A l'ONU, la crainte des divisions face à une avalanche de crises

Antonio Guterres a prononcé son discours sur "l'état du monde" lors de l'ouverture mardi du rassemblement mondial annuel de haut niveau (Photo, Capture d'écran/UNTV).
Antonio Guterres a prononcé son discours sur "l'état du monde" lors de l'ouverture mardi du rassemblement mondial annuel de haut niveau (Photo, Capture d'écran/UNTV).
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

A l'ONU, la crainte des divisions face à une avalanche de crises

  • Les tensions provoquées par la guerre font écho au ressentiment Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique
  • Parmi les dangers qui menacent le monde évoqués par le secrétaire général, l'invasion de l'Ukraine par la Russie

NATIONS A-UNIES: "Fractures", monde "paralysé", besoin de "solidarité": les dirigeants qui se sont succédé mardi à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU ont mis en garde contre les divisions dangereuses d'un monde qui subit déjà un amoncellement de crises, de la guerre en Ukraine au réchauffement.

"La crise du pouvoir d'achat se déchaîne, la confiance s'effrite, les inégalités explosent, notre planète brûle" et malgré tout, "nous sommes bloqués par un dysfonctionnement mondial colossal", a déploré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres en ouvrant cette semaine de haut niveau de l'Assemblée générale, qui a repris en personne après deux années marquées par la Covid-19.

"Ces crises menacent l'avenir même de l'humanité et le destin de la planète", a-t-il estimé. "Ne nous berçons pas d'illusion (...) Un hiver de grogne mondiale se profile à l'horizon."

Parmi les dangers qui menacent le monde évoqués par le secrétaire général, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au cœur de cette semaine diplomatique de haut niveau. Avec notamment une intervention mercredi du président ukrainien Volodymyr Zelensky -- par vidéo grâce à une autorisation spéciale votée la semaine dernière par les États membres -- et un Conseil de sécurité jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères.

Dernier développement dans ce conflit, les autorités installées par Moscou dans quatre régions d'Ukraine ont annoncé mardi la tenue en urgence, du 23 au 27 septembre, de "référendums" d'annexion par la Russie. Des "référendums fictifs" qui ne sont pas acceptables, a dénoncé le chancelier allemand Olaf Scholz. Une "parodie" pour le président français Emmanuel Macron.

Mais les pays du Sud s'agacent de plus en plus du fait que les Occidentaux focalisent leur attention sur l'Ukraine. Alors Américains et Européens ont notamment appelé à faire plus pour la sécurité alimentaire, conséquence de cette guerre dont souffre toute la planète et en particulier les pays les plus pauvres.

Pas «l'Ouest contre le reste»

L'heure n'est pas "à l'opposition de l'Ouest contre le reste", a de son côté martelé le chef de l'État français.

"Il ne s'agit pas ici de choisir un camp entre l'Est et l'Ouest, ni entre le Nord et le Sud, il s'agit de la responsabilité de tous ceux qui sont attachés (...) à notre bien le plus précieux, la paix", a-t-il ajouté, accusant frontalement la Russie d'être responsable d'un "retour des impérialismes et des colonialismes".

"Ne nous résignons pas à la fracturation du monde et à la montée des menaces à la paix", a-t-il insisté lors d'un discours parfois enflammé à la tribune.

"Le seul moyen d'apporter une lueur d'espoir dans ce sombre tableau auquel fait face l'humanité est de renforcer la coopération et la solidarité internationales dans une approche juste", a de son côté plaidé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Une urgence à "agir ensemble" soulignée également par le chef de l'État sénégalais, Macky Sall, qui préside l'Union africaine. "Je suis venu dire que l'Afrique a assez subi le fardeau de l'Histoire, qu'elle ne veut pas être le foyer d'une nouvelle guerre froide", a-t-il ajouté.

Les tensions provoquées par la guerre en Ukraine font écho au ressentiment Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique.

Les pays pauvres, en première ligne des impacts dévastateurs d'un réchauffement dont ils ne sont pas responsables, se battent notamment pour que les pays riches tiennent enfin leurs promesses d'aide financière.

Une «guerre suicidaire»

"Il est grand temps de dépasser ces discussions sans fin", a lancé Antonio Guterres.

S'en prenant aux grandes entreprises productrices d'énergies fossiles qui "se régalent" de profits gonflés par la guerre en Ukraine, il a d'ailleurs appelé les pays riches à taxer ces profits pour les "rediriger" en partie vers les pays subissant des "pertes et dommages" en raison des impacts dévastateurs du changement climatique et vers les populations subissant l'inflation.

À deux mois de la conférence sur le climat de l'ONU COP27 en Égypte, "l'action climatique est passée au second plan" des autres crises, a-t-il également dénoncé, appelant à mettre fin à "notre guerre suicidaire contre la nature".

En raison des funérailles de la reine Elizabeth II lundi, le déroulé de la semaine a été perturbé. Le président américain Joe Biden a ainsi décalé son discours à mercredi, alors que les États-Unis, pays hôte du siège des Nations unies, s'expriment traditionnellement dans les premiers.

Autre sujet de préoccupation de la communauté internationale, le programme nucléaire de l'Iran, dont le président Ebrahim Raïssi est également à New York pour sa première Assemblée générale.

"La balle est maintenant dans le camp de l'Iran", a insisté Emmanuel Macron après une longue rencontre avec son homologue iranien, alors que des négociations sont en cours pour redonner vie à l'accord nucléaire de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Des dissidents iraniens ont eux annoncé le dépôt d'une action en justice à New York contre M. Raïssi pour son rôle de juge pendant la révolution lors de laquelle des milliers de personnes ont été condamnées à mort.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.