ajouté.

La Sud-Africaine Lee-Ann Olwage, en tournage pour le magazine GEO, a remporté le prix "Histoire de l'année" avec son portrait intime d'une famille malgache vivant avec un parent âgé souffrant de démence.

"Cette histoire aborde un problème de santé universel à travers le prisme de la famille et des soins", ont déclaré les juges.

"La série d'images est composée avec chaleur et tendresse, rappelant au public l'amour et l'intimité nécessaires en période de guerre et d'agression dans le monde entier", ont-ils ajouté.

Le photographe vénézuélien Alejandro Cegarra a remporté le prix du projet "long terme" avec ses images monochromes de migrants et de demandeurs d'asile tentant de traverser la frontière sud du Mexique, prises pour le New York Times/Bloomberg.

Ayant lui même une expérience de migrant, M. Cegarra "a offert une perspective sensible centrée sur l'humain", mettant en avant la résilience des migrants, selon le jury.

Dans la catégorie "format ouvert", l'Ukrainienne Julia Kochetova a gagné avec son site Internet qui "associe le photojournalisme au style documentaire personnel d'un journal intime pour montrer au monde ce que signifie vivre avec la guerre comme réalité quotidienne".

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays. Les photos sont exposées dans l'église Nieuwe Kerk d'Amsterdam jusqu'au 14 juillet.