CERNOBBIO, Italie: Matteo Salvini, le dirigeant du parti italien d'extrême droite de la Ligue, a créé la polémique dimanche en mettant en doute l'efficacité des sanctions européennes prises à l'encontre de la Russie pour sanctionner l'invasion de l'Ukraine.
"Plusieurs mois se sont écoulés et les gens paient leurs factures deux fois, voire quatre fois plus, et après sept mois, la guerre continue et les coffres de la Fédération de Russie se remplissent d'argent", a-t-il déclaré à la radio RTL.
"Nous avons besoin d'un bouclier européen" pour protéger entreprises et familles, comme lors de la pandémie de Covid, a-t-il réclamé dans la foulée lors d'un débat organisé dans le cadre du Forum économique The European House - Ambrosetti à Cernobbio, dans le nord de l'Italie.
"Si nous voulons aller de l'avant avec les sanctions, faisons-le, nous voulons protéger l'Ukraine, mais je ne voudrais pas qu'au lieu de nuire aux sanctionnés, nous nous nuisions à nous-mêmes", a-t-il nuancé.
"Les sanctions fonctionnent-elles? Non. A ce jour, ceux qui ont été sanctionnés sont gagnants, tandis que ceux qui ont mis en place les sanctions sont à genoux", avait-il tweeté la veille.
"De toute évidence, quelqu'un en Europe fait un mauvais calcul: il est essentiel de repenser la stratégie pour sauver les emplois et les entreprises en Italie", a-t-il lancé.
Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD), l'un de ses principaux adversaires dans la campagne en cours pour les législatives du 25 septembre, a aussitôt riposté dans un tweet: "Je crois que Poutine ne l'aurait pas dit mieux".
«Propagande de Poutine»
Ce sont des déclarations "irresponsables" qui "risquent de causer de très graves dommages à l'Italie, à notre fiabilité et à notre rôle en Europe", a-t-il asséné devant la presse en marge du forum organisé sur les rives du Lac de Côme.
"Quand j'entends Salvini parler de sanctions, j'ai l'impression d'écouter la propagande de Poutine. Je suis inquiète pour un pays comme l'Italie qui fait des clins d'œil à la Russie", a réagi la ministre pour le Sud, Mara Carfagna, qui a quitté le parti conservateur Forza Italia de Silvio Berlusconi pour protester contre son rôle dans la chute du gouvernement de Mario Draghi.
Les liens entre Matteo Salvini et Moscou ont suscité des inquiétudes en Italie, en particulier depuis l'invasion de l'Ukraine, au risque de gêner son parti et ses alliés de Forza Italia et Fratelli d'Italia (post-fasciste) dans la campagne électorale.
A l'inverse, Giorgia Meloni, sa partenaire de coalition et cheffe de Fratelli d'Italia, qui caracole en tête des sondages, a pris des positions claires en faveur du soutien à l'Ukraine, des sanctions et de l'envoi d'armes à Kiev.
"Si l'Italie n'envoyait plus d'armes ou ne participait plus aux sanctions, que ferait l'Occident? Rien, il continuerait à les envoyer", a-t-elle estimé à Cernobbio devant un parterre d'entrepreneurs et représentants de la finance internationale.
"Si l'Italie lâche ses allies, pour l'Ukraine rien ne change, pour nous beaucoup. Une nation sérieuse qui veut défendre ses intérêts doit avoir une posture crédible", a-t-elle fait valoir.