Comment les sites du patrimoine attireront les touristes culturels en Arabie saoudite

La première place, du moins dans le cœur des Saoudiens, revient au quartier de Turaif, à Diriyah, considéré comme le berceau du Royaume et inscrit sur la liste de l’Unesco en 2010. (Photo fournie).
La première place, du moins dans le cœur des Saoudiens, revient au quartier de Turaif, à Diriyah, considéré comme le berceau du Royaume et inscrit sur la liste de l’Unesco en 2010. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 22 septembre 2022

Comment les sites du patrimoine attireront les touristes culturels en Arabie saoudite

  • Chacun des six sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial montre que les racines de l’Arabie saoudite sont bien plus profondes qu’on ne l’imagine
  • La région de Diriyah, qui est soigneusement préservée et protégée, est le joyau de la couronne de l’un des mégaprojets les plus notables en Arabie saoudite.

LONDRES: Alors même que l’Arabie saoudite écrit le prochain chapitre de son histoire, défini par l’ambition de sa Vision 2030, elle redécouvre et accepte un passé qui va jouer un rôle central dans son ouverture sur le monde extérieur.

Depuis 2008, l’Arabie saoudite a inscrit six sites de «valeur universelle exceptionnelle» sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Dix autres sites figurent sur sa liste indicative – des sites dont l’inscription est envisagée –, notamment le chemin de fer du Hijaz, trois routes de pèlerinage historiques et la zone archéologique d’Al-Faw, à la limite nord-ouest du Quart Vide. Ce dernier est un site d’occupation humaine depuis l’époque nomade préhistorique; la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère a vu l’essor et la prospérité d’une ancienne cité caravanière.

Certes, les sites qui pourraient être sélectionnés pour de futures inscriptions ne manquent pas: le Registre national des antiquités d’Arabie saoudite compte plus de dix mille sites historiques.

Chacun des six sites du patrimoine mondial est la pièce d’une mosaïque fascinante qui montre non seulement que les racines saoudiennes sont bien plus profondes que ce que beaucoup auraient pu imaginer, mais aussi que le patrimoine saoudien est une composante essentielle de l’histoire de l’humanité.

Il s’agit d’une histoire vivante. Chaque site jouera – et, dans certains cas, joue déjà – un rôle crucial dans l’ouverture du Royaume en tant que destination pour les touristes culturels du monde entier.

L’un des sites de l’Unesco les plus époustouflants est le site archéologique de Hégra, pièce maîtresse des projets de la Commission royale pour AlUla. Ces derniers ont pour objectif de transformer judicieusement plus de 22 000 km2 du paysage spectaculaire de la région d’AlUla, avec sa vallée d’oasis luxuriante et ses montagnes imposantes, en une destination majeure.

Le joyau de la couronne d’AlUla est l’ancienne ville de Hégra, la capitale méridionale des Nabatéens, qui ont également construit Pétra, dans l’actuelle Jordanie.

Et l’étonnante collection de plus de cent tombes sculptées à la main, dont beaucoup présentent des façades et des inscriptions élaborées, taillées dans des affleurements de grès, ne constitue que la partie visible d’un véritable iceberg archéologique.

Une douzaine d’équipes archéologiques internationales explorent actuellement les cultures anciennes d’AlUla et du champ volcanique voisin de Harrat Khaybar. Le volume étonnant des découvertes qu’elles ont déjà documentées, de la préhistoire au début du XXe siècle, incite à repenser radicalement la préhistoire de la péninsule Arabique.

Une équipe de l’université d’Australie-Occidentale a passé ces quatre dernières années à identifier et à cataloguer toute l’archéologie visible du comté d’AlUla et de Harrat Khaybar. Les dizaines de milliers de structures découvertes, dont la plupart ont entre quatre mille et sept mille ans, racontent l’histoire d’un paysage magnifique et d’un climat autrefois tempéré.

