Ukraine: référendums d'annexion par la Russie, un simulacre selon Kiev et ses alliés

Des habitants attendent de recevoir des boîtes contenant 12 kilos (26 livres) de denrées alimentaires de base, soit assez pour nourrir une personne pendant un mois, lors d'une distribution de rations alimentaires dans un magasin de l'ancien village de la ligne de front de Lebyazhe, le 22 septembre 2022. (Photo de Yasuyoshi Chiba / AFP)
Des habitants attendent de recevoir des boîtes contenant 12 kilos (26 livres) de denrées alimentaires de base, soit assez pour nourrir une personne pendant un mois, lors d'une distribution de rations alimentaires dans un magasin de l'ancien village de la ligne de front de Lebyazhe, le 22 septembre 2022. (Photo de Yasuyoshi Chiba / AFP)
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Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Ukraine: référendums d'annexion par la Russie, un simulacre selon Kiev et ses alliés

  • Ces scrutins, annoncés en début de semaine et organisés à la hâte, ont été vivement dénoncés par le gouvernement ukrainien et ses soutiens occidentaux, qui accusent Moscou de faire main basse sur des pans entiers de territoire
  • Même la Chine, proche de Moscou, a semblé prendre ses distances après l'annonce de référendums, appelant au respect de l'intégrité territoriale des États

KIEV : Des référendums d'annexion par la Russie ont débuté vendredi dans des régions d'Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou, des scrutins qualifiés de «simulacres» par Kiev et les Occidentaux et qui marquent une escalade du conflit.

Ces votes, qui ont débuté à 05H00 GMT, doivent se tenir jusqu'au 27 septembre dans les régions séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud), en pleine invasion de l'Ukraine par Moscou.

Ces scrutins, annoncés en début de semaine et organisés à la hâte, ont été vivement dénoncés par le gouvernement ukrainien et ses soutiens occidentaux, qui accusent Moscou de faire main basse sur des pans entiers de territoire, à l'image de la péninsule de Crimée (sud) en 2014.

Si le résultat de ces référendums ne fait aucun doute, ils annoncent en tout cas une escalade du conflit, Moscou allant jusqu'à agiter la menace de frappes nucléaires pour défendre ce qu'elle considère comme étant «son» territoire.

«La tenue de ce référendum est une étape historique (...) Nous rentrons à la maison !», a déclaré le dirigeant de la région séparatiste prorusse de Donetsk, Denis Pouchiline, dans une vidéo publiée vendredi matin sur Telegram.

Alors que les combats font toujours rage, l'instance électorale des séparatistes de Donetsk a indiqué que «par souci de sécurité» le scrutin serait organisé essentiellement en porte-à-porte durant quatre jours, les bureaux de vote n'ouvrant «que le dernier jour», soit le 27 septembre.

Ainsi, 450 et 461 bureaux de vote seront ouverts respectivement dans la région de Donetsk et de Lougansk, à l'est. Zaporijjia en comptera 394 et la région de Kherson dans le sud 198.

Plusieurs bureaux de vote ont également ouvert en Russie pour permettre le vote des «réfugiés» qui ont fui les combats, selon les agences de presse russes.

- Escalade -

Ces votes, sur le modèle de celui qui a formalisé l'annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, font l'objet de préparatifs depuis plusieurs mois, mais le calendrier semble s'être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a forcé l'armée russe à la retraite dans le nord-est du pays.

Les résidents des régions séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, qui ont déjà proclamé leur «indépendance», doivent se prononcer sur leur désir de faire partie ou non de la Russie.

Dans les régions de Kherson et de Zaporijjia, partiellement occupées par les forces russes, la question posée est la suivante: «Voulez-vous faire sécession de l'Ukraine, créer des États indépendants et faire partie de la Russie?»

Le président de la chambre basse du Parlement russe (Douma), Viatcheslav Volodine, a exhorté vendredi ses «compatriotes» --les prorusses d'Ukraine-- à «faire le choix d'intégrer la Russie». «Nous vous soutiendrons», a-t-il déclaré.

Même si l'annexion de ces quatre zones n'est pas reconnue par la communauté internationale, elle marquera un tournant dans l'offensive que mène la Russie en Ukraine depuis le 24 février.

