La profession millénaire de «grimpeur de palmiers», en lutte pour sa survie en Irak

Abbad Abboud, grimpeur de palmiers, s’applique à sa tâche (Photo, Hayder INDHAR/AFP).
Abbad Abboud, grimpeur de palmiers, s’applique à sa tâche (Photo, Hayder INDHAR/AFP).
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Publié le Mercredi 04 novembre 2020

La profession millénaire de «grimpeur de palmiers», en lutte pour sa survie en Irak

  • À la grande époque, jusqu'à la guerre contre l'Iran dans les années 1980, l'Irak comptait 30 millions de palmiers et moitié moins d'habitants
  • Aujourd'hui, plus de la moitié de ces arbres sont morts, emportés par les guerres ou le manque d'entretien, assure Mohammed Kechache, patron des coopératives agricoles de Diwaniyah

JELIHA: Sous un grand soleil, Abbas Abboud enfourche son harnais en métal et en tissu. Un pied après l'autre, il escalade le stipe d'un palmier pour couper les régimes de dattes et continuer ainsi à faire vivre sa profession ancestrale en Irak.

À 48 ans, il est l'héritier de plusieurs générations de « grimpeurs de palmiers », comme on les appelle dans le Sud irakien où le palmier-dattier était déjà cultivé il y a six mille ans.

À la grande époque, jusqu'à la guerre contre l'Iran dans les années 1980, l'Irak comptait 30 millions de palmiers et moitié moins d'habitants.

Aujourd'hui, plus de la moitié de ces arbres sont morts, emportés par les guerres ou le manque d'entretien, assure Mohammed Kechache, patron des coopératives agricoles de Diwaniyah.

Même si le travail se fait de plus en plus rare, Abboud est à pied d'œuvre chaque année, d'octobre à décembre. 

« Je reste environ dix jours dans chaque palmeraie », raconte-t-il, devant les palmiers de la famille Kariz.

Hebane Kariz, le patriarche de 69 ans, récupère avec d'autres hommes les fruits jaunes et marrons dans de grands tissus posés au sol.

« Depuis que je suis petit, nous avons d'immenses palmeraies, nous nous réunissons toujours pour la cueillette, c'est une tradition familiale », assure l'homme, la tête recouverte d'un keffieh.

Redescendre sain et sauf

Pour chaque arbre escaladé, Abbad Abboud décroche des régimes de plusieurs centaines de kilos chacun et récolte à peine plus d'un euro, une somme à l'image des maigres revenus désormais dégagés par les cultivateurs.

Dans un pays où l'héritage de l'époque de Saddam Hussein est encore bien présent, avec une économie quasi entièrement contrôlée par l'État, ils ont longtemps pu vendre leur production à un prix plus cher que celui du marché à des coopératives étatiques.

C'était ensuite Bagdad qui assurait l'empaquetage, la distribution et même l'exportation... jusqu'aux États-Unis, répètent à l'envi les cultivateurs. 

Aujourd'hui, comble de l'ironie, les pays du Golfe qui ont replanté des tiges prélevées en Irak écrasent le marché mondial des dattes et l'Irak ne parvient plus ni à exporter ni même à concurrencer les fruits importés sur le marché local.

« Comme l'État ne nous soutient pas, la production a baissé et la vente aussi », accuse Kechache.

Aujourd'hui, renchérit Keriz, la tonne de dattes cultivée à Diwaniyah, qui figure parmi les espèces les moins chères, ne rapporte qu'environ 250 euros aux cultivateurs. Une fois empaquetées, ces dattes, mais aussi celles venues d'ailleurs, sont revendues sur les marchés mondiaux à environ 3 000 euros la tonne.

Pour les arboriculteurs, ce qu'il faudrait, c'est relancer les usines d'État, rendues hors d'usage par quarante années de conflits et de pillage. À l'époque de Saddam Hussein, elles produisaient en masse et les slogans de leurs campagnes publicitaires à la télévision d'État sont encore dans toutes les têtes.

Ce serait peut-être, disent-ils, une des solutions à la crise économique sans précédent qui a fait doubler cette année le taux de pauvreté en Irak.

Abbas Abboud, lui, se soucie peu des marchés mondiaux. Ce qui l'intéresse, c'est de grimper, puis de redescendre sain et sauf.

Car « grimpeur de palmiers » est un métier dangereux. Abbas Abboud l'a appris à ses dépens : l'an dernier, son père est mort en tombant d'un palmier.


Rami Al-Ali intègre la haute couture à Paris

Travaillant avec une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le designer a exploré les volumes, les textures et les structures avec une approche architecturale distincte. (Getty Images)
Travaillant avec une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le designer a exploré les volumes, les textures et les structures avec une approche architecturale distincte. (Getty Images)
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  • Le designer syrien Rami Al-Ali est entré dans l’histoire cette semaine en devenant le premier couturier de son pays à figurer au calendrier officiel de la haute couture à Paris
  • Originaire de Damas, Rami Al-Ali a perfectionné son art à Dubaï et à Beyrouth, avant de fonder sa marque éponyme en 2001

DUBAÏ : Le designer syrien Rami Al-Ali est entré dans l’histoire cette semaine en devenant le premier couturier de son pays à figurer au calendrier officiel de la haute couture à Paris, étouffant ses larmes à la fin d’un défilé de pièces délicatement taillées.

Travaillant dans une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le créateur a exploré le volume, la texture et la structure avec une approche architecturale affirmée.
Les silhouettes structurées, aux coupes asymétriques, étaient adoucies par des drapés élégants ou des ornements délicats.