Au total, le projet d’archéologie aérienne dans le royaume d’Arabie saoudite a permis d’identifier treize mille sites à AlUla et, dans le comté de Khaybar, pas moins de cent trente mille de toutes les époques, de l’âge de pierre au XXe siècle. La grande majorité d’entre eux remontent à la préhistoire.

À AlUla, une zone «centrale» de 3 300 m2 a été étudiée séparément par la société britannique Oxford Archaeology, qui, en collaboration avec le personnel et les étudiants de l’université du roi Saoud, à Riyad, a pu identifier plus de seize mille autres sites archéologiques.

Le Dr Hugh Thomas, chercheur principal à l’université d'Australie-Occidentale, explique à Arab News que dans le passé, les archéologues s’étaient concentrés sur le Croissant fertile. 

«Cependant, au fur et à mesure que les recherches avancent, nous nous rendons compte que cette région comptait bien plus que des petites communautés indépendantes qui ne disposaient que de peu de moyens et ne faisaient pas grand-chose dans une zone aride.

La réalité, c’est que, au néolithique, ces régions étaient nettement plus vertes; de très grandes populations humaines et des troupeaux d’animaux s’y seraient déplacés.»

Parmi les découvertes les plus intrigantes répertoriées par l’équipe d’Aerial Arachaeology in the Kindgom of Saudi Arabia (Aaksa) figurent les mystérieux mustatils – des structures souvent immenses et rectangulaires construites par un peuple préhistorique inconnu il y a plus de huit mille ans. Ces bâtiments, probablement uniques dans la péninsule Arabique, auraient eu des fonctions rituelles.

On en compte aujourd’hui plus de mille six cents sur une superficie de 300 000 km2 dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, principalement dans les environs d’AlUla et de Khaybar.

D’autres preuves du passé préhistorique de l’Arabie saoudite se trouvent dans les immenses collections, particulièrement impressionnantes, de gravures rupestres néolithiques ou de pétroglyphes. Elles se situent dans la province de Haïl sur deux sites distants de 300 kilomètres qui ont tous deux été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2015.

Le premier se trouve à Jabal Umm Sinman, un affleurement rocheux qui se trouve à l’ouest de la ville moderne de Jubbah et dont l’origine remonte à l’aube de la civilisation arabe. Il y a quelque six mille ans, les collines environnantes donnaient sur un lac aujourd’hui perdu sous les sables du désert du Néfoud.

Selon les termes du document de mise en candidature de l’Unesco, c’est sur les collines d’Umm Sinman que les ancêtres des Saoudiens d’aujourd'hui «ont laissé des traces de leur présence, de leurs religions, des perspectives sociales, culturelles, intellectuelles et philosophiques de leurs croyances sur la vie et la mort, et de leurs idéologies métaphysiques et cosmologiques».

Le second site se trouve à Jabal al-Manjor et Jabal Raat, à 220 kilomètres au sud-ouest de Jubbah, près du village de Shuwaymis.

Ensemble, les sites jumeaux racontent plus de neuf mille ans d’histoire de l’humanité, depuis les premières traces picturales de la chasse jusqu’au développement de l’écriture, de la religion et de la domestication d’animaux tels que les vaches, les chevaux et les chameaux.

L’art rupestre de la région de Haïl est considéré comme l’une des collections les plus importantes au monde. Il renferme «des expressions visuellement stupéfiantes du génie créatif humain, comparables aux messages laissés par des civilisations condamnées en Mésoamérique ou sur l’île de Pâques [...], d’une valeur universelle exceptionnelle».

Parmi les autres sites de l’Arabie saoudite qui figurent sur la liste de l’Unesco, citons l’aire culturelle de Hima, inscrite en 2021. Il s’agit d’une importante collection d’images d’art rupestre réalisées il y a plus de sept mille ans par les armées et les voyageurs qui passaient dans la région en suivant une ancienne route caravanière dans le désert, dans le sud-ouest du pays.

