Un vaisseau de la Nasa prêt à s'écraser sur un astéroïde pour dévier sa trajectoire

Dans cette photo d'archive prise le 12 septembre 2022 Une pancarte est accrochée au mur lors de la téléconférence de l'atelier technologique DART (Double Asteroid Redirection Test) et de la visite au Johns Hopkins Applied Physics Laboratory à Laurel, dans le Maryland, avant la mission d'essai du projet du 26 septembre. (Photo de Jim WATSON / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 12 septembre 2022 Une pancarte est accrochée au mur lors de la téléconférence de l'atelier technologique DART (Double Asteroid Redirection Test) et de la visite au Johns Hopkins Applied Physics Laboratory à Laurel, dans le Maryland, avant la mission d'essai du projet du 26 septembre. (Photo de Jim WATSON / AFP)
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Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Un vaisseau de la Nasa prêt à s'écraser sur un astéroïde pour dévier sa trajectoire

  • La Nasa va enfin tenter ce qui n'a jamais été fait auparavant: dévier la trajectoire d'un astéroïde en projetant sur lui un vaisseau kamikaze
  • Le moment de l'impact s'annonce spectaculaire et pourra être suivi en direct sur la chaîne vidéo de l'agence américaine

WASHINGTON : Les dinosaures auraient sûrement aimé y penser. Les films de science-fiction, à l'image d'«Armageddon» ou plus récemment de «Don't Look Up: Déni cosmique», l'envisagent eux depuis longtemps.

Cette fois, la Nasa va enfin tenter ce qui n'a jamais été fait auparavant: dévier la trajectoire d'un astéroïde en projetant sur lui un vaisseau kamikaze. Un test de «défense planétaire», qui doit permettre de mieux protéger l'humanité face à une éventuelle menace future.

La mission Dart (fléchette, en anglais) a décollé en novembre depuis la Californie. Après dix mois de voyage, le vaisseau doit frapper l'astéroïde Dimorphos à 23H14 GMT lundi, à une vitesse de plus de 20.000 km/h.

Le vaisseau n'est pas plus grand qu'une voiture, et sa cible fait environ 160 mètres de diamètre (la moitié de la hauteur de la Tour Eiffel).

Pas de panique, Dimorphos ne représente en aucun cas une menace pour la Terre: son orbite autour du Soleil ne passe qu'à sept millions de kilomètres de nous au plus proche.

Mais la mission «est importante à réaliser avant que nous ne découvrions un réel besoin», a déclaré Andrea Riley, chargé de la mission à la Nasa.

Le moment de l'impact s'annonce spectaculaire et pourra être suivi en direct sur la chaîne vidéo de l'agence américaine.

Il ne s'agit pas de détruire l'astéroïde mais de le pousser légèrement. La technique est dite à impact cinétique.

Dimorphos est en réalité le satellite d'un plus gros astéroïde, Didymos (780 mètres de diamètre), dont il fait le tour en 11 heures et 55 minutes. Le but est de réduire l'orbite de Dimorphos autour de Didymos d'environ dix minutes.

Ce changement pourra être mesuré par des télescopes depuis la Terre, en observant la variation de l'éclat lorsque le petit astéroïde passe devant le gros.

L'objectif peut paraître modeste mais cette démonstration est cruciale pour l'avenir.

Il s'agit de mieux comprendre comment réagira Dimorphos, représentatif d'une population d'astéroïde assez communs mais dont on ne connaît pas la composition exacte. L'effet de l'impact dépendra en grande partie de sa porosité, c'est-à-dire s'il est plus ou moins compact.

- Une image par seconde -

Pour atteindre une cible si petite, le vaisseau se dirigera de façon autonome durant les quatre dernières heures, comme un missile auto-guidé.

Sa caméra, appelée Draco, prendra au dernier moment les toutes premières images de l'astéroïde, dont on ne connaît pas encore la forme (ronde, oblongue...). A un rythme d'une image par seconde, visibles en direct sur Terre avec un délai de seulement quelque 45 secondes.

«Cela va commencer par un petit point de lumière, jusqu'à remplir tout le cadre», a déclaré Nancy Chabot, du Laboratoire de physique appliquée (APL) de l'université Johns Hopkins, où se trouve le centre de contrôle.

«Ces images continueront à arriver, jusqu'à ce qu'elles n'arrivent plus», a-t-elle ajouté, en référence au moment de l'explosion.

Trois minutes plus tard, un satellite de la taille d'une boîte à chaussures, appelé LICIACube et relâché par le vaisseau il y a quelques jours, passera à environ 55 km de l'astéroïde pour capturer des images des éjecta. Elles seront renvoyées vers la Terre dans les semaines et mois suivants.

L'événement sera également observé par les télescopes spatiaux Hubble et James Webb, qui devraient pouvoir détecter un nuage de poussière brillant.

Puis, la sonde européenne Hera, qui doit décoller en 2024, ira observer de près Dimorphos en 2026 pour évaluer les conséquences de l'impact et calculer, pour la première fois, la masse de l'astéroïde.

- Trouvez-les tous -

Très peu des astéroïdes connus sont considérés comme potentiellement dangereux, et aucun ne l'est sur les 100 prochaines années.

