BERLIN: La Russie semble prête à reprendre samedi ses livraisons de gaz vers l'Europe via le pipeline Nord Stream, après une courte maintenance, d'après les données publiées vendredi par l'opérateur du gazoduc.
La réouverture des vannes serait un soulagement pour les pays de l'UE, mais sans apaiser leurs craintes que de nouvelles interruptions interviennent cet hiver sur ce gazoduc clé reliant la Russie au nord de l'Allemagne.
Les ordres d'expédition, publiés par le site de la société Nord Stream, opérateur du gazoduc, indiquent que les flux devraient redémarrer à partir de 02h00 heures du matin (00h00 GMT) à 20 % de la capacité normale, soit le même niveau qu'avant les travaux de maintenance.
Ces travaux ont débuté mercredi et ont réduit le transit à zéro.
Les annonces sur les volumes attendus peuvent encore évoluer et doivent être confirmées par les flux réels.
L'énergéticien russe Gazprom avait justifié la suspension des flux par la nécessité de travaux de maintenance sur une station de compression de la conduite, située en Russie.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l'énergie est au cœur d'un bras de fer entre Moscou et les Occidentaux qui accusent régulièrement la Russie d'utiliser le gaz "comme une arme".
Gaz: le fonctionnement de Nord Stream «menacé» par les sanctions
Le Kremlin a affirmé vendredi que le fonctionnement du gazoduc Nord Stream, qui alimente l'Europe en gaz, était "menacé" par une pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions visant Moscou pour son offensive en Ukraine.
Cette mise en garde risque de renforcer encore l'incertitude sur l'avenir des livraisons de gaz par ce gazoduc.
"Techniquement, il n'y a pas de réserves, une seule turbine fonctionne", a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
"La fiabilité du fonctionnement de tout le système est menacée", a-t-il poursuivi, assurant que ce n'était "pas de la faute de Gazprom", l'entreprise russe assurant les livraisons via le gazoduc.
Depuis le début de l'intervention militaire du Kremlin en Ukraine, fin février, Moscou a fortement réduit ses livraisons de gaz aux Européens, en réaction aux sanctions occidentales massives contre la Russie.
Les Européens, très dépendants du gaz russe, accusent le Kremlin de s'en servir comme d'un moyen de pression, ce que réfute Moscou, qui évoque des problèmes techniques suscités par les sanctions ou des retards de paiement.
La Russie affirme notamment que les sanctions empêchent la restitution d'une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour être réparée. L'Allemagne, où se trouve la turbine, assure au contraire que c'est Moscou qui bloque le retour de cette pièce-clé.
Mardi, le géant Gazprom a annoncé suspendre ses livraisons au groupe français Engie, affirmant qu'il n'avait pas payé toutes les factures pour le mois de juillet.
Parallèlement, Gazprom a suspendu mercredi ses livraisons via le gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l'Allemagne et permet ensuite d'alimenter d'autres pays européens.
Un responsable allemand avait jugé l'interruption de cette semaine "incompréhensible sur le plan technique".
Gazprom n'a cessé de réduire les quantités livrées par Nord Stream au fil des derniers mois.
En juillet, l'entreprise avait déjà procédé à dix jours de travaux de maintenance sur le gazoduc qui avait ensuite été remis en marche mais avec une nouvelle baisse des livraisons.
Avant l'invasion russe de l'Ukraine, Nord Stream acheminait environ un tiers des 153 milliards de m3 de gaz achetés annuellement par l'UE. L'Allemagne exporte sur le continent une partie des volumes arrivant sur son territoire.
Pour compenser les quantités manquantes, les pays européens s'efforcent de trouver d'autres fournisseurs et de réduire leur consommation sur fond d'explosion des prix du gaz sur les marchés.