Larmes et recueillement à Westminster: Le public défile devant le cercueil d'Elizabeth II

Dans une procession solennelle au déroulé millimétré, le cercueil en chêne transporté sur un affût de canon, et sur lequel la couronne impériale avait été déposée, a quitté le palais à 13H22 GMT, suivi à pied par ses quatre enfants et ses petits-fils William et Harry, réputés en froid mais côte-à-côte pour cet évènement historique. (Photo, AFP)
Dans une procession solennelle au déroulé millimétré, le cercueil en chêne transporté sur un affût de canon, et sur lequel la couronne impériale avait été déposée, a quitté le palais à 13H22 GMT, suivi à pied par ses quatre enfants et ses petits-fils William et Harry, réputés en froid mais côte-à-côte pour cet évènement historique. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 septembre 2022

Larmes et recueillement à Westminster: Le public défile devant le cercueil d'Elizabeth II

Dans une procession solennelle au déroulé millimétré, le cercueil en chêne transporté sur un affût de canon, et sur lequel la couronne impériale avait été déposée, a quitté le palais à 13H22 GMT, suivi à pied par ses quatre enfants et ses petits-fils William et Harry, réputés en froid mais côte-à-côte pour cet évènement historique. (Photo, AFP)
  • Disposé sur un imposant catafalque, le cerceuil y demeurera dans la plus ancienne salle du Parlement britannique, qui restera ouverte sans interruption jusqu'à 6H30 lundi, jour des funérailles à l'abbaye de Westminster
  • Défilant des deux côtés du cercueil, le public a adressé des baisers à la reine et incliné la tête en signe de respect, parfois les yeux rougis par les larmes

LONDRES: Une longue attente, pour jeter un baiser, verser une larme, faire une révérence: le public a commencé à défiler mercredi devant le cercueil d'Elizabeth II à Londres, pour plusieurs jours d'ultimes hommages où sont attendues des centaines de milliers de personnes avant les funérailles lundi.

À l'issue d'une procession chargée d'émotion depuis le palais de Buckingham, demeure où elle a passé une partie de son enfance puis qui fut sa résidence officielle durant ses 70 ans de règne, le cercueil de la reine, qui s'est éteinte jeudi dernier à 96 ans, est arrivé à Westminster Hall en début d'après-midi.

Disposé sur un imposant catafalque, il y demeurera dans la plus ancienne salle du parlement britannique, qui restera ouverte sans interruption jusqu'à 06H30 (locale et GMT) lundi, jour des funérailles à l'abbaye de Westminster.

Défilant des deux côtés du cercueil, le public adresse baisers ou révérence à la reine, les yeux souvent rougis par les larmes.

Sue Harvey, comptable de 50 ans, décrit une expérience "incroyablement émouvante", "beaucoup de gens en pleurs", mais dans "un silence total". "Je voulais être sûre de la voir, quelle que soit la longueur de la file d'attente", poursuit-elle, avant de filer déposer des fleurs près du palais de Buckingham.

Nina Kaistoffioson, artiste de 40 ans venue dire "merci" à la reine pour "son service à la nation", s'est sentie "en paix", décrivant "émotion" et "larmes". Elle a attendu deux jours sous la pluie, mais, comme d'autres qui patientaient avec elle, avait prévu une tenue de rechange avant d'entrer dans la cathédrale.

Les yeux mouillés, Vickie Wicks, 36 ans, n'aurait pas hésité à attendre "30 heures si nécessaire" pour un bref instant près du cercueil.

Harry et William ensemble

Après avoir quitté le palais de Buckingham sur un affût de canon tiré par des chevaux, le cercueil de la souveraine a été suivi à pied pour rejoindre Westminster, au rythme de 75 pas par minute, par ses quatre enfants, le roi Charles, la princesse Anne et leurs frères Andrew et Edward.

Suivaient, côte à côte, les princes William et Harry, les deux fils de Charles aux relations difficiles, qui s'affichaient ensemble pour la deuxième fois depuis la mort d'Elizabeth II il y a près d'une semaine en Ecosse.

Surmonté de la couronne impériale posée sur un coussin de velours violet et une couronne de fleurs blanches, roses et dahlias, accompagnées de feuillages des châteaux de Balmoral et de Windsor, le cercueil a effectué sa lente progression au son de marches funèbres de Beethoven, Mendelssohn et Chopin.

Les Britanniques sont attendus par centaines de milliers pour se recueillir à Westminster au plus près de leur monarque, saluée pour son dévouement à la Couronne pendant son règne.

Mais il faudra s'armer de patience, avec une longue file d'attente - près de quatre kilomètres mercredi soir - qui pourrait s'étirer jusqu'à une quinzaine de kilomètres.

Ils étaient des milliers mercredi à patienter sur la rive opposée au parlement. Les premiers arrivés ont passé la nuit sur place, ceux qui arrivent mercredi en fin de journée sont prêts à faire de même.

"D'une certaine manière j'ai l'impression qu'on doit quelque chose à la reine, car elle a été là toutes nos vies", explique Andrew Clyde, 53 ans, venu spécialement avec deux amis depuis l'Irlande du Nord. Une région où la reine a contribué à "rassembler les deux communautés" protestante et catholique, secouées par trois décennies de violences, explique ce retraité équipé d'un grand sac à dos avec vivres, eau et thé glacé.

