PARIS: Le chef de l'Etat a reçu mercredi soir les élus des collectivités de l'océan Atlantique et de l'océan Indien, qui avaient demandé à le rencontrer pour discuter de solutions aux problématiques spécifiques aux Français d'outre-mer pouvant aller jusqu'à une réforme constitutionnelle.
L'objectif de ce "dîner de travail" était, avait fait savoir l'Elysée, d'avoir avec les élus "un échange sur les sujets importants pour nos concitoyens: la sécurité, l'emploi, la vie chère, les infrastructures".
Interrogé à sa sortie par l'AFP, le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique Serge Letchimy a rapporté que le chef de l'Etat avait "répondu de manière claire à l'appel de Fort-de-France".
En mai dernier, ses signataires, les présidents des régions de Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin et Guyane, avaient demandé à rencontrer le président pour discuter d'"un changement profond de politique" d'aide au développement de leurs territoires frappés par la pauvreté.
Mercredi soir, les élus ultramarins ont d'abord rencontré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco pour "échanger sur les évolutions institutionnelles".
Dans la foulée, ils ont entendu le président Macron "décliner ses orientations" puis ont pu discuter pendant trois heures avec lui et la Première ministre Elisabeth Borne, en présence d'une cinquantaine d'autres élus, a indiqué M. Letchimy.
"Il y a une fenêtre qui s'ouvre au niveau constitutionnel liée à la question de la Nouvelle-Calédonie", a expliqué le président de la collectivité de Martinique. "C'est à nous d'arriver à des propositions extrêmement concrètes dans le cadre de notre congrès de façon à ce qu'on puisse écrire à deux mains, Etat et collectivités, (…) et qu'on puisse être prêts pour la réforme constitutionnelle prévue fin 2023, début 2024 si les choses avancent normalement".
M. Letchimy a cependant précisé qu'"il y a une nouvelle relation à établir entre les pays d'outre-mer et l'Etat" et qu'il ne voulait pas "seulement un changement statutaire" mais "des réformes au fond sur le plan fiscal, économique, l'autonomie alimentaire, énergétique".
«Différenciation et responsabilisation»
Emmanuel Macron, "dans les semaines qui suivent, demandera au gouvernement une feuille de route qui permette de renforcer son action", avait assuré l'Élysée mercredi matin en rappelant que les "maîtres mots" de l'action de l'État étaient "la différenciation et la responsabilisation".
La priorité des concitoyens est sur les sujets du quotidien, selon l'Élysée, mais "si ça revient à faire des évolutions organisationnelles, réglementaires, législatives, on y est ouvert, c'est l'objectif de ces échanges. Et ça peut aller plus loin sur du statutaire, le président l'avait dit de manière très claire +pas de tabou+, mais (ce type d'évolution) passe par les consultations des populations".
L'ex-ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, avait abordé la question de l'autonomie lors d'un déplacement en Guadeloupe à l'occasion des émeutes urbaines qui avaient secoué l'île en novembre 2021.
Les cinq députés ultramarins du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), Nathalie Bassire (Réunion), Stéphane Lenormand (Saint-Pierre-et-Miquelon), Max Mathiasin (Guadeloupe), Olivier Serva (Guadeloupe) et Estelle Youssouffa (Mayotte) ont de leur côté "pris acte de la volonté exprimée par le chef de l'État de mettre en œuvre une nouvelle méthode dans les relations entre l'État et les territoires d'Outre-mer", ont ils indiqué dans un communiqué.
"Le gouvernement aura matière à mettre en pratique sa nouvelle méthode revendiquée dès cette rentrée parlementaire lors de l'examen des projets de loi sur les énergies renouvelables et l'assurance chômage", ont-ils ajouté, en demandant que "les spécificités ultramarines soient prises en compte dès l'élaboration des avant-projets de loi".