Les robes longues en organza et mousseline de soie jouaient sur la fluidité, avec une transparence subtile leur conférant une qualité éthérée. Broderies à la main, tulle plissé et smocks complexes ont ajouté profondeur et intérêt visuel à l’ensemble.

Plusieurs modèles comportaient des détails tissés ou en treillis, que ce soit sur des panneaux entiers ou en touches décoratives, mettant en valeur la virtuosité artisanale. D'autres créations remarquables exploraient des volumes sculpturaux : une robe s’ouvrait en plis façon éventail, une autre adoptait des couches en cascade.

L’entrée d’Al-Ali dans le calendrier parisien marque une étape majeure, signifiant son accession au cercle le plus élitiste de la mode. Pour obtenir la désignation officielle de « haute couture », les maisons doivent satisfaire à des critères stricts, définis par la loi française.

« Une étape historique, célébrant le dévouement de toute une vie à l’artisanat, à la culture et à l’expression créative, enracinée dans l’héritage et portée par une vision », a posté la maison de couture sur Instagram à l’annonce de sa participation.

Originaire de Damas, Rami Al-Ali a perfectionné son art à Dubaï et à Beyrouth, avant de fonder sa marque éponyme en 2001.

Ses créations ont séduit de nombreuses célébrités, parmi lesquelles Amal Clooney, Eva Longoria, Jennifer Lopez ou encore Jessica Chastain.

Son travail est salué pour sa capacité à fusionner les influences moyen-orientales et occidentales : des silhouettes fluides enrichies de détails ludiques et raffinés, entre tradition et modernité.

Al-Ali rejoint ainsi un cercle restreint de créateurs arabes figurant au calendrier officiel, aux côtés de Georges Hobeika, Elie Saab, Zuhair Murad et Mohammed Ashi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le premier sac Birkin d'Hermès vendu près de 8,6 millions d'euros à Paris

(AFP)
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  • Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros
  • Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde

PARIS: Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros frais inclus, a indiqué la maison d'enchères Sotheby's.

Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde.

Jusqu'à présent, le sac le plus cher jamais vendu aux enchères était un Kelly Hermès en crocodile, serti de diamants et rehaussé d'or blanc, ajdugé à plus de 513.000 dollars (438.000 euros), selon Sotheby's.

Ce "prototype historique réalisé à la main", gravé des initiales J.B., se distingue par plusieurs particularités qui en font une pièce unique, notamment sa taille, ses anneaux métalliques fermés, sa bandoulière non-détachable ou encore la présence d'un coupe-ongles intégré. Des traces d'autocollants sont aussi visibles sur le cuir patiné.

Icône de mode au look effortless chic (presque sans effort, ndlr), Jane Birkin privilégiait le côté pratique des choses.

Lors d'un vol Paris-Londres, la chanteuse et actrice anglaise, décédée en 2023, se plaint à son voisin de ne pas trouver un sac adapté à ses besoins de jeune maman.

Ce dernier n'est autre que Jean-Louis Dumas, gérant d'Hermès de l'époque. Un fourre-tout avec un espace dédié aux biberons voit ainsi le jour en 1984 et porte le nom Birkin.

Quarante ans plus tard, ce sac à main en cuir est devenu le produit emblématique du sellier-maroquinier. Produit en très petite quantité, il cultive une image d'exclusivité, avec un prix pouvant varier grandement, de quelques milliers d'euros pour les modèles les plus simples, jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros pour les plus luxueux.

Outre le sac Birkin, la vente "Fashion Icons" de Sotheby's proposait des pièces emblématiques issues de défilés de créateurs tels que Christian Dior, John Galliano, Thierry Mugler ou encore Alexander McQueen.


Le musée de Djeddah expose 1 000 objets rares retraçant l’histoire de l'islam

La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
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  • La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle)
  • La deuxième galerie met en lumière le travail des métaux islamiques, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien

DJEDDAH : La Maison des Arts Islamiques, le premier musée du Royaume entièrement dédié à l’art islamique, abrite une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique.

Situé dans le parc de Djeddah, le musée expose plus de 1 000 objets qui donnent un aperçu des valeurs islamiques et du patrimoine culturel et historique de la région, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Le musée comprend six galeries, chacune explorant une facette distincte du patrimoine islamique.

La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle), mettant en valeur la poterie, un artisanat de l'Antiquité qui a connu un développement majeur sous l'impulsion des artisans musulmans.

La deuxième galerie met en lumière le travail du métal islamique, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien.

La troisième galerie présente 500 pièces de monnaie de l'époque du prophète Mahomet à l'époque moderne, offrant un aperçu de l'histoire économique du monde musulman.

La quatrième galerie se concentre sur l'influence de l'art islamique sur les autres civilisations et sur la manière dont les cultures européennes se sont engagées dans les traditions artistiques islamiques.

La cinquième galerie présente des manuscrits coraniques rares, des pièces de calligraphie arabe et des tablettes de bois utilisées pour la mémorisation du Coran.

La dernière galerie présente des textiles islamiques, notamment des pièces provenant des revêtements intérieurs et extérieurs de la sainte Kaaba et un rare rideau de la porte Shammi de la mosquée du Prophète à Médine, fabriqué à l'époque ottomane au XIIIe siècle de l'ère chrétienne.

La visite du musée s'achève à la bibliothèque, qui propose une large sélection de livres en arabe et en anglais sur l'histoire, la culture et la littérature islamiques.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com