DUBAÏ: Une jeune Iranienne, dans le coma après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, est décédée vendredi, ont annoncé la télévision d'Etat et sa famille, des activistes exhortant à traduire en justice les responsables de sa mort jugée "suspecte".
La femme iranienne a été déclarée en état de mort cérébrale quelques heures après avoir été arrêtée.
Mahsa Amini aurait été battue à l’intérieur du fourgon de la police des mœurs alors qu’on l’emmenait dans un centre de détention, selon les informations de Radio Farda, citant des témoins oculaires. La jeune femme de 22 ans s’était rendue du Kurdistan à Téhéran pour rendre visite à des proches lorsqu’elle a été arrêtée le 13 septembre. Sa famille a ensuite été informée qu’elle avait été hospitalisée après que le centre de presse du Département de la police de Téhéran a annoncé qu’elle avait «soudainement souffert d’un problème cardiaque».
Kiarash Amini, le frère aîné de Mahsa, a indiqué dans une interview accordée au site d’information Iranwire que, selon les diagnostics des médecins, sa sœur a souffert d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral, «et que si son cœur battait encore, son cerveau n’était plus conscient».
Selon certaines sources, les femmes sans hijab n’ont pas le droit d’entrer dans les bureaux du gouvernement, dans les banques ou dans les transports en commun.
«Meurtre»
"Les circonstances qui ont conduit au décès suspect durant sa détention de la jeune femme de 22 ans Mahsa Amini, dont des accusations de torture et d'autres mauvais traitements, doivent faire l'objet d'une enquête criminelle", a réagi l'ONG Amnesty International. "La prétendue +police des moeurs+ à Téhéran l'a arrêtée arbitrairement trois jours avant sa mort en vertu des lois abusives, discriminatoires et dégradantes du pays sur le port du voile. Tous les agents et fonctionnaires responsables doivent répondre de leurs actes".
Les Etats-Unis ont jugé ce décès "impardonnable". "Nous continuerons à tenir responsables les dirigeants iraniens pour de telles violations des droits humains", a écrit sur Twitter Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden.
L'avocat iranien Saïd Dehghan a qualifié sur Twitter la mort de la jeune femme de "meurtre", affirmant qu'elle avait reçu un coup à la tête qui avait provoqué une fracture du crâne.
Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits humains en Iran, basé à New York (Etats-Unis), a décrit ce décès comme une "tragédie qui aurait pu être évitée". "Le gouvernement en Iran est responsable. Elle a été arrêtée en vertu de la loi discriminatoire de l'Etat sur le voile et est décédée alors qu'elle était dans un centre de détention de l'Etat", a-t-il ajouté.
Avant l'annonce du décès, la présidence iranienne avait indiqué dans un communiqué que le président Ebrahim Raïssi avait chargé le ministre de l'Intérieur d'enquêter sur cette affaire.
L'autorité judiciaire du pays avait également annoncé via son agence de presse Mizan Online la formation d'un groupe spécial pour ouvrir une enquête.
L'incident survient alors que la controverse enfle sur la conduite de cette police des moeurs, qui patrouille dans les rues pour vérifier l'application dans les lieux publics de la loi sur le foulard et d'autres règles islamiques.
Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi exige que toutes les femmes, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, portent un voile qui recouvre la tête et le cou tout en dissimulant les cheveux.
Cependant, ces deux dernières décennies, de plus en plus de femmes à Téhéran et dans d'autres grandes villes laissent des mèches de cheveux, voire plus, dépasser de leur voile.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com