Des affrontements en Libye agitent le spectre d'une nouvelle guerre

De la fumée s'élève dans le ciel après des heurts à Tripoli, en Libye, le 27 août 2022 (Photo, Reuters).
De la fumée s'élève dans le ciel après des heurts à Tripoli, en Libye, le 27 août 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 28 août 2022

Des affrontements en Libye agitent le spectre d'une nouvelle guerre

  • Le ministère de la Santé à Tripoli a recensé 13 morts et 95 blessés dans les combats
  • Six hôpitaux ont été touchés et les ambulances ne sont pas parvenues à rejoindre les zones touchées par les affrontements

TRIPOLI: Les affrontements entre les partisans des gouvernements rivaux de la Libye ont tué au moins 13 personnes et endommagé six hôpitaux à Tripoli samedi, suscitant la crainte qu'une crise politique ne se transforme en un nouveau conflit armé de grande ampleur.

Des tirs d'armes légères et des explosions ont secoué plusieurs quartiers de la capitale dans la nuit de samedi à dimanche, alors que la fumée s'élevait des bâtiments touchés.

Un correspondant d'AFP a aperçu des dizaines de voitures calcinées et de bâtiments criblés d'impacts de balles ou incendiés. Il a indiqué que les affrontements se poursuivaient dans la soirée de samedi.

Le ministère de la Santé à Tripoli a recensé 13 morts et 95 blessés dans les combats.

Six hôpitaux ont été touchés et les ambulances n'ont pas pu atteindre les zones de combat, avait indiqué plus tôt le ministère, condamnant les «crimes de guerre».

Les deux administrations rivales – l'une établie dans la capitale, l'autre approuvée par un parlement dans l'est du pays – qui se disputent le contrôle du pays d'Afrique du Nord et de ses vastes ressources pétrolières, se sont accusées mutuellement.

La mission de l'ONU en Libye a appelé à «un arrêt immédiat des hostilités», évoquant «les affrontements armés en cours, y compris des bombardements aveugles moyens et lourds dans des quartiers peuplés de civils».

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Des explosions ont secoué plusieurs quartiers de la capitale (Photo, AFP).

L'ambassadeur américain en Libye, Richard Norland, a déclaré dans un communiqué que Washington «condamnait» la recrudescence de la violence, appelant à un «cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers entre les parties en conflit, sous l'égide de l'ONU».

L'agence de presse Lana a indiqué que l'acteur Mustafa Baraka avait été tué dans l'un des quartiers touchés par les combats, provoquant colère et deuil sur les réseaux sociaux.

Le Gouvernement d’union nationale d'Abdelhamid Dbeibah a déclaré que les combats avaient éclaté après l'échec des négociations visant à éviter une effusion de sang dans la ville occidentale.

Le gouvernement de Dbeibah, mis en place dans le cadre d'un processus de paix mené par les Nations unies à la suite d'une précédente série de violences, est contesté par un gouvernement rival dirigé par l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha.

Bachagha, qui bénéficie du soutien du Parlement libyen et de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, affirme que le mandat du Gouvernement d'union nationale a expiré.

Mais il n'a pas encore pu prendre ses fonctions à Tripoli, car Dbeibah a insisté pour que le pouvoir ne soit remis qu'à un gouvernement élu.

Le gouvernement de Dbeibah a accusé Bachagha de «mettre à exécution ses menaces» de prendre Tripoli par la force.

Le Gouvernement d'union nationale de Dbeibah a déclaré que des négociations étaient en cours pour «organiser des élections à la fin de l'année afin de résoudre la crise politique», mais que Bachagha s'était «retiré au dernier moment».

Ce dernier a nié la tenue de telles négociations et a accusé l'administration «illégitime» de Dbeibah de «s'accrocher au pouvoir».

Les médias locaux ont rapporté plus tard dans la journée de samedi qu'un groupe de milices pro-Bachagha qui se dirigeait vers la capitale depuis Misrata avait fait demi-tour.

Emadeddin Badi, chargé de mission à l'Atlantic Council, a averti que la situation risquait de dégénérer rapidement.

«La guerre en milieu urbain a sa propre logique, elle est nuisible à la fois aux infrastructures civiles et aux personnes, donc même s'il n'est pas long, ce conflit sera très destructeur», a-t-il analysé pour l'AFP.

Il a ajouté que les combats pourraient renforcer Haftar et ses proches.

«Ils risquent de profiter des divisions de l'ouest de la Libye et d'avoir une meilleure position de négociation une fois que la poussière sera retombée.»

De son côté, Badi a indiqué sur Twitter: «Il n'échappera à personne que le Gouvernement d'union nationale est davantage préoccupé par son enracinement à Tripoli que par la protection de toute circonscription tripolitaine.»

«Il en va de même pour le gouvernement parallèle et ses alliés.

Oussama Ali, porte-parole du service d'ambulances de Tripoli, a déclaré à la télévision Al-Ahrar qu'un nombre inconnu de civils avaient été blessés, mais que son service avait «des difficultés à se déplacer».

Bachagha a été nommé en février par le Parlement, élu en 2014 et basé dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays, mais il n'a pas réussi à imposer son autorité à Tripoli.

Excluant dans un premier temps le recours à la violence, l'ancien ministre de l'Intérieur a depuis laissé entendre qu'il pourrait recourir à la force.

La semaine dernière, il a appelé les «hommes d'honneur libyens» à abandonner leur soutien à l'administration «obsolète et illégitime» de Dbeibah.

Le mois dernier, des affrontements entre groupes rivaux à Tripoli ont fait 16 morts, dont un enfant.

Ces violences dans la capitale libyenne ont été les plus meurtrières depuis la tentative manquée de Haftar de s'emparer de Tripoli par la force en 2019 et 2020.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.