LONDRES : La nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a promis d'annoncer dès jeudi des mesures pour faire face à l'ampleur de la crise du coût de la vie, mais exclu de taxer les compagnies énergétiques pour les financer, lors de son premier duel avec le chef de l'opposition.
Au lendemain de sa prise de fonction à Downing Street, la cheffe du gouvernement conservateur a reconnu devant les députés arriver au pouvoir dans une "période vitale" pour le Royaume-Uni, confronté à une inflation à plus de 10%, un risque de récession, des grèves sans cesse plus nombreuses et une chute de sa monnaie.
Elle a indiqué qu'elle reviendrait le lendemain avec un plan pour lutter contre l'envolée des factures d'énergie. Selon la presse, Liz Truss, qui en campagne a dit préférer les baisses d'impôts à la redistribution, veut geler les prix du gaz et de l'électricité, censées augmenter de 80% à partir d'octobre.
Un tel projet pourrait représenter un coût massif de plus de 150 milliards d'euros. Mais la dirigeante, lors de la première séance de questions à la Première ministre, a martelé son rejet de la taxe exceptionnelle sur les compagnies énergétiques à laquelle s'était résolu Boris Johnson pour aider les ménages.
"L'argent doit bien venir de quelque part", l'a interpellée le chef du parti travailliste Keir Starmer. "Elle est la quatrième Première ministre conservatrice en six ans, le visage peut changer mais l'histoire reste la même", a-t-il déploré, l'accusant de vouloir faire porter le fardeau de son plan aux finances publiques plutôt que de ponctionner les profits des entreprises.
Grogne sociale
"La vérité, c'est que ce pays ne trouvera pas le chemin de la croissance par les taxes (...) mais en attirant les investissements, en baissant les taxes et en agissant plus vite", a répliqué Liz Truss, plutôt à l'aise dans l'exercice, mettant en avant les dangers d'une fiscalité "au même niveau que la France".
Alors que le différend avec Bruxelles sur le statut post-Brexit de l'Irlande du Nord menace de se durcir, Liz Truss s'est aussi dite "déterminée" à travailler avec "toutes les parties" pour régler la crise, disant préférer une "solution négociée" mais avertissant qu'elle n'accepterait pas le statu quo, face au blocage politique dans la province.
Liz Truss, fervente libérale âgée de 47 ans, se retrouve confrontée à une situation qui ressemble de plus en plus à l'époque de Margaret Thatcher, dont elle se revendique.
Jamais depuis les années 1980, la grogne sociale n'avait été aussi forte, avec des grèves qui se multiplient pour réclamer des hausses de salaires. Jamais non plus depuis lors, l'inflation n'avait été aussi forte ni la livre sterling aussi faible: la monnaie a plongé mercredi à son plus bas niveau depuis 1985 face au dollar.
Mauvais sondages
A peine nommée cheffe du gouvernement lors d'une audience avec la reine Elizabeth II en Ecosse, Liz Truss a assuré mardi que le pays pouvait "sortir de la tempête", une formule reprise mercredi en Une de nombreux journaux britanniques.
Le pari n'est pas gagné pour l'ancienne cheffe de la diplomatie: choisie par la base de son parti, elle reste peu aimée de la population, à deux ans d'élections législatives où les travaillistes sont donnés gagnants.
Seul un tiers des Britanniques s'attendent à la voir faire un bon travail, selon un sondage Ipsos.
Alors que la majorité des députés conservateurs aurait préféré que son rival Rishi Sunak devienne chef du gouvernement, elle va aussi devoir rassembler tant bien que mal un parti divisé après 12 années au pouvoir.
Après avoir fait une campagne très à droite, Liz Truss était entourée à la Chambres des Communes par ses fidèles soutiens qu'elle a nommés au sein de son cabinet, à commencer par son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, jusqu'ici chargé des Entreprises et de l'Energie et partisan comme elle d'un Etat peu interventionniste et d'une économie de marché.
Pour la première fois, les trois principaux postes du cabinet seront occupés par des élus issus de la diversité - mais passés par l'enseignement privé classique de l'élite britannique.
Outre le Chancelier de l'Echiquier, le ministre des Affaires étrangères James Cleverly a ses racines maternelles en Sierra Leone, et la ministre de l'Intérieur, Suella Braverman, est d'origine indienne.