PARIS: Des milliers d'enfants atteints d'un handicap intellectuel ou cognitif ne seront scolarisés à la rentrée que "quelques heures par semaine, voire pas du tout", s'est alarmée lundi l'Unapei, l'une des principales associations du secteur.
"Encore une fois", les élèves porteurs de ce type de handicap "sont les invisibles, les oubliés" et "leurs droits sont toujours bafoués", a dénoncé dans un communiqué Luc Gateau, le président de cette fédération regroupant des associations de personnes handicapées mentales et leurs familles.
L'absence de scolarisation, ou une scolarisation inadaptée, a des "conséquences dramatiques" pour les familles, souvent "éreintées", dénonce l'Unapei, qui pour la première fois cette année a souhaité quantifier les manques.
Pour ce faire, elle a constitué un échantillon de 7 949 enfants ou adolescents en situation de handicap accompagnés par ses antennes locales dans toute la France. Sur ce total, 18% "n'ont aucune heure de scolarisation par semaine", 33% entre 0 et 6 heures, 22% entre 6 et 12 heures, et seulement 27% bénéficient d'au moins 12 heures d'enseignement hebdomadaires.
Le gouvernement, de son côté, met en avant la hausse du nombre d'enfants handicapés accueillis à l'école chaque année: ils seront plus de 430 000 en cette rentrée 2022, contre près de 410 000 l'année dernière, selon des chiffres communiqués début août par les ministères de l'Education nationale et des Personnes handicapées.
Ce nombre a "triplé en moins de 15 ans" et ne prend pas en compte quelque 67 000 élèves scolarisés dans des établissements hospitaliers ou des structures spécialisées, comme les instituts médico-éducatifs (IME), souligne-t-on de même source.
A l'école, les dispositifs déployés par le gouvernement le sont "sans s'attacher à la qualité de la scolarisation" qui suppose un temps d'enseignement suffisant et un accompagnement adapté aux besoins de chacun, souligne auprès de l'AFP Sonia Ahehehinnou, la vice-présidente de l'Unapei.
L'Unapei appelle notamment à une meilleure formation des enseignants et à une adaptation des effectifs des classes accueillant des élèves handicapés.
Certaines familles attendent pendant des années une solution satisfaisante, souligne l'association qui cite le cas d'une fillette de 6 ans dont les parents ont longtemps espéré bénéficier d'un service d'accompagnement à domicile (Sessad). Après deux ans de vaine patience, ils n'ont rien obtenu et on les a finalement orientés vers un IME, avec... quatre ans d'attente à la clef. "Nous repartons de zéro", se désolent les parents, cités par l'Unapei.