Mais «je garantis que si vous attendez assez longtemps, il y aura un objet», a déclaré Thomas Zurbuchen, chef scientifique de la Nasa.

Près de 30.000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre (on les appelle des géocroiseurs, c'est-à-dire que leur orbite croise celle de notre planète). Environ 3.000 nouveaux sont trouvés chaque année.

Ceux d'un kilomètre et plus ont quasiment tous été repérés, selon les scientifiques. Mais ils estiment n'avoir connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus --ceux capables de dévaster une région entière.

Si Dart manque sa cible, le vaisseau devrait avoir assez de carburant pour une nouvelle tentative dans deux ans.

Et si la mission réussit, il s'agira d'un premier pas vers une véritable capacité de défense, selon Nancy Chabot. «La Terre est frappée par des astéroïdes depuis des milliards d'années, et cela se reproduira. En tant qu'humains, faisons en sorte de vivre dans une civilisation où nous pouvons l'éviter.»

Sur les pas de DART, HERA va explorer un «nouveau monde»

Bien plus que de gros cailloux potentiellement dangereux, les astéroïdes sont des petits mondes géologiques variés qui racontent les origines du Système solaire, mais ils sont encore méconnus: c'est pour explorer cette "terra incognita" que s'envolera la sonde HERA, dans le sillage de DART.

Dans la nuit de lundi à mardi, la mission DART de la Nasa tentera de dévier la trajectoire d'un astéroïde en percutant Dimorphos, une petite "lune" qui tourne autour d'un astéroïde plus gros, Didymos, situé à 11 millions de kilomètres de la Terre. Cette expérience grandeur nature vise à réduire la durée de l'orbite du petit astéroïde autour du plus gros, pour savoir si l'humanité est capable de modifier volontairement la trajectoire d'un astéroïde qui menacerait notre planète.

"Un tel système de deux astéroïdes est un banc de test parfait pour une expérience de défense planétaire, mais c'est également un environnement complètement nouveau", résume Ian Carnelli, responsable de la mission HERA de l'Agence spatiale européenne (ESA).

Baptisée HERA en hommage à la déesse grecque du mariage, la sonde européenne doit décoller en octobre 2024, pour une arrivée en 2026 sur Dimorphos. Objectif: retourner sur la "scène du crime" pour évaluer les conséquences de l'impact de DART.

Le test de déviation sera ainsi pleinement documenté, grâce aux informations collectées par les instruments de HERA (caméras, laser, imageurs haute résolution, radar...). Qui permettront aux experts en défense planétaire de nourrir avec fiabilité des modèles pour extrapoler des scénarios d'impact.

- "Un nouveau monde" -

"Nous avons besoin de connaître la nature et la composition des astéroïdes car, en fonction de la texture de la roche, ils ne représentent pas le même danger", a souligné Bhavya Lal, administratrice associée de la Nasa, lors du Congrès international d'astronautique cette semaine à Paris.

Les scientifiques s'attendent à être surpris par les résultats des investigations. Car "on ignore presque tout" de ces corps célestes, indique Patrick Michel, investigateur principal de HERA. "C'est un nouveau monde qu'on va découvrir".

Pour cet astrophysicien, les astéroïdes "ne sont pas de simples cailloux ennuyeux dans l'espace, mais des petits mondes géologiques fascinants et complexes, avec cratères, bassins, champs de roche, éjections de particules..."

Mais la science peine à appréhender ces territoires du fait qu'à leur surface, la gravité est très faible par rapport à celle de la Terre: le comportement de la matière y est "totalement contre-intuitif, on ne peut pas se baser sur des images pour savoir comment les astéroïdes se comportent, il faut aussi les toucher", explique Patrick Michel.

Un exemple? Une petite explosion provoquée près de la surface de l'astéroïde Ryugu (découvert en 1999) a formé un cratère de 15 mètres, bien plus large que ce que prédisaient les simulations. Et alors que la roche était censée être solide, "la surface s'est comportée comme un fluide lors de l'impact, n'est-ce pas surprenant ?".

- Remonter le temps -

Les systèmes binaires comme Didymos et son satellite Dimorphos représentent environ 15% des astéroïdes connus et n'ont jusqu'ici pas été explorés.

Avec ses 160 mètres de diamètre (la taille de la grande pyramide de Gizeh), Dimorphos sera aussi le plus petit astéroïde jamais étudié.

Forme, masse, composition chimique, structure interne, résistance au choc, forme du cratère causé par DART: les instruments de HERA devraient livrer les secrets de Dimorphos.

En fin de mission, un micro-satellite ira même se poser à sa surface, pour mesurer la manière dont il rebondit.

Cette documentation inédite aidera aussi les astrophysiciens à remonter le temps, les astéroïdes étant d'excellents "traceurs de l'histoire du Système solaire", raconte Patrick Michel. Ces petits corps rocheux ont en effet gardé en eux la mémoire de la composition du système et de ses planètes, qui se sont formés par des collisions.

"Aujourd'hui, nous sommes dans une ère où toutes les surfaces solides du Système solaire ont des cratères. Pour retrouver le scénario originel, nous devons comprendre ce qu'il se passe quand deux corps entrent en collision". Pas en laboratoire, mais à échelle réelle grâce au couple DART-HERA, espèrent les scientifiques.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.