L'annonce précipitée mardi de ces «référendums» intervient alors que Moscou, qui s'efforce de reprendre la main en Ukraine après avoir essuyé une série de revers, a pris la décision de jeter plus de forces dans la bataille.

Mercredi, le président Vladimir Poutine a ainsi décrété une mobilisation partielle des Russes en âge de combattre qui concernera au moins 300.000 personnes.

Accusant les Occidentaux de vouloir «détruire» la Russie, il a aussi menacé d'avoir recours à «tous les moyens», y compris nucléaires, des déclarations qui ont été vivement condamnées par les Etats-Unis et l'Union européenne.

- «De l'huile sur le feu» -

Même la Chine, proche de Moscou, a semblé prendre ses distances après l'annonce de référendums, appelant au respect de l'intégrité territoriale des Etats.

La Russie s'est aussi retrouvée au banc des accusés au Conseil de sécurité de l’ONU, ou le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a mené la charge jeudi en dénonçant la récente escalade.

«Que le président Poutine ait choisi cette semaine, alors que la plupart des dirigeants de ce monde se réunissent à l'ONU, pour mettre de l'huile sur le feu qu'il a allumé démontre son mépris total pour la Charte des Nations unies», a-t-il dit, refusant de rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov.

«On ne peut pas laisser le président Poutine s'en tirer comme ça», a-t-il encore déclaré lors de cette réunion convoquée par la présidence française.

M. Lavrov, présent dans la salle du Conseil où il a également prononcé un discours, ne s'était pas installé à la même table que les autres ministres, se faisant remplacer par un adjoint.

En Russie, l'annonce de la mobilisation a provoqué un afflux de Russes souhaitant quitter le pays, sans qu'aucun chiffre ne soit disponible.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskya exhorté jeudi soir les Russes à «protester» contre la mobilisation, affirmant que Moscou s'apprêtait à lever «jusqu'à un million d'hommes».


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.


Mer de Chine méridionale: nouvel échange acerbe entre Manille et Pékin

Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
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  • Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire
  • Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins

MANILLE: La Chine et les Philippines ont échangé jeudi de nouvelles accusations après de nouveaux accrochages en mer de Chine méridionale, où les deux pays ont des revendications concurrentes.

Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire et l'ont endommagé à l'aide de puissants canons à eau au large d'un des récifs disputés, l'atoll Second Thomas.

"Nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec quelque nation que ce soit, en particulier avec les nations qui prétendent être nos amies, mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence, à la soumission ou à l'asservissement", a déclaré jeudi dans un communiqué le président philippin Ferdinand Marcos.


Le nombre de migrants ayant traversé la Manche à un niveau record depuis janvier

Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4 644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre
  • En 2023, près de 30 000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche

LONDRES: Plus de 4.600 migrants ont rejoint l'Angleterre par la Manche illégalement à bord de canots depuis le 1er janvier, un record pour les trois premiers mois de l'année malgré les promesses du gouvernement conservateur de mettre fin à ces dangereuses traversées.

Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4.644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre, soit une augmentation de 23% par rapport à la même période l'année dernière (3.700).

Le dernier record avait été établi en 2022 avec 4.548 traversées entre début janvier et fin mars.

Rien que mardi, 338 personnes ont gagné les côtes anglaises dans ces embarcations, le plus souvent des canots pneumatiques chargés de dizaines de passagers.

Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre.

"Il y a une prise de risque de plus en plus grande" et "l'année qui vient n'augure rien de bon", avait averti début mars l'association française d'aide aux migrants Utopia 56, selon laquelle le rythme de décès depuis le début de l'année atteint un niveau inédit depuis trois ans.

Depuis son arrivée à Downing Street il y a un an et demi, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'une de ses priorités, martelant vouloir "stopper les bateaux".

Projet de loi contreversé

En 2023, près de 30.000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche, un chiffre en forte baisse par rapport au record atteint en 2022 (45.000), que le gouvernement met en avant dans son bilan.

Toute progression des arrivées sur le sol britannique risque de fragiliser les conservateurs à quelques mois des élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête dans les sondages.

Le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte par ailleurs à la résistance de la chambre haute du Parlement, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour dissuader les ressortissants vietnamiens, de plus en plus nombreux, à tenter de traverser la Manche.