Climat, énergie: Après le sombre tableau, l'exécutif veut rassurer avec de premières mesures

La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 août 2022

Climat, énergie: Après le sombre tableau, l'exécutif veut rassurer avec de premières mesures

  • L'exécutif marche sur des œufs après un été tourmenté par les canicules
  • «Sobriété choisie plutôt que rationnement subi»

PARIS: Place aux décisions concrètes : après les sombres avertissements d'Emmanuel Macron sur l'automne et l'hiver à venir, Elisabeth Borne a annoncé samedi de premières mesures pour répondre aux crises énergétique et climatique, avant de sonner lundi devant le Medef la mobilisation générale en matière d'économies d'énergie.

L'exécutif marche sur des œufs après un été tourmenté par les canicules et la flambée des prix générée par la guerre en Ukraine qui se prolonge.

Lors du Conseil des ministres de rentrée, mercredi, le chef de l'État a planté le décor en adoptant un ton sombre qui tranchait avec l'optimisme cultivé depuis son arrivée à l'Élysée en 2017.

Face à la "série de crises graves" - du conflit en Ukraine au dérèglement climatique -, il a évoqué "la fin de l'abondance" et "la fin de l'insouciance", qui vont rendre nécessaires "des efforts", voire "des sacrifices".

"Il ne s'agit pas de promettre du sang et des larmes, mais c'est important que chacun soit conscient de la gravité du moment", a abondé Elisabeth Borne, samedi, dans Le Parisien.

«Mobilisation générale»

Soucieuse d'afficher un exécutif à la manœuvre, la Première ministre a présenté de premières mesures samedi, dont le déblocage d'un "fonds vert" doté d'1,5 milliard d'euros et destiné aux collectivités locales pour "les aider dans l'accélération de leur transition écologique".

La cheffe du gouvernement a également promis que l'exécutif allait amortir "les hausses" des prix de l'énergie après la fin du bouclier tarifaire en décembre, grâce à des "dispositions spécifiques" pour les "plus fragiles".

"Ce qui se passera en France n'est pas ce qui se passe en Angleterre où le prix de l'énergie augmente d'un seul coup de 80%", a insisté dimanche le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

Lundi, devant le Medef, Mme Borne doit également appeler les entreprises et les particuliers à la "mobilisation générale" en matière de sobriété énergétique, afin que leur consommation baisse de 10%, avant d'en faire le bilan fin septembre-début octobre.

"Sobriété choisie plutôt que rationnement subi", résume Matignon.

Si Elisabeth Borne ne reviendra pas devant les patrons sur la taxation des "superprofits", à laquelle elle ne ferme pas la porte, elle incitera à nouveau les entrepreneurs à baisser les prix ou à donner du pouvoir d'achat à leurs salariés en utilisant à plein les dispositifs existants. Elle doit également évoquer les réformes envisagées autour de l'assurance chômage.

Le message "est de dire aux entreprises : si vous ne tenez pas votre rôle au service du pouvoir d'achat des Français et des salariés, l'État prendra ses responsabilités" sur les superprofits, a fait valoir dimanche M. Véran.

Poussée par la gauche, qui envisage d'organiser un référendum d'initiative partagée sur la question, la taxation des "superprofits" fait débat au sein de la majorité.

Samedi, Mme Borne a aussi jugé "indispensable" que les "plus favorisés" donnent l'exemple, tels que les propriétaires de jets privés.

«Peur»

Ces dossiers seront également au menu du séminaire de rentrée qui rassemblera mercredi l'ensemble des ministres à l'Élysée.

Sur ce sujet comme sur d'autres, alors qu'il ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée, Emmanuel Macron espère bâtir un consensus en lançant le 8 septembre le Conseil national de la refondation, une instance déjà controversée qui doit réunir élus, acteurs de terrain et société civile.

Mais les oppositions, qui ont fait leur rentrée ce week-end, doutent de sa capacité à relever ces défis alors que son bilan environnemental est jugé très insuffisant.

"Tout ce qu'il propose est trop timide", dénonce l'écologiste Julien Bayou.

Depuis la Drôme, dimanche, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a fustigé le pessimisme de M. Macron : "Nous ne partageons pas cette méthode lamentable qui consiste à jouer sur la peur, car la peur tétanise".

De son côté, la droite s'alarme de l'aggravation de l'état des finances publiques tandis que le Rassemblement national donne la priorité à la défense du pouvoir d'achat.

Dans ce contexte, Élisabeth Borne n'a pas exclu de faire adopter le budget en recourant cet automne à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, mais engage la responsabilité du gouvernement. Car "les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme", a-t-elle fait valoir.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
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  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

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  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
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  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".