ALGER : La visite du président français Emmanuel Macron, attendue ce jeudi 25 août en Algérie, revêt une signification particulière.
Ce voyage officiel aura lieu après une période de détérioration des relations entre les deux pays, suite aux propos provocateurs du président français sur la mémoire, dans lesquels il niait l'existence d'une nation algérienne avant le colonialisme.
Ce séjour de 72 heures, en plus de porter sur des questions économiques et stratégiques à la lumière de la guerre d'Ukraine, qui a aggravé la crise énergétique en Europe, permettra aux deux nations de continuer les discussions sur le dossier mémoriel.
Il n'est également pas exclu que le dossier de la langue française prenne une part importante dans les échanges entre les deux pays lors de la visite du président français.
Notamment suite à la décision du président algérien Abdelmadjid Tebboune de prioriser la langue anglaise à la langue française dans les établissements scolaires.
En effet, au mois de juin, le chef d’Etat algérien avait demandé l'adoption de la langue anglaise, à partir du stade primaire, l'anglais devenant, la deuxième langue étrangère enseignée au niveau primaire.
Cette redirection n’arrange pas les affaires de la France. La langue de Molière représente pour l'Hexagone une porte d'entrée vers l'Afrique, spécialement à la lumière de la guerre de leadership que se font plusieurs pays sur la côte africaine.
La France reste très sensible à ces enjeux géopolitiques, la langue étant garante de la permanence et de la continuité de ses intérêts en Algérie, afin d'assurer sa présence culturelle et intellectuelle dans le pays.
La France, en plus de tenir à ses privilèges économiques en Algérie, s’évertue à préserver son rayonnement culturel dans la mesure où ses intérêts sont protégés tant qu'elle est culturellement et linguistiquement dominante dans le plus grand pays d’Afrique.
Bien que le rapport à cette langue soit compliqué, l’Algérie reste le troisième pays francophone après la France et la République démocratique du Congo.
À noter que la France a cherché, à maintes reprises, à inclure l'Algérie dans l'Organisation de la Francophonie.
En 2008, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika avait même participé au Sommet de la francophonie de Beyrouth en tant que membre observateur.
Dix ans plus tard, en 2017, le Sénat français avait publié un rapport dans lequel il s'interrogeait sur les raisons de Non-adhésion de l'Algérie à l'Organisation des pays francophones malgré la large diffusion de cette langue.
En ce sens, Paris a toujours cherché, à travers ses institutions en Algérie, à renforcer cette hégémonie, notamment par le biais du Centre culturel français.