TRIPOLI : L'ONU s'est dit "profondément préoccupée" mardi par une montée des tensions entre rivaux politiques libyens, qui fait craindre une nouvelle guerre civile dans ce pays, appelant à la "désescalade immédiate".
La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) suit, selon un communiqué, "avec une profonde inquiétude les mobilisations militaires et la menace de recourir à la force" dans le but de résoudre une crise de légitimité entre factions rivales.
La Libye a sombré dans le chaos après le soulèvement ayant entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec des pouvoirs rivaux, une myriade de milices armées et des mercenaires étrangers disséminés dans le pays, le tout sur fond d'ingérences étrangères.
La crise s'est aggravée en février dernier lorsque le Parlement siégeant dans l'est a désigné Fathi Bachagha, ancien ministre de l'Intérieur, comme nouveau Premier ministre, alors que le chef de l'exécutif installé à Tripoli (ouest), Abdelhamid Dbeibah, refuse de lui céder le pouvoir.
"Le recours à la force par une partie est inacceptable et ne pourra pas aboutir à (...) la reconnaissance de la communauté internationale", a averti la mission onusienne, appelant les différents rivaux à la "désescalade immédiate".
L'impasse politique et la crise qui secouent la Libye "ne peuvent être résolus par la confrontation armée", a-t-elle martelé.
La mise en garde de l'ONU fait suite à des appels lancés récemment par le gouvernement Bachagha aux "hommes honnêtes de Libye" à ne pas devenir "les soldats des injustes", en allusion au camp Dbeibah dont le gouvernement "est désormais obsolète et illégitime".
"Le gouvernement libyen, sous la direction de Fathi Bachagha, met en garde tous sans exception qu'aucune injustice ou combat ne viseront ceux qui se rangeront du côté de la légitimité", a ajouté M. Bachagha mardi.
Depuis sa désignation par le Parlement, il tente, sans succès, d'entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir, après avoir d'abord écarté l'option militaire.
Les affrontements entre groupes armés fidèles à l'un ou l'autre des Premiers ministres sont devenus récurrents. Le 22 juillet, des combats à Tripoli avaient fait 16 morts dont au moins un enfant, et une cinquantaine de blessés.
Le gouvernement en place à Tripoli est né début 2020 d'un processus politique parrainé par l'ONU, avec comme principale mission l'organisation d'élections législatives et présidentielle initialement prévues en décembre dernier, mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur leur base juridique.