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L'aire culturelle de Hima. (Photo fournie).

La ville historique de Djeddah, inscrite par l’Unesco en 2014, a été établie au VIIe siècle comme le principal port de la mer Rouge et s’est rapidement développée en tant que porte d’entrée pour les pèlerins de La Mecque qui arrivaient par la mer. Djeddah, qui s’est transformée en «un centre multiculturel florissant», était «caractérisée par une tradition architecturale typique, notamment des maisons-tours construites à la fin du XIXe siècle par l’élite marchande de la ville». Beaucoup d’entre elles existent encore aujourd’hui.

Al-Hassa, une «série de paysages culturels», dans la province d’Ach-Charqiya, abrite la plus grande et sans doute la plus ancienne oasis du monde. Il s’agit d’un ensemble tentaculaire de douze éléments distincts et de 2,5 millions de palmiers dispersés sur une superficie totale de 85 km2.

Classée par l’Unesco en 2018 comme «un paysage culturel évolutif», Al-Hassa «conserve des traces matérielles représentatives de toutes les étapes de l’histoire de l’oasis, depuis ses origines, pendant la période néolithique, jusqu’à aujourd’hui».

Al-Hassa, qui se situe entre le désert rocheux d’Al-Ghawar, à l’Ouest, et les dunes du désert d’Al-Jafurah, à l’Est, est associée à la civilisation Dilmun, qui s’est épanouie lors du troisième millénaire avant J.-C. dans ce qui est aujourd’hui l’Arabie saoudite orientale. La découverte de poteries qui datent de la période d’Obeïd, il y a quelque sept mille ans, suggère également que la région d’Al-Hassa pourrait être l’une des premières de l’Arabie orientale à avoir été colonisée par l’homme.

La première place, du moins dans le cœur des Saoudiens, revient au quartier de Turaif, à Diriyah, considéré comme le berceau du Royaume et inscrit sur la liste de l’Unesco en 2010.

Dans un méandre du Wadi Hanifah, à quelques kilomètres au nord-ouest de la métropole moderne de Riyad, sont conservés les vestiges d’un ensemble époustouflant de palais, de maisons et de mosquées en briques de terre crue. Il s’agit d’un «exemple prééminent du style najdi, une importante tradition architecturale qui s’est développée dans le centre de l’Arabie [...] et a contribué à la diversité culturelle du monde».

D’abord colonisée par les ancêtres de la dynastie Al-Saoud au XVe siècle, l’oasis de Diriyah est devenue la capitale du premier État saoudien, établi en 1744.

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Le quartier de Turaif. (Photo fournie).

Elle a été détruite en 1818 après une campagne de six ans menée par un Empire ottoman vengeur. Ce dernier redoutait en effet que ce premier État saoudien ne menace sa domination sur l’Arabie et les Villes saintes de La Mecque et de Médine.

Finalement, comme le relate l’histoire, c’est la dynastie Al-Saoud qui l’a emporté. En 1902, Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud, mieux connu sous le nom d’«Ibn Saoud», a reconquis Riyad avant de réunir les royaumes du Najd et du Hijaz en 1932 pour former le royaume d’Arabie saoudite.

Le quartier de Turaif, dans la ville de Diriyah, a été détruit par les Ottomans et ne sera plus jamais habité. Toutefois, il a été soigneusement préservé et constitue aujourd’hui le fleuron de l’un des plus importants mégaprojets de l’Arabie saoudite: l’aménagement de la zone élargie par l’Autorité de développement de Diriyah Gate, qui en a fait «l’un des lieux de rassemblement culturel les plus incroyables du monde».

Le plan de 50 milliards de dollars (1 dollar = 1 euro) qui vise à transformer Diriyah en une destination historique, culturelle et de mode de vie mondiale permettra de créer 55 000 emplois et d’attirer 27 millions de visiteurs chaque année. Ces derniers pourront ainsi découvrir l’histoire et la culture d’un royaume qui, en moins de trois cents ans, est passé d’une idée née dans une petite communauté du désert à l’une des nations les plus influentes du monde.

