A l'ONU, Joe Biden cloue la Russie au pilori

Après que Vladimir Poutine a menacé d'utiliser l'arme atomique mercredi, des propos "dangereux" selon Joe Biden, ce dernier a dit: "Il est impossible de gagner une guerre nucléaire et il ne faut pas la mener". (Photo, AFP)
Après que Vladimir Poutine a menacé d'utiliser l'arme atomique mercredi, des propos "dangereux" selon Joe Biden, ce dernier a dit: "Il est impossible de gagner une guerre nucléaire et il ne faut pas la mener". (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

A l'ONU, Joe Biden cloue la Russie au pilori

  • Le président américain a martelé que l'institution reposait sur « l'interdiction claire de s'approprier par la force le territoire du pays voisin»
  • Face à cette invasion menée par un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, Joe Biden a aussi estimé que le temps était venu de réformer cet organe, souvent paralysé par l'usage du droit de veto

NATIONS UNIES : Le président américain Joe Biden a accusé mercredi à la tribune de l'ONU la Russie d'avoir "violé de manière éhontée" les principes des Nations unies, faisant un geste envers les pays en développement en promettant de l'aide alimentaire et en soutenant une réforme du Conseil de sécurité.

Comme plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement l'ont fait avant lui mardi au premier jour de cette grand-messe diplomatique annuelle, Joe Biden a attaqué frontalement la Russie qui a annoncé la mobilisation de centaine de milliers de réservistes et brandi la menace d'un recours à l'arme nucléaire.

"Cette guerre anéantit le droit de l'Ukraine à exister, tout simplement", a lancé le président américain.

La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, "a violé de manière éhontée les principes de la Charte des Nations unies" en s'emparant de parties de territoire de son voisin, a-t-il martelé.

Face à ces nouvelles menaces, l'UE a convoqué pour mercredi soir une réunion d'urgence informelle de ses ministres des Affaires étrangères, où la question de nouvelles sanctions sera "sur la table", selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Il faut "mettre le maximum de pression" sur la Russie, a commenté le président français Emmanuel Macron, qui avait accusé à la tribune mardi la Russie d'être responsable d'un "retour des impérialismes et des colonialismes".

Alors que les pays du Sud s'agacent de plus en plus du fait que les Occidentaux se focalisent sur l'Ukraine malgré les multiples crises subies par l'humanité partout sur la planète, le président américain a tendu la main aux pays en développement.

Nourrir les enfants

Il a notamment annoncé mercredi une nouvelle aide de 2,9 milliards de dollars pour lutter contre l'insécurité alimentaire dans le monde, qui s'ajoute à une somme de 6,9 milliards de dollars déjà promise cette année par Washington.

"Dans n'importe quel pays du monde, quelles que soient les raisons de nos divisions, quand les parents ne peuvent pas nourrir leurs enfants, rien d'autre ne compte, rien", a-t-il insisté.

Américains, Européens et Africains s'étaient engagés mardi dans une déclaration commune à agir "avec urgence, ampleur et de concert pour répondre aux besoins alimentaires urgents de centaines de millions de personnes à travers le monde".

Le secrétaire général de l'ONU, passant en revue les multiples crises auxquelles doit faire face un monde qui n'a pas été aussi divisé depuis longtemps, a d'ailleurs mis en garde contre "un hiver de grogne mondiale (qui) se profile à l'horizon".

"La crise du pouvoir d'achat se déchaîne, la confiance s'effrite, les inégalités explosent, notre planète brûle" et malgré tout, "nous sommes bloqués par un dysfonctionnement mondial colossal", avait-il déploré mardi lors de son discours d'ouverture.

Joe Biden s'est d'autre part dit favorable à une réforme majeure du Conseil de sécurité en augmentant le nombre de membres permanents (actuellement 5, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Chine) et non permanents (actuellement 10).

Une revendication notamment du Japon et de pays en développement. "Il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité", avait ainsi insisté mardi à la tribune le président sénégalais Macky Sall, à la tête de l'Union africaine.

Iran, droits de l'Homme et nucléaire

Même si cette question a été évoquée par plusieurs dirigeants, l'Ukraine restera sans doute pour le reste de la semaine tout en haut des préoccupations d'un grand nombre de dirigeants.

Le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky mercredi en fin de journée est également très attendu. N'ayant pas pu se rendre à New York, le dirigeant a obtenu l'autorisation exceptionnelle des Etats membres de l'ONU de s'exprimer via message vidéo.

L'Ukraine sera aussi le sujet d'une réunion du Conseil de sécurité jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères, donc en théorie en présence de Sergueï Lavrov qui mène la délégation russe à l'ONU en l'absence de Vladimir Poutine.

Le dossier nucléaire iranien et les manifestations qui se multiplient en Iran après la mort d'une jeune femme détenue par la police des mœurs ont réussi à se frayer un chemin sur le devant de la scène internationale.

"Les dirigeants iraniens devraient remarquer que la population est mécontente avec la direction qu'ils ont prise. Ils peuvent prendre un autre chemin", a notamment déclaré à l'AFP en marge de l'Assemblée générale le chef de la diplomatie britannique James Cleverly.

Le président iranien Ebrahim Raïssi s'est défendu lors d'un discours de plus de 30 minutes, accusant l'Occident d'avoir "deux poids, deux mesures" concernant les droits des femmes.

Il a également assuré que son pays "ne cherche pas à construire ou à obtenir des armes nucléaires", et douté de la sincérité du gouvernement américain de relancer l'accord de 2015 qui était censé garantir que la République islamique ne puisse pas se doter de l'arme atomique en échange d'une levée des sanctions sur son économie.

"Nous ne permettrons pas à l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire", a répondu Joe Biden, estimant qu'il est "impossible de gagner une guerre nucléaire et il ne faut pas la mener".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.