PARIS: Face au regain de tensions entre la France et la Turquie, Nicolas Baverez, essayiste et avocat français nous donne son opinion sur le leadership et la politique du président turc dans une chronique parue sur Le Figaro.
Depuis son accession au pouvoir, Recep Tayyip Erdoğan, à la tête de son parti « Le Parti de la justice et du développement » ou AKP (en turc : Adalet ve Kalkınma Partisi), a progressivement renforcé son contrôle sur tous les rouages de l’État, en plaçant ses proches dans les postes sensibles et en terrorisant la population dans une dérive totalitaire sans précédent.
Sur le plan international, le président Turc a poursuivi des politiques agressives qui ont causé la déstabilisation de toute la région, surtout en s’engageant dans des guerres en Syrie, en Lybie et au Karabakh (connue aussi sous le nom d’Artsakh).
Le support de la Turquie face à l’extrémisme islamique au détriment des pays sunnites modérés vise à la présenter comme la première force du monde sunnite. En parallèle, la résurgence de la Turquie sur la scène régionale vient dans le cadre de l’effort d’Erdoğan pour reconstituer l’hégémonie de l’empire Ottoman.
De plus en plus, la Turquie se distancie de l’Europe et de l’Otan. L’achat d’équipements militaires russes, le conflit avec la Grèce et Chypre, et les tensions récentes avec le président français, Emmanuel Macron, et la France, viennent renforcer cette nouvelle politique de distanciation.
Par ailleurs, l’islamisation rampante de la société turque devient de plus en plus contradictoire avec l’État républicain et laïc de la France, ce qui semble aggraver l’animosité d’Erdoğan et de la Turquie vers la France en particulier et l’Europe en général.
La Turquie en ce moment subit une crise économique grave, ainsi qu’une pandémie de Covid-19 qui a engendré une crise sanitaire. Ces conditions difficiles poussent Erdoğan a encore plus de radicalisme dans ses positions, dans un effort pour masquer ses problèmes et distraire la population de ses problèmes quotidiens sur le terrain national.
Le poids géopolitique de la Turquie est loin d’être négligeable. Les pays européens ont poursuivi jusqu’à présent une politique conciliante avec la Turquie dans une stratégie de « bâton et carotte » dans le but de garder la Turquie dans le giron européen.
Cette politique a été interprétée par Erdoğan comme une faiblesse, le conduisant à augmenter les pressions surtout avec la Grèce et Chypre.
Il est grand temps pour l’Europe de durcir sa position en pratiquant une politique ferme envers la Turquie notamment en prenant certaines actions comme l’arrêt de l’adhésion turque à l’Union européenne, des sanctions contre Erdoğan et ceux qui sont proches de lui, ainsi qu’un soutien européen à la Grèce et Chypre.
Le temps est propice pour limiter l’expansion turque et pour endiguer le mouvement islamiste.
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https://www.lefigaro.fr/vox/monde/nicolas-baverez-il-faut-arreter-recep-tayyip-erdogan-20201101