Sur ce site d’une superficie de 7 km2, les visiteurs trouveront des musées, des galeries, des hôtels de classe internationale, des restaurants, des boutiques, des maisons ainsi que des installations éducatives et culturelles. Tous ces bâtiments reflètent le style architectural traditionnel najdi.

Au cœur du projet se trouve Turaif, qui, comme tant de sites historiques d’Arabie saoudite, constitue un élément inestimable du passé. Il contribue aujourd’hui à façonner l’avenir du Royaume.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le rappeur français Jul, toujours champion du streaming en 2025, sort un double album

Jul, photo X, compte du rappeur.
Jul, photo X, compte du rappeur.
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  • Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril
  • Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026

PARIS: Numéro 1 des artistes les plus streamés dans l'Hexagone en 2025, le rappeur français Jul, originaire de Marseille (sud-est), sort vendredi "TP sur TP", un double album enregistré à Paris contenant des duos éclectiques, de Naza au groupe corse I Muvrini.

"Je fais tout à l'instinct, tout sur l'esprit du moment", confie Jul dans le documentaire qui accompagne cette sortie, disponible sur YouTube.

Le film plonge dans les coulisses de la création du disque lors de sessions d'enregistrement nocturnes dans un studio parisien, où il dit être venu chercher "une autre inspiration".

"J'ai toujours fait des bons albums avec la grisaille", sourit "le J", loin de Marseille, la ville dont il est devenu un emblème jusqu'à être, à l'arrivée de la flamme olympique sur le Vieux-Port en provenance de Grèce, l'un des premiers porteurs français des Jeux de Paris en 2024.

En une quinzaine de jours, cet artiste prolifique - une trentaine d'albums, au moins deux nouveautés par an depuis 2014 -, a bâti un double opus de 32 morceaux, via son label indépendant D'or et de platine.

"J'essaie d'innover, j'essaie de faire ce que j'aime", lâche le rappeur de 35 ans.

Le titre de l'album, "TP sur TP", s'inscrit dans son univers: "TP" signifie "temps plein", en référence au volume horaire des dealers et autres petites mains d'un trafic qui gangrène la cité phocéenne.

A ses yeux, sa musique n'évoque "que de la réalité", des instants de vie "que ce soit dans la trahison, que ce soit dans les joies, les peines". Comme des photos qui défilent sur un téléphone, "mes sons, c'est mes souvenirs à moi", compare-t-il dans le documentaire.

Parmi les duos figurent son ami Naza, la star américaine des années 2000 Akon ("Lonely") ou encore le trublion catalan du rap Morad.

Jul rend aussi hommage à ses racines familiales corses, avec "A chacun sa victoire", titre où il conte l'espoir aux côtés du célèbre groupe I Muvrini, et dans une autre chanson avec Marcu Antone Fantoni.

Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril. Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026.

En parallèle, son règne sur le classement des artistes les plus écoutés en streaming en France se poursuit: en 2025, il reste numéro 1 pour la cinquième année consécutive sur Spotify et la sixième année d'affilée sur Deezer, selon les données de ces plateformes publiées cette semaine.


A Notre-Dame de Paris, plus de 11 millions de visiteurs un an après la réouv

Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de visiteurs, dépassant largement sa fréquentation d’avant l’incendie
  • De nouveaux travaux extérieurs sont prévus au-delà de 2030, poussant l’établissement public à lancer un nouvel appel aux dons

PARIS: Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de personnes, qui se pressent pour admirer la pierre blonde et le mobilier épuré de l'édifice victime d'un incendie géant en 2019.

Le 7 décembre 2024, la cathédrale était rouverte après plus de cinq ans de travaux, en présence de chefs d’État dont Emmanuel Macron et Donald Trump, lors d'une cérémonie retransmise en mondovision.

