PARIS: Avec la flambée des prix du kérosène et une forte hausse de la demande, les prix des billets d'avion ont augmenté de 43,5% en un an en France, toutes liaisons confondues, selon les derniers chiffres, et la hausse devrait se poursuivre dans les prochaines semaines.
Les tarifs des billets ont même bondi de 54,5% en juillet par rapport à juillet 2021 sur les moyen-courriers en partance de France pour des destinations européennes, très prisées cet été, selon l'indice des prix du transport aérien, mis à jour chaque mois par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
L'augmentation est moins importante pour les long-courriers internationaux, en hausse de 28,8% en un an, liaisons encore affectées par certaines restrictions de circulation liées à la situation sanitaire, comme vers l'Asie.
Les voyagistes confirment de leur côté cette tendance à la hausse des prix.
"Il y a une augmentation mécanique liée à la hausse du pétrole et à l'inflation. Et puis il y a un phénomène plus récent: les réservations tardives. Plus la réservation est tardive et plus le billet est cher. Or, la tendance de cet été a été de ne pas anticiper les vacances", résume auprès de l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage.
Cette tendance inflationniste (+19,3% depuis le début de l'année), s'explique d'abord par la hausse des cours du pétrole, qui s'est accélérée avec la guerre en Ukraine, souligne Marc Ivaldi, spécialiste du transport aérien de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Toulouse (EHESS).
"L'augmentation des prix du pétrole et du kérosène a impacté directement le prix des billets", explique-t-il à l'AFP.
Cette progression répond également au besoin des compagnies de "rétablir leurs comptes et d'augmenter leurs marges", ajoute Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations des usagers des transports (Fnaut).
"La flambée des prix est pérenne, aussi bien pour les compagnies low-cost que les compagnies classiques", constate-t-il.
"C'est d'ailleurs beaucoup plus important que pour la voiture et pour le train".
La fin des billets bradés
Mais l'envolée des prix s'explique aussi par le déséquilibre entre la forte demande de l'été et le manque d'offres sur les destinations phares, vers lesquelles les compagnies ne font pas voler assez d'avions.
"La pandémie passée, les gens ont massivement voulu reprendre leurs habitudes de voyages. Mais face à une pénurie de personnel dans les aéroports et à bord des avions, certaines compagnies, dans l'incapacité de répondre à la demande, ont supprimé des vols, faisant grimper les prix", analyse M. Ivaldi.
La fréquentation des deux grands aéroports parisiens Paris-Charles-de-Gaulle et Paris-Orly a retrouvé en juillet 86,3% du niveau de juillet 2019, soit 9,1 millions de passagers.
De nombreuses tensions sont apparues depuis l'ouverture de la haute saison estivale car plusieurs aéroports européens connaissent des dysfonctionnements, entre manque de personnels et mouvements sociaux, provoquant annulations, retards ou pertes de bagages.
Pour l'heure, selon les experts, les hausses de prix devraient encore se poursuivredans les prochaines semaines avant de baisser au début de l'automne. "Cette tendance va a priori se confirmer au moins en août, et dans une moindre mesure en septembre, même si la situation reste très difficile à prédire", assure Marc Ivaldi.
Du côté de Ryanair, compagnie à bas prix, on a d'ores et déjà annoncé début août que l'ère des billets d'avion bradés à 10 euros est, en tout cas, bien révolue.