GAZA CITY: Pendant des années, les patients de la bande de Gaza se sont plaints du manque de services médicaux et de traitements, une situation liée aux restrictions israéliennes et à la bureaucratie médicale.
Mahmoud et sa femme, Rahma, semblent fatigués. Ils sont en train d’attendre devant la fenêtre du service d'orientation de l'Autorité palestinienne afin de compléter la procédure pour le traitement de Rahma à l'hôpital Augusta Victoria de Jérusalem.
Rahma souffre d’une leucémie depuis trois ans et elle suit une chimiothérapie à Jérusalem. Toutefois, à chaque fois qu'elle se rend à l'hôpital, elle doit préparer de nouveaux papiers et soumettre un permis de voyage à la partie israélienne afin d'être admise dans l’établissement.
«Depuis trois ans, je suis malade, et mon mari et moi avons dû subir des procédures bureaucratiques pour que je suive le traitement», soupire Rahma Saïd, 43 ans, mère de trois enfants.
«Cela ne suffit-il pas que nous souffrions d'une maladie grave? Souvent, il n'y a pas de médicaments à Gaza, et je dois me rendre à l'hôpital de Jérusalem, loin de mon mari et de ma famille», ajoute-t-elle à Arab News.
Elle a accompagné sa mère à l'hôpital parce que son mari n’a pas obtenu un permis israélien pour passer de Gaza à Jérusalem, confie-t-elle. Parfois, elle est contrainte de s'y rendre seule.
Le ministère palestinien de la Santé à Gaza a accusé Israël d'empêcher environ 50% des patients de la bande de Gaza d’être soignés.
Lors d'une conférence de presse tenue par le ministère de la Santé devant le passage d'Erez, qui sépare Gaza d'Israël, les responsables ont déclaré que la poursuite du blocus israélien avait «privé les patients de la bande de Gaza de leur droit au traitement en raison d'une pénurie de 40% des médicaments essentiels, de 32% des consommables médicaux et de 60% des matériels de laboratoire et de banque du sang».
Ils ont ajouté que 1 922 patients n'ont pas pu se rendre à temps dans les hôpitaux spécialisés de Cisjordanie, de Jérusalem et d'Israël «en raison des tergiversations de l'occupation israélienne et de permis non délivrés».
La conférence de presse a mis en avant le fait que 371 patients avaient quitté la bande de Gaza pour se faire soigner sans être accompagnés, un record depuis avril dernier. Certains de ces malades ont perdu la vie seuls dans des conditions inhumaines.
Les patients palestiniens atteints de cancer subissent également des retards de plusieurs mois pour obtenir les permis israéliens nécessaires, ce qui a entraîné le décès d'un certain nombre d'entre eux depuis le début de l'année, ont déclaré les responsables.
Un patient palestinien de la bande de Gaza doit obtenir une recommandation médicale de l'Autorité palestinienne pour être traité dans des hôpitaux de Cisjordanie, d'Israël et parfois d'Égypte et de Jordanie. Ils ont également besoin d'un permis israélien pour emprunter le passage d'Erez.
Le ministère de la Santé a organisé une marche en ambulance de l'hôpital indonésien, dans le nord de Gaza, vers le passage d'Erez, avant de tenir une conférence de presse destinée à faire connaître la campagne intitulée «Sauvez les patients de Gaza».
Le ministère accuse Israël d'empêcher l'entrée de vingt et un appareils d’imagerie dans les hôpitaux de la bande de Gaza et des pièces de rechange nécessaires pour réparer quatre-vingt-sept équipements médicaux endommagés, dont douze appareils de radiodiagnostic.
La conférence de presse a appelé «les institutions internationales, humanitaires et des droits de l'homme à faire pression, aujourd'hui plus que jamais, sur l'occupation israélienne pour mettre fin au siège de Gaza».
Rahma espère obtenir son permis pour se rendre à Jérusalem dès que possible afin de terminer son traitement et de retourner auprès de son mari et de ses enfants à Gaza.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com