Hadi Matar, le jeune homme d'origine libanaise qui a déclaré n'avoir lu que deux pages des Versets sataniques, a poignardé Salman Rushdie à dix reprises. Heureusement, Matar n'a pas lu tout le roman (546 pages) ; sinon, il l'aurait poignardé 2 730 fois. C'est ce que nous concluons d'un simple exercice d'arithmétique.
Néanmoins, la question, en fin de compte, n'a rien à voir avec la lecture. Pour cette raison, ceux qui exigent que les ennemis de Rushdie lisent le roman ou "ouvrent un dialogue" avec son livre au lieu d'appeler à son meurtre passent à côté de l'essentiel (comment peut-on avoir un "dialogue" avec un romancier à propos de son roman ?).
Que l'on ait lu ou non son ouvrage, on devrait, selon un certain milieu fanatisé, couper la tête de Salman Rushdie.
Hadi Matar a trouvé sa conversion symbolique en se soumettant aux « réponses » toutes faites de l'ayatollah Khomeini, qui ne s'est pas donné la peine de s'engager dans quoi que ce soit de nouveau, qu'il s'agisse de littérature de fiction ou de vivre dans une société moderne pluraliste.
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