AL-MUKALLA: Le gouvernement internationalement reconnu du Yémen a accusé les Houthis lundi de tenter de renforcer leur siège sur la ville de Taïz, dans le sud du pays, en lançant une attaque meurtrière sur la seule route la reliant à d’autres villes. Il a réitéré ses appels à l’envoyé des Nations unies pour le Yémen et à la communauté internationale pour qu’ils exercent une pression sérieuse sur la milice afin qu’elle mette fin à ces attaques.
Le gouvernement a indiqué que dix de ses soldats sont morts et sept autres ont été blessés au cours des dernières vingt-quatre heures alors qu’ils repoussaient une nouvelle attaque terrestre et d’artillerie des Houthis contre le personnel de l’armée à l’entrée ouest de la ville.
«Cette attaque constitue un défi flagrant visant toutes les initiatives et tous les efforts ayant pour but de mettre fin à la guerre et à instaurer la paix, sape les efforts déployés pour prolonger et étendre la trêve humanitaire, et cherche à imposer le siège de la vile de Taïz, qui est déjà assiégée depuis sept ans», a déclaré le gouvernement.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les Houthis ont bombardé les troupes qui contrôlaient la route Al-Dhabab avant d’avancer sur le terrain pour en prendre le contrôle et finalement renforcer leur siège de Taïz.
De violents combats ont éclaté entre les troupes et les Houthis après leur attaque, mais lundi matin, les troupes avaient réussi à repousser l’offensive, selon des responsables militaires. Ils ont décrit l’attaque comme la plus meurtrière depuis le début de la trêve négociée par l’ONU le 2 avril.
L’attaque des Houthis est survenue alors qu’un comité militaire de désescalade parrainé par l’ONU, composé de représentants du gouvernement et des milices, est arrivé à Amman pour discuter des violations de la trêve et de l’ouverture des routes à Taïz.
«Avec cette dangereuse escalade, le gouvernement appelle l’émissaire de l’ONU à assumer ses responsabilités et à condamner ces actes criminels et escalatoires du groupe Houthi à Taïz», a déclaré le gouvernement.
Dans le cadre de la trêve des Nations unies, qui a été renouvelée à deux reprises, les parties belligérantes ont accepté de cesser les hostilités, d’autoriser les vols commerciaux en provenance de Sanaa, ville tenue par les Houthis, d’autoriser davantage de navires de ravitaillement à entrer dans le port de Hodeidah et d’engager des discussions à Amman en vue d’ouvrir des routes à Taïz et dans d’autres provinces.
L’ouverture des routes à Taïz est le seul élément de la trêve qui n’a pas été mis en œuvre, les Houthis ayant refusé les propositions visant à lever leur siège. Ils ont suggéré d’ouvrir une petite route non pavée dans la ville.
Abdel Karim Chaiban, chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers sur le siège de Taïz à Amman, a déclaré lundi à Arab News que l’envoyé des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, avait été alerté de l’attaque des Houthis et des décès de militaires. Il a ajouté que la ville se préparait depuis longtemps à cette attaque, les Houthis ayant accumulé des combats à l’extérieur de la ville pendant la trêve.
«La milice ne croit ni aux trêves, ni à la stabilité, ni aux chartes internationales, ni aux normes religieuses ou tribales», a déclaré Chaiban.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont appelé lundi les Houthis à mettre fin à leur siège en ouvrant les routes à l’intérieur et autour de la ville et en permettant aux habitants de sortir et d’entrer librement afin d’atténuer la crise humanitaire qui s’aggrave.
«Les restrictions imposées par les Houthis ont contraint les civils à emprunter des routes de montagne dangereuses et mal entretenues qui constituent le seul lien entre la population assiégée de la ville de Taïz et le reste du monde», a déclaré Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch.
«L’ouverture des routes principales contribuerait immensément à soulager les souffrances d’une population qui est dans un isolement quasi-total depuis sept ans.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com