BEYROUTH: L’Association des banques a prolongé sa grève dans tout le Liban jusqu’au début de la semaine prochaine.
Selon les informations recueillies par Arab News, la décision aurait été prise sur recommandation du ministre de l’Intérieur par intérim, Bassam Mawlawi.
Les banques ont fermé lundi après une série de braquages par un certain nombre de déposants en colère qui ont pris les agences bancaires pour cible et ont fini par retirer une partie de leur épargne.
Les banques exigent des autorités des garanties de sécurité afin de pouvoir rouvrir. Cependant, selon une source sécuritaire, le plan du ministère de l’Intérieur pour les protéger «a besoin de plus de temps» pour être mis en œuvre.
En attendant, les banques ont décidé de recevoir les clients uniquement sur rendez-vous et elles se réservent par ailleurs le droit de les contrôler à leur arrivée.
L’association affirme que ces mesures visent à protéger les employés de banque, à la suite de plusieurs attaques. Un commerçant qui voulait rembourser ses dettes, une femme qui voulait payer les frais médicaux de sa sœur et un militaire figurent parmi les déposants qui ont fait irruption dans les banques.
Au Liban, les banques comptent vingt mille employés et, en tenant compte de leurs familles, on peut estimer que près de cinquante mille personnes dépendent de l’emploi dans le secteur.
Le chef du syndicat des employés de banque, George al-Hajj, déclare que les membres respecteraient la décision de l’association, car elle «vise à protéger financièrement, moralement et physiquement les employés et à préserver leur sécurité».
M. Al-Hajj souligne que «toute atteinte à la dignité de n’importe quel employé du secteur bancaire est une atteinte à la dignité du syndicat».
Il ajoute que les récentes détentions et les rapides libérations des braqueurs «encouragent d’autres à suivre le même chemin, sachant que personne ne s’oppose au droit des déposants d’accéder à leurs fonds gelés».
Selon M. Al-Hajj, les braquages opposent les déposants aux employés de la banque. «Si certains déposants parviennent à récupérer leur épargne par la force, d’autres ne veulent pas choisir cette méthode, ce qui est injuste», souligne-t-il.
Un tribunal de Beyrouth a décidé mercredi de libérer les deux détenus dans l’affaire de la prise d’assaut de la banque Blom le 14 septembre.
Plusieurs manifestants, ainsi que les familles et amis des détenus, avaient organisé un sit-in devant le palais de justice de Beyrouth.
Des affrontements ont également eu lieu mardi soir entre les manifestants, les familles des détenus et les forces de sécurité, au cours desquels plus de dix manifestants et quatre militaires auraient été blessés, selon le commandement de l’armée libanaise.
L’expert économique Jassem Ajaqa souligne que la fermeture des banques «est un coup préjudiciable et conduit inévitablement à une hausse du taux de change».
M. Ajaqa avertit: «Si l’autorité politique ne met pas en place des mesures de réforme, la situation risque de se dégrader et nous pourrions atteindre un stade où la Banque du Liban perdra sa capacité à freiner la hausse du dollar.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com