En Italie, ces millions d'abstentionnistes malgré eux

La dirigeante du parti d'extrême droite italien «Fratelli d'Italia», Giorgia Meloni, prononce un discours le 23 septembre 2022 sur le site du front de mer Arenile di Bagnoli à Naples, lors d'un rassemblement clôturant la campagne de son parti pour les élections générales du 25 septembre. (Photo par Andreas Solaro/ AFP)
La dirigeante du parti d'extrême droite italien «Fratelli d'Italia», Giorgia Meloni, prononce un discours le 23 septembre 2022 sur le site du front de mer Arenile di Bagnoli à Naples, lors d'un rassemblement clôturant la campagne de son parti pour les élections générales du 25 septembre. (Photo par Andreas Solaro/ AFP)
Short Url
Publié le Samedi 24 septembre 2022

En Italie, ces millions d'abstentionnistes malgré eux

  • Le temps, la distance et les frais de transport représentent souvent une difficulté insurmontable
  • La majorité des électeurs qui ne se déplacent pas disent se désintéresser de la politique ou ne pas se reconnaître dans l'offre

ROME : L'abstention sera une des clés des législatives de dimanche en Italie. Or ils sont des millions à ne pas pouvoir glisser leur bulletin dans l'urne, une anomalie démocratique due à la bureaucratie, mais aussi à la mafia et au patriarcat.

Si la participation aux élections législatives reste élevée, elle a décru en moyenne de 92,4% à 74% entre 1944 et 2021, selon les chiffres officiels. Et l'institut Demopolis estime qu'elle pourrait encore descendre - à 67% - dimanche.

La majorité des électeurs qui ne se déplacent pas disent se désintéresser de la politique ou ne pas se reconnaître dans l'offre.

Mais un peu moins d'un électeur sur deux affirme ne pas pouvoir voter pour des raisons indépendantes de sa volonté, a révélé un «livre blanc» publié en mai par le gouvernement.

«L'abstention involontaire» touche 2,8 millions de personnes âgées à mobilité réduite, de malades ou de personnes vivant avec un grave handicap.

Elle concerne également tous ceux qui se trouvent loin de leur résidence administrative pour motifs d'études, de travail ou de vacances, et qui sont estimés à 4,9 millions, soit 10,5% du corps électoral. Car en Italie, la domiciliation et la résidence sont deux choses distinctes et chacun vote là où il a déclaré sa résidence administrative.

Or le temps, la distance et les frais de transport représentent souvent une difficulté insurmontable. Beaucoup de jeunes, en particulier les étudiants, sont dans ce cas.

Mayla Bottaro, 24 ans, étudie à Bologne, mais sa résidence administrative est en Ligurie, à plus de trois heures de train en passant par Milan... «Pourquoi je devrais faire ce sacrifice quand l'Etat, lui, ne fait aucun effort pour que je puisse voter chez moi?» se demande-t-elle.

Même les membres de la «Nazionale» qui jouent en Hongrie lundi en Ligue des nations de foot craignaient de ne pas pouvoir glisser leur bulletin dans l'urne: ils pourront finalement le faire dimanche matin.

- Billets à prix cassés -

Pour faciliter le retour des électeurs dans leur circonscription, les transporteurs aériens et ferroviaires proposent des réductions, mais cela ne suffit pas toujours.

Lorenzo Sangermano, 26 ans, étudie à Rome, mais vient de Bergame dans le nord, distante de 600 kilomètres. «A côté de mes études, je travaille dans la restauration. Le 25 [septembre], je travaille. Et évidemment, si je ne vais pas bosser, je ne suis pas payé», explique-t-il à l'AFP.

Certains abstentionnistes pourraient changer de résidence mais ne le font pas, soit parce que la démarche est fastidieuse, soit parce que les impôts sont plus avantageux dans leur province d'origine.

Il ressort du livre blanc que la majorité de ces électeurs buissonniers ont leur résidence dans les régions du sud de l'Italie, les plus pauvres du pays, pourvoyeuses de main d'œuvre dans le nord.

C'est le cas de Maria, agent d'entretien originaire de Calabre, à la pointe sud de la botte, qui travaille à Rome: «Je n'irai pas voter. Qui va me payer le voyage?»

Alors quelles solutions?

Les experts italiens restent dubitatifs sur le vote par procuration, le vote par correspondance - pourtant possible pour les Italiens de l'étranger - ou le vote en ligne.

- Mafia et patriarcat -

Ces réticences s'expliquent par des «spécificités de la société italienne à l'époque de la rédaction de la Constitution, et qui perdurent», analyse la constitutionnaliste Elisabetta Lamarque.

«La mafia, enracinée dans un territoire, aspire à contrôler et orienter le vote des électeurs en faveur de ses propres candidats et elle dispose de tous les moyens - menaces de représailles et promesses de récompense - pour le faire», détaille-t-elle à l'AFP.

En outre «la famille italienne se distingue par les liens très étroits entre ses membres et en son sein on peut rencontrer des sujets dominants (autrefois le mari et le chef de famille) capables de conditionner et contraindre la volonté des sujets plus faibles», poursuit-elle.

Enfin, une autre forme d'abstentionnisme subi existe en Italie: les étrangers, présents sur le territoire depuis parfois des décennies, mais qui, du fait des montagnes qu'il faut franchir pour se faire naturaliser, ne peuvent exercer leurs droits civiques.

Simohamed Kaabour, 40 ans, originaire du Maroc, est depuis juin conseiller municipal à Gênes. Arrivé en Italie en 1982, il n'a obtenu la nationalité qu'en 2009, à l'âge de 27 ans.

Or, souligne-t-il à l'AFP, «l'inclusion et l'intégration sont des processus qui nécessitent la participation active et la jouissance d'un droit comme celui de voter».


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Short Url
  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.