BEYROUTH: Trois années de dévastation économique au Liban ont plongé les enfants dans la pauvreté, affectant leur santé, leur bien-être et leur éducation, anéantissant leurs espoirs et brisant les relations familiales, a révélé un nouveau rapport de l’ONU.
L’Unicef a effectué un bilan rapide au Liban pour évaluer l’impact de la crise de pauvreté de grande ampleur sur la vie des enfants du pays.
Le rapport s’appuie sur une étude menée en septembre dernier – auprès de 1 500 familles ayant au moins un enfant – comprenant des réfugiés syriens et palestiniens, ainsi que des familles libanaises.
Selon l’étude, 84% des ménages libanais manquent d’argent pour couvrir les besoins quotidiens, 38% ont réduit leurs dépenses en matière d’éducation, contre 26% en avril 2021, et 60% ont réduit leurs dépenses sur les traitements de santé, contre 42% en avril 2021.
Le rapport montre également que 70% des foyers couvrent désormais les coûts de l’alimentation en empruntant de l’argent ou en achetant la nourriture à crédit, 36% des gardiens ont révélé être moins tolérants et plus durs avec leurs enfants, ce qui constitue un danger important.
Le rapport a été publié jeudi lors d’une conférence de presse à Beyrouth tenue par le représentant de l’Unicef au Liban, Edouard Beigbeder.
Parallèlement, la Direction générale des forces de sécurité libanaises a annoncé que deux enfants ont subi des violences sans précédent de la part de leurs parents.
Une photo partagée sur les réseaux sociaux montre un bébé âgé de huit mois dont la bouche est couverte de ruban adhésif et dont les mains et jambes sont attachées, provoquant une vague de condamnations.
Un Syrien de 30 ans a été arrêté à Rachaya, au sud-est du Liban, après que sa femme a porté plainte contre lui pour violences sur elle et leur fils. Il aurait avoué, déclarant ne pas pouvoir supporter les pleurs de l’enfant.
Deux jours avant cet incident, les forces de sécurité ont arrêté un Syrien de 37 ans dans la région de Jezzine, au sud du pays, pour avoir physiquement abusé son fils de 13 ans.
Les droits des enfants sont sous menace grandissante au Liban en raison de la crise économique et des répercussions de la pandémie mondiale.
La flambée des prix et le chômage généralisé ont plongé des milliers de familles dans la pauvreté, laissant des enfants dont les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits.
Le rapport de l’Unicef montre également que la crise économique et la perte d’espoir qui s'est ensuivi ont grandement affecté la santé mentale des enfants.
Dans beaucoup de cas, ils sont déçus après avoir perdu confiance en des parents incapables de répondre à leurs besoins fondamentaux. Ceci, en retour, exacerbe les tensions au sein du foyer, selon le rapport.
Il ajoute que la relation traditionnelle parent-enfant est en train d’être détruite, notamment puisque les enfants sont de plus en plus envoyés au travail alors que les adultes sont au chômage.
Selon le rapport, la polarisation entre et au sein des communautés a entrainé une augmentation de la violence dans les foyers et les écoles.
Cette situation a rendu les quartiers et les rues peu sûrs, a limité l’accès des enfants au jeu, et a affecté les filles de façon dramatique, les empêchant de plus en plus de sortir de la maison, par crainte d’être harcelées.
Le représentant de l’Unicef a déclaré que les enfants grandissent sans assez de nourriture et sans des soins de santé adéquats. Dans beaucoup de cas, ils sont forcés à travailler pour soutenir leurs familles.
Beigbeder a ajouté que le problème exigeait une «réponse multidimensionnelle» basée sur le renforcement du système de sécurité sociale au Liban afin d’assurer la protection des droits des enfants vulnérables.
«Cela signifie l’augmentation de l’accès aux services sociaux, le renfort de l’assistance sociale et l’octroi de subventions sociales aux familles les plus vulnérables», a-t-il indiqué.
Pendant ce temps, l’Électricité du Liban a annoncé jeudi être à court de fournitures pour les installations publiques, telles que l’aéroport et le port.
La société a déclaré que la centrale électrique d’Al-Zahrani sera hors service vendredi après avoir manqué de gazole, ce qui entraînera l’arrêt de la production d’énergie dans tout le Liban.
Le gazole à la centrale électrique dans le sud du Liban est presque épuisé, a annoncé la société.
La centrale d’Al-Zahrani est la seule centrale toujours opérationnelle, après l’épuisement du gazole dans la centrale de Deir Ammar au nord.
Le Liban attend toujours de recevoir une livraison de gazole en provenance d’Irak au mois d’août, malgré un accord d’échange entre les deux pays.
Le fournisseur d’électricité n’a pas été informé si une cargaison sera envoyée en septembre.
Les dates probables de l’arrivée de l’électricité de Jordanie et du début de l’extraction du gaz naturel d’Égypte ne sont pas encore connues.
Le financement de ces deux projets n’est pas encore assuré.
Des coupures de courant ont empêché les commissions parlementaires de tenir leurs réunions.
Les entreprises de restauration qui approvisionnent les prisons libanaises ont prévenu le ministre de l’Intérieur intérimaire, Bassam Mawlawi, qu’elles cesseraient leurs services si le financement n’était pas assuré, alors que sept mois d’arriérés de paiement doivent encore être réglés.
«Nous ne pouvons plus assurer les livraisons de nourriture demandées, compte tenu des conditions difficiles dans le pays et des fluctuations continues du taux de change de la livre libanaise», ont déclaré les entreprises.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com