Roc de stabilité dans les crises et les changements, la reine a été une image rassurante pour des millions de Britanniques durant son règne.

Bien plus faible, la cote de popularité de Charles III est montée en flèche depuis son accession au trône. Selon un sondage YouGov mardi, trois personnes sur cinq pensent qu'il fera un bon roi, contre à peine plus de 30% il y a quelques mois.

Mais un instant d'agacement a été remarqué au moment de signer des documents officiels à Belfast, le roi s'énervant contre un stylo qui fuyait.

Le déroulé des événements jusqu'aux funérailles de la reine Elizabeth à Londres

Voici le déroulé des événements tels qu'annoncés par le palais de Buckingham et le gouvernement britannique. 

Mercredi 14 septembre 

13h22 GMT: Procession grandiose au centre de Londres devant des dizaines de milliers de spectateurs pour acheminer le cercueil de la reine du palais de Buckingham, où il est arrivé d'Ecosse mardi, au palais de Westminster où elle reposera à Westminster Hall jusqu'au matin des obsèques. 

Posé sur un affût de canon de la Royal Horse Artillery, suivi par le roi en uniforme et les trois autres enfants de la reine, ainsi que les princes William et Harry, le cercueil est recouvert de l'étendard royal. Sur celui-ci reposent la couronne impériale d'apparat posée sur un coussin de velours, et une couronne de fleurs, dont des roses et dahlias blancs et des feuillages issus des domaines royaux de Balmoral et Windsor. 

Escorté par les grenadiers de la Garde la maison royale, il est salué par des haies d'honneur le long du parcours et accompagné de coups de canon tirés à une minute d'intervalle depuis Hyde Park ainsi que de la cloche Big Ben. 

14h00 GMT: arrivée du cercueil à Westminster Hall, gardé nuit et jour par des soldats, appartenant aux unités de la maison royale. Court service religieux célébré par l'archevêque de Canterbury Justin Welby. 

16h00 GMT: ouverture de Westminster Hall au public, 24 heures sur 24 jusqu'au 19 septembre à 5h30 GMT. Le cercueil de chêne fermé sera posé sur un catafalque. 

Des centaines de milliers de personnes sont attendues et la file d'attente devrait serpenter sur plusieurs kilomètres. Les autorités ont demandé au public de se "vêtir de manière appropriée pour rendre hommage" à la souveraine décédée jeudi dernier à 96 ans, et prévenu que l'attente pourrait durer des heures, voire la nuit entière. 

Le public ne pourra apporter à l'intérieur qu'un petit sac. Aucune nourriture ou boisson autre qu'une bouteille d'eau, transparente et vide, ne sera acceptée aux contrôles de sécurité semblables à ceux des aéroports. Ni glacière, ni chaises pliantes ou sacs de couchage, ni animal, à l'exception des chiens guidant les mal voyants ou mal entendants. 

Vendredi 16 septembre 

Le roi et la reine consort se rendent au Pays de Galles, pour une nouvelle séance de condoléances des autorités locales, complétant ainsi leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord et Pays de Galles). 

Dimanche 18 septembre 

19h00 GMT: les Britanniques sont invités à respecter une minutes de silence en mémoire de la reine. 

Lundi 19 septembre 

5h30 GMT: fin de l'exposition du cercueil à Westminster Hall. 

9h44 GMT: procession pour acheminer le cercueil jusqu'à l'abbaye de Westminster avant les funérailles. 

10h00 GMT: funérailles d'Etat avec des centaines de dignitaires attendus du monde entier et de nombreuses têtes couronnées. L'audience télévisée mondiale devrait se compter en centaines de millions de personnes. 

La journée sera fériée au Royaume-Uni. 

Après la cérémonie, nouvelle procession pour accompagner le cercueil jusqu'à l'Arc de Wellington, à Hyde Park Corner dans le centre de Londres, d'où il partira en corbillard pour Windsor. 

La reine sera inhumée en privé dans la chapelle du roi George VI du château de Windsor, une annexe de la chapelle principale. 

Le cercueil de son époux le prince Philip décédé l'an dernier y reposera à ses côtés. 

Défi logistique

Tensions en Irlande du Nord, velléités indépendantistes en Ecosse, inflation galopante: Charles III, plus vieux souverain britannique à accéder au trône, s'installe dans ses fonctions dans un moment difficile.

Il s'est entretenu mercredi par téléphone avec le président américain Joe Biden, annoncé aux funérailles, qui lui a transmis ses condoléances et a fait part de son "désir de poursuivre une relation étroite", selon la Maison Blanche.

Le roi a également parlé aux président français Emmanuel Macron et irlandais Michael D Higgins, ainsi qu'aux gouverneurs généraux d'Australie, du Canada et de Jamaïque, selon l'agence de presse britannique PA.

Quelque 500 dignitaires étrangers sont attendus pour les obsèques d'Elizabeth II, premières funérailles nationales depuis 1965 - celles de l'ancien Premier ministre Winston Churchill (1874-1965). Quelques pays, notamment la Russie, l'Afghanistan, la Syrie et la Birmanie, n'ont pas été invités.

Hôtels complets, transports perturbés, pubs bondés: la capitale britannique se prépare dans la fébrilité à cet événement, immense défi sécuritaire pour la police et changement d'ère au Royaume-Uni et dans les 14 autres Etats dont Elizabeth II était la cheffe d'Etat.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »