PARIS: Unis dans la Nupes à l'Assemblée nationale, La France insoumise, le Parti socialiste, EELV et les communistes entendent réaffirmer chacun sa singularité et son utilité propre lors de leurs universités de rentrée, organisées séparément à partir de jeudi.
Chaque parti doit en effet, à froid, faire le bilan d'une séquence électorale longue et riche d'enseignements à gauche: la domination à la présidentielle de Jean-Luc Mélenchon (22%) qui relègue les autres partis en dessous de 5%, la création d'une coalition législative en mai qui obtient 150 députés mais échoue à remporter la majorité, la coordination partielle dans l'hémicycle, les divergences qui n'ont pas tardé à ressurgir...
Les universités sont l'occasion pour les partis de se recentrer. Ainsi, les Verts ouvrent leurs Journées d'été (JDE) à Grenoble, jeudi, par une session où ils se réjouiront de "l'écologie de retour à l'Assemblée". Vendredi, ils consacreront une soirée à l'Europe, car "c'est important d'affirmer notre spécificité européenne dans la période", explique l'organisatrice des JDE Marine Tondelier.
« Une vie en dehors de la Nupes »
Le même jour à Blois, le parti à la rose se demandera "ce que le peuple de gauche attend du PS" et le lendemain, "avec qui nous battons-nous ?". En effet la question des alliances aux prochaines échéances électorales s'est invitée au cœur de l'été, avec la proposition du député Insoumis et lieutenant de Jean-Luc Mélenchon Manuel Bompard de reconduire la Nupes pour les élections européennes de 2024.
Les réponses réservées des écologistes, socialistes et communistes montrent que chaque parti cherche à se prémunir du risque d'hégémonie de LFI. "Il y a une vie en dehors de la Nupes", s'exclame Marine Tondelier, même si elle souligne la tenue d'un débat jeudi soir avec des partenaires de la Nupes. "Quand j'ai adhéré aux Verts, on passait notre temps à se définir par rapport au PS, je n'ai pas envie qu'on retombe là-dedans vis-à-vis de la Nupes. On doit s'occuper du mouvement de l'écologie politique", ajoute-t-elle.
Justement, les JDE bruisseront des discussions sur le congrès prévu en décembre, et de la proposition de Marine Tondelier, signée par l'ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot le weekend dernier, de "refonder" EELV en un mouvement plus large.
« Légitimés »
Pour autant, faire vivre la dynamique d'une gauche unie s'impose à chaque organisation, consciente des attentes de victoire de ses électeurs. Tous les partis ont ménagé une place, dans le programme de leur rentrée, aux invitations des autres composantes de la Nupes.
Les Insoumis sont les plus allants, soucieux de demeurer au centre d'une alliance qu'ils ont impulsée. Le meeting traditionnel de Jean-Luc Mélenchon, dimanche à Châteauneuf-sur-Isère près de Valence, inclura ainsi des prises de parole de représentants du PS, du PCF et d'EELV.
LFI aura auparavant tenu une conférence jeudi après-midi sur les tractations ayant abouti à la Nupes, avec la participation des principaux négociateurs d'EELV, du PS et de Générations. Ainsi qu'un échange vendredi après-midi sur les propositions de la Nupes face à l'urgence sociale avec l'éco-féministe Sandrine Rousseau et le socialiste Arthur Delaporte.
Par ailleurs, LFI a amplifié sa politique d'invitation de personnalités de la macronie et de la droite, afin de démontrer qu'elle est la première opposition: la secrétaire d’État chargée de l’Économie solidaire Marlène Schiappa débattra vendredi avec Alexis Corbière sur la République; le ministre délégué aux Transports Clément Beaune le même jour avec Manon Aubry sur l'Union européenne; la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire samedi avec Adrien Quatennens sur le pouvoir d'achat; et l'ancienne ministre de droite Rachida Dati samedi avec Ugo Bernalicis sur la justice.
Des invitations qui n'ont pas plu au sociologue influent dans la gauche radicale Didier Eribon ("Retour à Reims", Fayard): "Ce que (les Insoumis) cherchent hélas, c’est à être reconnus et légitimés par ceux que nous devons combattre. Quelle erreur !"
Quant aux communistes, dont le patron Fabien Roussel s'est tenu à une certaine distance des événements Nupes, ils organisent à Strasbourg un unique débat avec M. Roussel, la députée LFI Aurélie Trouvé et le socialiste Laurent Baumel.