Un an plus tard, "la cathédrale a accueilli plus de 11 millions de visiteurs venus du monde entier", soulignent ses responsables.

Maria Vega, Colombienne de 22 ans, n'envisageait pas un voyage à Paris sans passer par Notre-Dame. "C'est particulièrement important pour moi qui me suis récemment réengagée dans l'Eglise", explique la jeune femme qui s'émerveille d'une restauration "très précise": "La beauté et la simplicité sont frappantes."

Dany Tavernier, 55 ans, venue de Seine-et-Marne avec sa famille, visite pour la première fois la cathédrale restaurée: "C'est magnifique, on voudrait en voir plus, comme la +forêt+ de la charpente", dit-elle à la sortie de l'édifice.

La cathédrale a dépassé ses niveaux de fréquentation (estimés autour de 8 à 9 millions d'entrées) d'avant l'incendie du 15 avril 2019, qui avait ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'œuvre de l'art gothique du XIIe siècle.

Un chantier titanesque, financé grâce à 843 millions d'euros de dons, a été nécessaire pour restaurer la cathédrale qui ne désemplit pas depuis sa réouverture.

Les files s'étirent toujours sur le parvis, surtout le week-end, mais "aujourd'hui, la queue est tout à fait satisfaisante", assure-t-on à la cathédrale.

Les visiteurs individuels peuvent entrer avec ou sans réservation, et toujours gratuitement, malgré l'idée d'une contribution de 5 euros avancée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Une suggestion rejetée par le diocèse de Paris, au nom de la mission d'accueil inconditionnel de l’Église.

- Dons -

Face à l'afflux de visiteurs, on affiche toutefois à Notre-Dame une volonté de "réguler" les entrées, particulièrement pendant les offices, en fonction du nombre de visiteurs déjà présents. "Il est important de bien accueillir, que ce soit agréable pour tous de venir, pour prier et visiter, dans un environnement paisible", ajoute-t-on.

"Quand vous êtes à l'intérieur, vous pouvez vraiment prier, je viens de le faire pendant vingt minutes, vous n'entendez pas les gens autour", assure Melissa Catapang, 39 ans, venue de Dubaï, qui loue "la solennité" de l'endroit.

Car la cathédrale se veut aussi "pleinement lieu de prière" avec plus de 1.600 célébrations organisées cette année, et un véritable essor des pèlerinages: plus de 650, dont un tiers venus de l’étranger.

Il s'agit là d'un phénomène relativement nouveau, des pèlerins venant pour la Vierge, d'autres pour la couronne d'épines - une relique acquise par Saint Louis en 1238 -, d'autres encore mus par "l'espérance, le renouveau, la résilience".

La cathédrale compte poursuivre cette dynamique spirituelle et culturelle.

Jusqu'au 2 février, une crèche provençale d'une cinquantaine de santons est installée.

La couronne d'épines est désormais présentée en ostension tous les vendredis de 15H00 à 18H30 - alors qu'elle n'était jusqu'ici vénérée que le premier vendredi de chaque mois.

Les vitraux contemporains de l'artiste Claire Tabouret seront installés fin 2026 pour remplacer six des sept baies du bas-côté sud de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Mais dès mercredi, des maquettes grandeur nature seront exposées au Grand Palais.

Et s'il reste 140 millions d'euros sur les dons collectés, "il manque encore au moins l'équivalent" pour terminer la restauration d'un édifice qui n'était pas en bon état avant l'incendie, souligne l"établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d'ouvrage de la restauration, qui lance un appel aux dons.

Des travaux sur des parties extérieures "ont été engagés en 2025 et devront être programmés jusqu’au-delà de 2030", ajoute-t-on: après la restauration déjà lancée du chevet, il faudra se pencher sur la sacristie, les trois grandes roses de la cathédrale, les façades nord et sud du transept, le presbytère...

La Fondation Notre Dame espère elle lever 6 millions d'euros.